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Espagne : les cinq tâches qui attendent le gouvernement Rajoy II
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Trouver 5,5 milliards d'économies l'an prochain, un compromis avec la Catalogne, lutter contre la corruption et réformer le marché du travail et les retraites. C'est le menu du nouveau gouvernement espagnol.
Enfin investi après 315 jours de crise politique, Mariano Rajoy, désormais président du gouvernement espagnol de plein exercice, va devoir faire face à plusieurs tâches urgentes. Et délicate pour son gouvernement minoritaire et fragile.
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Le budget
La première tâche sera celle de faire voter un budget 2017 acceptable par la Commission européenne. Le 15 octobre, le gouvernement intérimaire a envoyé son projet de budget à Bruxelles. Il prévoit un déficit l'an prochain de 3,6 % du PIB. Or, en juillet, la Commission avait renoncé à sanctionner l'Espagne pour ses dérapages futurs si le pays s'engageait sur une trajectoire budgétaire fixée. Madrid affirme que le décalage s'explique par la crise politique qui a empêché de faire adopter des collectifs budgétaires en 2016. Mais Bruxelles devrait se montrer inflexible. La Commission a déjà envoyé une lettre au ministre des Finances Luis de Guindos pour lui signifier qu'il fallait réaliser des économies de 5,5 milliards d'euros, soit 0,5 % du PIB l'an prochain.
Cet effort sera très douloureux. Dans son pacte avec Ciudadanos, le PP s'est certes engagé à réduire sur la législature, les dépenses de l'administration d'un milliard d'euros, mais ce ne sera pas suffisant pour l'an prochain. Il faudra ou augmenter les impôts et taxes ou réduire les dépenses sociales. Or, le PP a promis de ne pas baisser les impôts, et même plutôt de les alléger par l'amnistie fiscale et la suppression de l'impôt foncier et, dans le pacte avec Ciudadanos, il s'est engagé à revenir sur les baisses des budgets sociaux.
L'équation semble donc insoluble, à moins de revenir à l'austérité alors même que la croissance, qui reste soutenue, risque l'an prochain, de se ralentir ou d'ignorer Bruxelles. En tout cas, trouver ces 5,5 milliards d'euros sera d'autant plus un casse-tête qu'il faudra compter avec les Socialistes, dont l'appui ou l'abstention sera nécessaire pour faire adopter le budget. Ceci dit, cette discussion sera aussi difficile pour le PSOE qui sera tiraillé entre son engagement européen et la nécessité d'insister sur son profil « social ».
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La Catalogne
L'autre grand dossier qui attend Mariano Rajoy, c'est le processus indépendantiste catalan désormais pleinement lancé par le président de la Generalitat, le gouvernement catalan, Carles Puigdemont. Ce dernier a annoncé en septembre qu'il demanderait un accord à Madrid pour pouvoir organiser un référendum d'autodétermination reconnu par le gouvernement central, faute de quoi il passerait au référendum unilatéral en septembre prochain.
Mariano Rajoy ne peut accepter, par conviction et par accord avec Ciudadanos et une grande partie des Socialistes, un référendum en Catalogne. Mais le PP commence à comprendre que la seule réponse judiciaire au processus catalan mène à une impasse et est contre-productif. Pour ne pas être jugé responsable d'un rapport de force, Mariano Rajoy a annoncé jeudi qu'il était ouvert à « faire quelque chose de concret et d'utile qui puisse régler le problème catalan ».
Il a ainsi proposé une réforme du financement de l'ensemble de la solidarité nationale. Ce serait une façon de « fermer » le problème institutionnel et d'en finir avec la décentralisation. Mais Barcelone ne semble pas ne mesure de pouvoir accepter une telle proposition. Les Indépendantistes catalans ont désormais centré leur discours sur le référendum et le financement n'est plus le problème central. De plus, le modèle pour eux reste celui du Pays Basque et de la Navarre, où les communautés autonomes disposent d'une large autonomie fiscale, ne remboursant à Madrid que le coût des services « nationaux ». Un système où la Catalogne reste intégrée à la péréquation du reste de l'Espagne ne semble pas pouvoir régler le problème. Carles Puigdemont a, du reste, refusé de se rendre à la réunion des présidents de Communautés autonomes prévue en novembre sur le sujet.
L'affaire catalane risque donc de monter en puissance dans les mois à venir. A priori, politiquement, elle est favorable à Mariano Rajoy qui peut mettre en garde Ciudadanos et PSOE, deux partis unionistes, sur le danger d'un nouveau vide politique à Madrid face aux Indépendantistes.
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La corruption
Jeudi, le président de Ciudadanos Albert Rivera a mis en garde Mariano Rajoy sur la « vigilance » dont son gouvernement sera l'objet, notamment sur la corruption. Les affaires, il est vrai, se sont multipliées autour du PP ces dernières années. Le président du gouvernement devra faire preuve de sa capacité à « faire le ménage ». Il devra donc améliorer la transparence et la séparation des pouvoirs, notamment entre l'exécutif et le judiciaire. Ce sera une tâche délicate, mais cruciale pour Ciudadanos, parti qui se présente comme celui du renouveau et qui ne pourra longtemps tolérer de n'être que le faire-valoir parlementaire du PP dans sa forme actuelle.
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La réforme du marché du travail
Les réformes de ces dernières années ne peuvent pas être considérées comme des succès absolus et sont très contestées. Dans son pacte avec Ciudadanos, le PP a accepté de réduire le nombre de contrats à trois, tout en introduisant une forme de « flex-sécurité » : moins de contraintes au licenciement, mais plus de sécurité financière et de services de formation pour le salarié. Mais une telle réforme posera des difficultés de financement sous la pression bruxelloise.
Dans l'immédiat, l'urgence sera d'adapter la loi à la décision de la cour de justice européenne d'obliger les employeurs à payer aux intérimaires les mêmes indemnités de licenciements que celles qui sont versées aux non-intérimaires. Les négociations avec les syndicats s'annoncent difficiles.
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Les retraites
Une réforme des retraites devrait devenir nécessaire en 2017. La question fera l'objet de longue discussion au Congrès, mais on évoque déjà un élargissement de la base de calcul des cotisations et l'introduction d'un impôt de financement des retraites, type CSG française. Ceci risque de faire tanguer la majorité parlementaire de Mariano Rajoy.