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Venezuela: la Cour suprême recule face aux accusations de coup d’Etat

Venezuela

Lien publiée le 2 avril 2017

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://www.anti-k.org/2017/04/01/venezuela-cour-supreme-recule-face-aux-accusations-de-coup-detat/

(Le Monde) La Cour suprême vénézuélienne a renoncé, samedi, à s’attribuer les pouvoirs du Parlement, après le tollé provoqué par sa décision.

Face aux accusations de coup d’Etat, la Cour suprême du Venezuela a, finalement, fait un pas en arrière. Considérée comme favorable au président Nicolas Maduro, la Cour est revenue samedi 1er avril sur sa décision de s’attribuer les pouvoirs du Parlement, contrôlé par l’opposition, à quelques heures de manifestations annoncées comme massives. Elle a également annulé sa décision de conférer au président des pouvoirs élargis qui devaient lui permettre de légiférer en matière de crime organisé et de terrorisme.

Manifestation de l’opposition, samedi 1er avril dans les rues de Caracas.

Le président socialiste semble vouloir lâcher du lest dans son bras de fer avec l’opposition, victorieuse des législatives de fin 2015 et qui réclame son départ. Mais ce recul pourrait ne pas être suffisant pour apaiser la colère de la population.

Deux décisions annulées

Conférence de presse des magistrats de la Cour suprême, samedi 1er avril.

Conférence de presse des magistrats de la Cour suprême, samedi 1er avril. FEDERICO PARRA / AFP

La première décision, publiée sur le site Internet de la Cour, annule celle du 30 mars dans laquelle la Cour avait décidé de s’arroger les pouvoirs du Parlement et de priver les députés de leur immunité. Ce qui avait suscité une vague de réprobation internationale et marqué une escalade dans la crise politique qui agite le pays.

Quant à la décision d’octroi de pouvoirs élargis à Maduro, également annulée, elle avait été prise par la Cour afin de réviser les lois sur le financement du terrorisme et sur la corruption, ainsi que le code pénal et celui de la justice militaire, au moment où ce pays pétrolier traverse une grave crise politique et économique.

L’arrêté initial

Deux décisions de la Cour suprême étaient tombées coup sur coup cette semaine. La première, mercredi, levait l’immunité parlementaire des députés. Dans la deuxième, rendue jeudi, les magistrats de la Cour suprême avaient décidé de dépouiller l’Assemblée nationale – où l’opposition est majoritaire – de tout pouvoir législatif. En résumé, le TSJ s’était accaparé la prérogative du Parlement d’édicter des lois.

L’opposition maintient la pression

L’opposition vénézuélienne avait, dans la foulée de cette mesure, dénoncé un coup d’Etat. Depuis jeudi, des manifestations sporadiques se sont multipliées partout au Venezuela, rapidement dispersées par la police. La Table de l’unité démocratique (MUD) et la coalition électorale de l’opposition appelaient à manifester massivement samedi à Caracas, tandis que l’Assemblée nationale tenait une réunion en plein air, à laquelle participaient plusieurs centaines d’opposants au pouvoir.

Le président de l’Assemblée nationale, Julio Borges, a improvisé une session publique en plein air, sur une place de la capitale, samedi 1er avril.

Le président de l’Assemblée nationale, Julio Borges, a improvisé une session publique en plein air, sur une place de la capitale, samedi 1er avril. FERNANDO LLANO / AP

L’opposition, qui n’a pas digéré que les autorités aient empêché la tenue d’un référendum révocatoire l’an dernier et reporté les élections locales prévues pour 2016, demande que l’élection présidentielle de l’an prochain soit avancée et que les élections locales se tiennent effectivement.

Des critiques en interne

Vendredi, la Cour avait été critiquée pour la première fois dans le camp même de M. Maduro. Une haute responsable, Luisa Ortega, la chef du parquet au niveau national, considérée comme affiliée au camp présidentiel, avait dénoncé une « rupture de l’ordre constitutionnel ».

En poste depuis dix ans, la magistrate était sortie de son devoir de réserve pour dénoncer, dans un discours prononcé à la télévision publique. « J’ai l’obligation d’exprimer ma grave inquiétude pour notre pays », a-t-elle dit.

Pressions de la communauté internationale

Outre les critiques au sein du pays, la pression sur le pouvoir est aussi venue de la communauté internationale, qui s’est inquiétée de la « rupture de l’ordre démocratique ». De l’Union européenne à l’Organisation des Etats américains (OEA), en passant par les Etats-Unis, le Canada, le Brésil, l’Argentine, la Colombie, le Chili, le Guatemala, le Panama ou le Mexique, de nombreux pays ont fermement condamné le « coup d’Etat » au Venezuela, réclamant de « rétablir l’ordre démocratique ». Le Pérou a rappelé son ambassadeur à Caracas.

Une réunion d’urgence a été convoquée par l’Organisation des Etats américains (OEA) lundi à Washington. Son secrétaire général, Luis Almagro, s’est dit favorable à une suspension du Venezuela, mais il est peu probable qu’il réunisse les deux tiers des voix nécessaires.

Outre la profonde crise politique en cours, le Venezuela, qui a connu trois tentatives de coup d’Etat depuis 1992, est frappé par une pénurie qui concerne 68 % des produits de base, et l’inflation y est devenue incontrôlable (1 660 % fin 2017, selon une prévision du FMI).