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Quelle place pour les partenaires de la "France insoumise" ?
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Le PCF, Ensemble et Front commun ont choisi de soutenir Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle 2017. Reste à définir un "cadre commun" préservant toutes les sensibilités dans une campagne qui s’étendra aux législatives, alors que persistent les tensions.
Le candidat de la France insoumise, crédité de 13% à 15% dans les sondages – toujours en tête de la gauche quel que soit le représentant socialiste – a enregistré le week-end dernier un soutien de poids. Il ne pouvait d’ailleurs pas espérer meilleur ralliement que celui des militants communistes qui se sont opposés à la ligne de leurs dirigeants – ces derniers avaient préféré à 55% une candidature interne au PCF.
Le peuple contre les puissants. Les militants contre les dirigeants. Eux contre nous. Le nouveau moteur de Jean-Luc Mélenchon. « C’est un choix qui reste partagé mais nous avons eu un débat respectueux des avis des uns et des autres », commente Olivier Dartigolles, porte-parole du Parti communiste français. « Il y a une sous-estimation au sein de la gauche de la gravité dans laquelle nous nous trouvons et les communistes ont surtout considéré qu’ils ne devaient pas ajouter un nouveau bulletin de vote », poursuit-il.
Des campagnes multiples ou un rassemblement large ?
De son côté, Jean-Luc Mélenchon a salué cette décision : « [elle] m’honore beaucoup. J’en suis très heureux », a-t-il d’abord réagi sur France 2 dimanche soir, avant d’ajouter : « Mais ils ont pris leur décision par eux-mêmes, sans négociation. Ils m’apportent leur soutien à ma candidature du point de vue de leur propre démarche. Donc ils auront leur campagne autonome et voilà. Tant mieux pour moi ». Une réaction qui n’a pas manqué de surprendre – parfois d’inquiéter – les soutiens à sa candidature. Quelle va être la place des partenaires dans le mouvement de la France Insoumise ? Faut-il comprendre qu’il y aura deux campagnes, voire plusieurs : celle de ceux qui ont rejoint la France Insoumise, celle des communistes, celle des autres partenaires déclarés ? Des campagnes distinctes à l’échelle nationale et locale ?
Ces interrogations reposent sur une ambigüité qui se lit sur toutes les lèvres – y compris parmi les membres du mouvement de Mélenchon : la France Insoumise doit-elle être l’amorce d’une organisation politique pérenne ou bien doit-elle être considérée pour ce qu’elle est, c’est-à-dire comme le cadre politique de la campagne présidentielle ? Pour l’heure, personne n’en sait vraiment rien, mais pour Olivier Dartigolles, il n’y a pas vraiment de doute : « Il n’y a aujourd’hui pas de cadre commun pour mener une campagne comme c’était le cas en 2012 avec le Front de gauche. Ce cadre commun ne peut pas être celui de la France Insoumise. Il y aura donc une campagne autonome du PCF, pour entendre la voix des communistes avec un appel à voter pour Jean-Luc Mélenchon ».
Plusieurs rencontres entre les différentes parties prenantes ont pourtant eu lieu afin de créer les conditions d’un rassemblement large, dans un cadre commun qui porterait la candidature de Jean-Luc Mélenchon. En vain. À l’issue de l’une de ses réunions qui s’est tenue la semaine dernière entre les représentants de la France insoumise et l’appel Front commun, un accord avait pourtant été obtenu sur la place des partenaires dans l’organisation de la campagne. L’idée serait de créer un espace de liaison entre la France Insoumise et les partenaires pour mener « une campagne collective harmonieuse ».
Le souhait d’amender la charte des candidats insoumis
La réponse officielle de la France Insoumise, pour acter l’accord, se fait encore attendre et des discussions internes au mouvement seraient toujours en cours. Une chose est pourtant acquise : Mélenchon n’entend pas dénaturer la fameuse charte politique des candidats insoumis aux législatives, qui a suscité tant de polémiques et commentaires et envisage qu’elle soit respectée par tous (lire "Soutenir ou ne pas soutenir Mélenchon ?->. Optimiste, Patrice Cohen-Seat, ex dirigeant communiste et initiateur de l’appel Front commun, veut croire qu’un accord est possible.
Une seconde rencontre doit avoir lieu prochainement. De son côté, Leila Chaibi, animatrice de l’espace politique de la France insoumise, se veut confiante et rassurante : « Lors de ces rencontres, Front commun nous a proposé des amendements que nous considérons tout à fait acceptables. Il y a une caricature faite sur la charte qui ne correspond pas à notre volonté. Mais nous devons poursuivre nos échanges avec tout le monde ».
S’agissant de la place des partenaires dans le cadre de la France insoumise, Leila Chaibi se montre plus tenace : « On joue sur les mots. Notre souhait c’est d’éviter les erreurs de 2012 où nous avons été rassemblés pour la présidentielle et divisés aux législatives. Aujourd’hui, quand on demande aux partenaires ce à quoi ressemblerait pour eux le cadre idéal, ils désignent ce que nous sommes, c’est-à-dire un espace où toutes les sensibilités sont représentées et s’expriment librement tout en jouant un rôle de conseil important de notre candidat commun, comme c’est le cas avec les communistes insoumis par exemple ». Et de conclure : « Nous devons faire encore plus de pédagogie auprès des partenaires et les convaincre de rejoindre ce cadre. Mais nous ferons tout notre possible pour trouver un terrain d’entente ».
De l’unité aux législatives
Autre source d’inquiétude, l’accélération du calendrier. La désignation des candidats aux législatives doit intervenir à l’occasion des assemblées générales de la France insoumise qui se réuniront dès demain soir dans deux à trois cents circonscriptions sur 577 pour désigner leurs représentants. Alors quid des candidats communistes sortants ? Quid de celles et ceux qui – non ralliés à la France Insoumise – souhaiteraient se porter candidat au titre de la diversité des soutiens à Jean-Luc Mélenchon ?
Pour l’heure, aucune réponse officielle. Olivier Dartigolles se montre d’ailleurs très inquiet : « Mélenchon évoque des candidats Insoumis dans chacune des 577 circonscriptions. Si tout le monde se met à présenter ses candidats, les communistes, Ensemble, les socialistes ou écologistes critiques, on se retrouvera dans une configuration catastrophique. Nous devons créer les meilleures conditions possibles pour obtenir un groupe parlementaire qui permettent l’expression de la diversité de la gauche de transformation sociale ». Même analyse pour Patrice Cohen-Seat : « La raison va l’emporter », veut-il croire. « Je ne peux pas imaginer un instant qu’il y ait 577 duels entre les candidats investis par la France insoumise et d’autres qui auraient soutenu Jean-Luc Mélenchon. Ça serait catastrophique et absurde ».
Pourtant, Leila Chaibi insiste : « On ne peut pas mener 577 campagnes différentes. Il faut de la cohérence. C’est le sens de la France Insoumise, c’est-à-dire un unique cadre à la fois pour la présidentielle et pour les législatives. Cela dit, les AG de demain n’ont rien de définitif. Elles ont d’ailleurs la possibilité de repousser à janvier la désignation des candidats. Et d’ici là, j’espère bien que les autres partenaires seront avec nous ».
Pour donner de la voix à la nécessité de créer un large espace autour de la candidature de Jean-Luc Mélenchon, c’est-à-dire qui dépasse la seule France insoumise, Front commun – qui revendique près de 8.000 signataires – organise une réunion publique ce samedi à Montreuil. Sont attendus des représentants du PCF, du Parti de gauche, d’Ensemble et « peut-être de la France Insoumise », espère Cohen-Seat. Avec l’espoir de faire émerger cet espace commun, cette architecture commune que les soutiens à Jean-Luc Mélenchon appellent plus que jamais de leurs vœux. Et partir au plus vite en campagne, rassemblés. Leila Chaibi assure de son côté que la France insoumise sera représentée ce samedi. Rendez-vous est pris.