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Madagascar, "un pays abandonné" menacé de famine
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
http://www.france24.com/fr/20161125-madagascar-sommet-francophonie-crise-alimentaire-politique
Jusqu'à dimanche, Madagascar devient le point de ralliement des pays francophones dont elle accueille le sommet. Un évènement exceptionnel pour le pays, un des plus pauvres au monde, où les crises politiques s'enchaînent et où la famine menace.
Madagascar reçoit jusqu’au dimanche 27 novembre le 16e sommet de la francophonie, un grand raout diplomatique qui concentre plus d’une quarantaine de délégations, de chefs d’État et de gouvernements dans la capitale, Antananarivo. L’événement est exceptionnel pour le pays. Il l’est à plusieurs titres.
D’abord parce que l'île a été exclue pendant cinq ans de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF, qui regroupe 80 membres) qu’elle a réintégrée en 2014. Cette sanction visait à condamner une nouvelle crise politique et institutionnelle majeure qui a ébranlé Madagascar entre 2009, année du coup d’État contre le président Marc Ravalomanana, et 2013. Après cinq années d'impasse politique, le président nouveau Hery Rajaonarimampianina a pris ses fonctions le 25 janvier 2014. Depuis, il fait face à une présidence mouvementée. Des députés ont appelé à sa destitution et le gouvernement a démissionné.
Ce sommet de la francophonie est donc pour Madagascar une forme de réhabilitation sur la scène internationale, dont se réjouit Mamay Rajaobelina, délégué général à la présidence de la République malgache, dans le journal La Croix : "Madagascar a connu des années d’instabilité politique et de difficultés économiques. Beaucoup d’emplois ont été perdus depuis huit ans. Les entreprises textiles ont fermé. Le pays a été oublié de tous les bailleurs de fonds […]. Aujourd’hui, il sort d’une longue période d’isolement".
Plus d'un million de personnes en situation d’insécurité alimentaire
Ensuite parce que les projecteurs médiatiques promettent d’être braqués plusieurs jours sur la grande île où la situation sociale, alimentaire et économique est très critique. Le sud de l’île est menacé par une famine sans précédent. "La situation est extrêmement inquiétante", a constaté la directrice exécutive du Programme alimentaire mondiale (PAM, une agence onusienne) Ertharin Cousin, qui rentre d’une mission sur le terrain.
"La faim et la malnutrition que nous voyons sont le résultat de trois années de récoltes perdues. […] J’ai rencontré des femmes qui m’ont dit qu’elles n’avaient rien pour nourrir leurs bébés, sauf le fruit du cactus rouge planté au bord de la route", relate-t-elle. En tout, 1,4 million de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire dans le sud du pays selon l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) qui, avec le PAM, appelle à un accroissement rapide de l’aide d’urgence pour juguler la crise.
"L’État est en déliquescence"
Madagascar se classe en cinquième position des pays les plus pauvres au monde, selon les critères du Fonds monétaire internationale (FMI). Plus de 90 % de la population vit en-dessous du seuil de pauvreté. Jean-Louis Vivier, avocat de profession, a consacré deux livres sur la situation politique à Madagascar. "C’est un pays abandonné, juge-t-il. Il n’y a aujourd’hui plus de sécurité, plus de justice, plus de système de santé. L’État est en déliquescence. La corruption est endémique. Le pays est très étendu mais les infrastructures routières ne sont vraiment pas en bon état, les communications difficiles. La population n’a pas recours à un service publique digne de ce nom", dépeint-il. Par ailleurs, "Madagascar possède des ressources, comme la vanille ou le bois, mais leurs exploitations ne profitent pas aux habitants mais à des groupes, souvent armés qui en font le commerce".
Dans ce contexte, l’organisation d’un tel sommet a suscité la colère d’habitants. Le mouvement citoyen, "Wake-up Madagascar", né sur les réseaux sociaux, a écrit un courrier à l’OIF pour s’indigner du "budget faramineux" dépensé par le gouvernement pour l'événement et surtout de l’opacité des dépenses. "Une situation inacceptable dans un pays où la transparence de la gestion et de l’administration des deniers publics doivent être priorisés pour lutter efficacement contre la corruption. Ce, en particulier, pour l’organisation d’un sommet qui réunit des nations qui promeuvent démocratie et bonne gouvernance", se désole le mouvement.