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Sur l’économie du Vénézuéla
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
http://www.anti-k.org/2016/07/29/venezuela-la-faillite-du-chavisme/#.V5rxA_ntlBc
http://www.alterecoplus.fr/ JACQUES ADDA -Le 25/07/2016
Caracas. Les files d’attente au supermarché sont devenues le lot quotidien des Vénézuéliens.© CARLOS GARCIA RAWLINS – REUTERS
Trois ans après la mort de son fondateur, Hugo Chávez, arrivé au pouvoir en 1999, la République bolivarienne du Venezuela s’enfonce dans une crise qui n’est plus seulement économique et politique, mais aussi à proprement parler humanitaire. Pour son héritier et successeur, Nicolás Maduro, élu en avril 2013 à la tête du pays au terme d’un scrutin aussi serré que contesté, les années se suivent et se ressemblent : trois ans de pouvoir et trois ans de pénuries, d’émeutes et de répression.
Du lait aux langes pour bébés, du papier toilette aux médicaments en passant par les batteries de voiture, les heures d’attente devant les supermarchés ou le marché noir avec ses prix assassins, voilà le lot quotidien des Vénézuéliens. Un quotidien scandé par les scènes de pillage de magasins, les attaques des convois d’approvisionnement par des gangs organisés qui revendent les produits aumarché noir et une violence de plus en plus ouverte avec un crime en moyenne toutes les deux heures à Caracas. Poussée à bout par la disparition des denrées de base, le rationnement de l’électricité et de l’eau, la population s’en prend désormais ouvertement au pouvoir. Malgré la répression qui s’abat non moins régulièrement sur les manifestants, avec ses cortèges de victimes et d’emprisonnements politiques.
Des infrastructures pétrolières vieillissantes
Qu’un pays doté des plus importantes réserves mondiales de brut – devant l’Arabie Saoudite – ne parvienne pas à nourrir une population de 31 millions d’habitants laisse perplexe. L’effondrement du prix du pétrole, qui a perdu les deux tiers de sa valeur entre la mi-2014 et la fin 2015, met certes à rude épreuve une économie dont les recettes d’exportation proviennent pour 96 % des ventes d’hydrocarbures. Il peut expliquer les tensions sur la balance des paiements et le taux de change. Il peut mettre en danger la capacité du pays à tenir ses engagements financiers internationaux. Mais il n’explique pas que les supermarchés et les pharmacies soient vides.
L’industrie locale, tout comme l’agriculture avant elle, a disparu. L’essentiel de ce qui est consommé est importé
La pénurie généralisée de produits de base révèle ce que les années dorées du boom pétrolier masquaient : l’industrie locale, tout comme l’agriculture avant elle, a disparu. L’essentiel de ce qui est consommé est importé. La pénurie de devises est bien la cause de la pénurie de biens, elle explique les prix aberrants des produits de consommation non subventionnés pour la raison simple qu’il n’existe plus d’alternative locale aux biens importés.
Très affaiblie par la décennie perdue des années 1980 et les plans d’austérité des années 1990, la base industrielle locale n’a pas survécu aux nationalisationsmassives mises en oeuvre dans les années 2000. L’investissement industriel a reculé de 20 % entre 1998 et 2010, alors qu’il était déjà d’un niveau très faible, tandis que les capitaux locaux et étrangers fuyaient le pays. Les produits non pétroliers, qui représentaient un tiers des recettes d’exportation du pays dans les années 1990, sont pratiquement inexistants aujourd’hui. Pire, la richesse pétrolière du pays n’a été ni développée ni entretenue, avec une production en baisse de 25 % en volume par rapport à son niveau de 1998 (voir graphique page 43). Les infrastructures vieillissent et l’effort d’exploration est insuffisant pour empêcher ce déclin de l’extraction.
Une croissance déséquilibrée
Jalousement contrôlée par l’Etat dont elle assure 60 % des revenus, la rente pétrolière a permis de financer les dépenses sociales qui ont cimenté la popularité d’Hugo Chávez. De 22 % du produit intérieur brut (PIB) avant l’arrivée au pouvoir d’Hugo Chávez, la dépense publique primaire de l’Etat (hors charges d’intérêt sur la dette publique) est passée à 37 % en 2011-2012. Encore ces chiffres ne prennent-ils pas en compte les dépenses qui transitent par les comptes opaques de la compagnie publique pétrolière PDVSA, comme la subvention du prix de l’essence et le financement de certains programmes sociaux.
Créées en 2003 sur le conseil de Fidel Castro, les « misiones sociales » ont offert à la population un accès plus large à l’éducation et aux services de santé (à grands renforts de médecins cubains), ainsi qu’à des logements et des produits alimentaires subventionnés. Si l’impact réel de ces programmes n’est pas toujours facile à mesurer, notamment sur la pauvreté, ils ont largement contribué à assurer le soutien des classes populaires au régime et les réélections successives d’Hugo Chávez.
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INTERNATIONAL
Le mauvais choix des taux de change multiples
01/07/2016
En février 2016, le taux de change du bolivar a franchi le cap symbolique de 1 000 bolivars pour un dollar sur le marché noir. A la même époque, les trois taux de change officiels étaient respectivement de 6,3, de 13,5 et de 200 bolivars pour un dollar, selon que la transaction porte sur des denrées de base (produits alimentaires et médicaments), sur des produits manufacturés ou sur des transactions financières autorisées (tels les rapatriements de profits des firmes étrangères opérant dans le pays, comme les compagnies d’aviation).Introduits en 2013, les taux de change multiples ont pour fonction de contenir la surévaluation de la monnaie (qui encourage les achats de devise) tout en limitant les effets de la dévaluation du bolivar sur les prix des produits de base importés. S’ils étaient facturés à un prix de marché, ils deviendraient inabordables. A 5 600 bolivars par mois, le salaire minimum ne permettrait guère de se nourrir si les produits alimentaires devaient être achetés au taux du marché noir ou même à celui des transactions financières.Indissociable d’un strict contrôle des changes, la pratique des taux multiples est problématique du fait des opportunités d’arbitrage qu’elle suscite et de la corruption qu’elle encourage. Pour celui qui a accès aux taux subventionnés à l’importation, la tentation est en effet grande de revendre les devises acquises à un taux 75 à 150 fois plus élevé sur le marché noir. Quitte à produire des fausses factures ou à soudoyer l’administration. Insatiable, la demande de devises pompe les réserves de change existantes, ce qui exacerbe les anticipations de dévaluation et donc en retour la demande de devises. Un cercle vicieux qui encourage la fuite devant la monnaie nationale, prélude à l’hyperinflation.
Le boom de la consommation qui a suivi n’a cependant pas permis d’enclencher une dynamique de croissance durable. Si l’activité s’accélère entre 2004 et 2008, l’investissement productif ne suit pas et ce sont surtout les importations qui explosent : leur volume a été multiplié par quatre. Tant que la manne pétrolière augmentait avec le prix du brut, le caractère déséquilibré du régime de croissance n’avait cependant pas d’incidence sur les équilibres financiers du pays.
Il n’en va plus de même lorsque la crise globale provoque fin 2008 un premier krachdu prix du brut. Certes, ce dernier rebondit par la suite avant de se stabiliser à un niveau encore élevé (70, puis 100 dollars), mais les recettes publiques, qui chutent de dix points de PIB en 2009-2010, ne retrouveront plus ensuite leur niveau d’avant-crise. D’abord, parce que faute d’investissement, l’extraction de pétrole décline. Ensuite, parce que pour contenir la hausse des prix des produits de consommation, quasiment tous importés, le gouvernement tarde à dévaluer la monnaie, ce qui réduit la valeur en monnaie locale de la rente pétrolière. Le résultat est que ledéficit public s’envole à 9 % du PIB en 2010-2011 et à 14 % en 2012, alors même que le prix du pétrole est revenu à 100 dollars le baril.
Les comptes publics à la dérive
Avec une inflation de 30 % à l’époque, l’érosion du pouvoir d’achat de la rente pétrolière en monnaie locale ne pouvait que déséquilibrer les finances publiques. D’un autre côté, unedévaluation conséquente était politiquement difficile à assumer vu ses répercussions sur les prix à la consommation et donc sur le pouvoir d’achat de la population. Pour concilier ces deux exigences contraires, l’administration Chávez a introduit en 2010 un système de changes multiples, avec un taux de change bas (surévalué) pour les importations deproduits de base et un taux élevé (plus réaliste) pour les autres biens (voir encadré), ce qui revenait à dévaluer partiellement la monnaie. Cette politique a bien permis un redressement des revenus fiscaux, mais elle n’a pas suffi à endiguer la dérive des comptes publics.
Venezuela : production de pétrole (base 100 = 1998) et part dans les réserves mondiales prouvées en 2015 (en %)
A l’approche de l’élection présidentielle de 2012, le gouvernement a préféré dépenser le surcroît de recettes fiscales, plutôt qu’assainir les finances publiques, maintenant le déficitau-dessus de 10 % du PIB. Un déficit financé par des ventes d’actifs internationaux telles les raffineries détenues par PDVSA à l’étranger, le détournement budgétaire des réserves en devises de la banque centrale et l’émission monétaire. Auxquels s’ajoutent les prêts consentis par la Chine, repayés en pétrole bon marché (tout comme l’aide médicale cubaine), qui ponctionnent d’autant la valeur de la rente pétrolière.
Venezuela : variation du PIB par habitant à prix constants (1998-2016)
Une fois Chávez réélu en octobre 2012, cette politique de fuite en avant était sanctionnée en février 2013 par une seconde dévaluation de 50 % du taux officiel du bolivar. La création d’un troisième taux de change accentuait encore le choc : trente fois plus élevé que le nouveau taux officiel, il concerne toutes les autres opérations autorisées en devises. Dès lors, et malgré les menaces d’expropriation des entreprises qui oseraient relever leurs prix, la spirale hyperinflationniste s’enclenchait : 60 % d’inflation en 2013, 180 % en 2015 et 720 % (18 % par mois) prévus en 2016.
L’économie entre en récession en 2014, avant même la plongée du prix du baril
Sous l’effet de l’effondrement des salaires réels, l’économie entre enrécession en 2014, avant même la plongée du prix du baril, qui va transformer la récession en dépression : le PIB recule en effet de 15 % sur 2014-2016. Fin 2015, le PIB par habitant était revenu à son niveau de 1998 (voir graphique). Tombée à 35 milliards de dollars, la valeur des exportations pétrolières ne représentait plus qu’un quart de la dette publique officielle (128 milliards de dollars), sans compter la dette de PDVSA, qui s’élève à 46 milliards. Les exportations de pétrole permettaient tout juste de faire face aux échéances financières internationales du pays en 2016.
Au bord de la faillite financière, battue aux élections parlementaires de décembre 2015, l’administration de Nicolás Maduro a opté pour la fuite en avant sur le plan politique comme sur le plan économique. Refusant de reconnaître sa défaite, le président a choisi de contourner le pouvoir législatif, gouvernant par décrets, bloquant toute tentative de réforme et les initiatives légales de référendum lancées par l’opposition. Le tout grâce à l’obstructionnisme délibéré d’une Cour suprême composée de juges choisis par l’exécutif et donc acquis à sa cause. En mai 2016, face à la pression de la rue, Maduro proclamait l’état d’urgence sans l’accord du Parlement, pourtant requis par la Constitution, rompant les derniers liens qui rattachent le pays à un Etat de droit.
JACQUES ADDA
POUR EN SAVOIR PLUS:
« The Impact of the Decline in Oil Prices on Venezuela », par Francisco Monaldi, Center on Global Energy Policy, Sipa-Columbia University, septembre 2015. Accessible sur https://lc.cx/4H7g
« Venezuela : Unnatural Disaster », Crisis Group Latin America Briefing n° 33, 30 juillet 2015. Accessible sur https://lc.cx/4H7M