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Syrie : le régime prépare un assaut sur Palmyre

Syrie

Lien publiée le 24 mars 2016

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

(Le Point) L'armée syrienne se préparait à prendre d'assaut la ville de Palmyre, contrôlée par le groupe État islamique. Une offensive qui prend place alors que Washington cherche à donner un nouvel élan aux pourparlers de paix entre opposition et régime syriens qui s'achèvent jeudi à Genève. Dans le cadre des efforts diplomatiques visant à trouver une issue à ce conflit, le secrétaire d'État américain John Kerry doit rencontrer jeudi à Moscou le président russe Vladimir Poutine pour évoquer avec lui la transition politique en Syrie. Washington souhaite que le président Bachar el-Assad, dont le Kremlin est l'allié, n'ait « plus le pouvoir ».

Dans le centre du pays, les troupes loyalistes, appuyées par l'aviation russe, se trouvaient « à 800 mètres de Palmyre », aux mains de l'EI depuis près d'un an, selon une source de sécurité syrienne. « L'armée se prépare à commencer la bataille de la libération de la ville », a dit cette source mercredi à l'AFP.

Selon elle et l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), des forces pro-régime ont pris le contrôle du « triangle de Palmyre », une région au sud-ouest de Palmyre qui relie la ville à la fois à Damas et à Homs, troisième ville du pays. Ce faisant, elles ont coupé une des principales routes d'approvisionnement de l'EI vers Palmyre. « Il ne leur reste qu'une route d'approvisionnement, du côté est », a indiqué la source de sécurité.

Depuis la prise en mai de la « Perle du désert », l'EI a détruit de nombreux trésors archéologiques de sa cité antique classée au patrimoine mondial de l'humanité. La reprise de cette ville permettrait au régime de progresser plus à l'est dans le désert syrien vers la frontière avec l'Irak, contrôlée par les djihadistes, auxquels la trêve des combats en Syrie décrétée le 27 février ne s'applique pas.

Le sort d'el-Assad

À Genève, les pourparlers indirects entre opposition et régime syriens entamés il y a dix jours sous l'égide de l'ONU doivent s'achever jeudi et les regards se tourner vers Moscou, où John Kerry doit discuter avec Vladimir Poutine. Bien que parrains de la trêve et du processus de paix, les États-Unis et la Russie s'opposent sur la question du départ d'Assad, cruciale dans le cadre du règlement d'un conflit qui a déjà fait plus de 270 000 morts et des millions de réfugiés.

« Ce que nous cherchons, et ce que nous avons cherché pendant très longtemps, c'est comment arriver à une situation où Assad n'aurait plus le pouvoir », a déclaré un haut responsable américain. Pour Washington, le départ du président syrien est une condition pour que les négociations de paix menées par l'émissaire de l'ONU Staffan de Mistura aboutissent. Mais pour le Kremlin, seuls les électeurs syriens ont le droit de décider du sort d'Assad.

Le Haut Comité des négociations (HCN), qui rassemble les représentants des principaux courants de l'opposition et de la rébellion syriennes, a espéré qu'« un message fort soit envoyé au président Bachar el-Assad à l'issue de ce rendez-vous (à Moscou) : il ne peut pas continuer à paralyser la transition politique que le peuple syrien demande ». M. de Mistura a souhaité recevoir « l'aide de MM. Kerry et Lavrov » qui « ont prouvé dans le passé (...) que, lorsqu'ils partagent les mêmes vues, cela aide énormément le processus », a-t-il ajouté, en référence au cessez-le-feu qui tient depuis fin février.

Se concentrer sur Daech

En intervenant militairement en Syrie fin septembre, la Russie a déjà permis au président Assad de regagner une partie du terrain cédé à ses opposants. Mais l'annonce-surprise il y a une dizaine de jours du retrait d'une grande partie du contingent russe de Syrie a été perçue comme un signal envoyé au régime pour qu'il entre sérieusement dans les négociations à Genève. « Si les Russes laissent tomber Bachar, il s'écroule », estime l'analyste Agnès Levallois, spécialiste du Moyen-Orient. « Sans aide extérieure, le régime n'aura plus les moyens de parader. »

C'est une « fausse lecture », a toutefois déclaré dans un entretien à l'AFP le négociateur en chef du régime, Bachar al-Jaafari, pour qui les grandes puissances n'ont pas à interférer dans les discussions entre Syriens. « Quand nous disons que le dialogue est intersyrien, sans intervention extérieure, cela s'applique aux Russes et aux Américains », a-t-il martelé.

La feuille de route fixée par l'ONU prévoit les pourparlers de Genève aboutissent à la mise en place dans les six mois d'un « organe de transition », censé élaborer une nouvelle Constitution et organiser des élections d'ici 18 mois. La chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini a rencontré mercredi à Genève les représentants du régime syrien et de l'opposition pour les exhorter à faire la paix dans l'intérêt de leur pays et de l'Europe. Pour elle, mettre un terme au conflit syrien permettra alors « de se concentrer sur la lutte contre Daech », le groupe État islamique (EI), qui contrôle de larges pans du territoire irakien et syrien et qui a revendiqué les attentats de mardi en Belgique.

Sur le terrain, le régime de Damas a donné son feu vert pour que de l'aide humanitaire parvienne à davantage de zones assiégées, mais refuse toujours l'accès à deux fiefs rebelles, Douma et Daraya, selon un haut responsable de l'ONU.