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"En marche" vers une société "moderne-liquide". La fin du politique ?

Macron

Lien publiée le 27 mai 2017

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Par Jean-Claude Paye - Sociologue et auteur de l’Emprise de l’image (Yves Michel).

Étant donné ses antécédents, l’autodésignation du candidat Macron comme candidat « antisystème » nous a surpris. Elle nous dit cependant quelque chose d’important sur l’évolution de la structure politique de la France. Qu’Emmanuel Macron se sépare du régime des partis politiques comme mode de gouvernance du pays est une évidence. Pourtant, cette prise de distance ne fait pas de lui un candidat antisystème, car le « système » qui se met en place n’est plus celui des partis nationaux, mais bien celui d’une gouvernance politique directe des États nationaux par les acteurs économiques dominants et les structures politiques internationales. Ce positionnement s’inscrit dans une tendance forte, particulièrement visible au sein du Parti socialiste, celle de l’auto-implosion. Elle se vérifie aussi au niveau du parti « les Républicains », même si le processus de décomposition est moins avancé. Il est pourtant bien engagé, comme nous le montre le système des « primaires ». Le candidat d’un parti n’est plus désigné par ses militants, mais peut être élu par tout un chacun, et ainsi par les membres d’un parti concurrent. Ce ne sont plus les organisations politiques qui s’affrontent, mais de simples personnalités, non plus porteuses d’un programme, mais d’une image façonnée par les médias. Le phénomène de la candidature Macron révèle une mutation dans l’exercice du pouvoir d’État, à savoir la fin de toute médiation avec la société civile. Les groupes de pression et les différents lobbies se substituent aux partis dans le procès de décision politique. Autrement dit, la classe économiquement et politiquement dominante devient également la classe régnante, celle qui occupe les devants de la « scène politique », l’espace de la légitimation. La classe dominante gère directement ses intérêts et promotionne ouvertement ses candidats. Le processus de légitimation de cette procédure ne relève plus de la représentation, mais du marketing.

La candidature Macron est ainsi le symptôme d’une société capitaliste avancée, dans laquelle les différents rapports sociaux sont bien transformés en rapports entre choses, entre marchandises. Les divergences exprimées par les différents candidats se réduisent à la concurrence des images. Ainsi, Macron se place hors langage. Il ne nous demande pas d’adhérer à un discours, mais de regarder son image et d’être en fusion avec elle. Il n’y a plus de place pour la politique et la confrontation de points de vue divergents. Macron n’a pas de programme, ce qui signifie que tous les espoirs sont permis pour ses commanditaires, aucune limite n’étant fixée a priori sur leurs futures exigences. Il s’inscrit dans une idéologie de la « société moderne-liquide », telle qu’elle a été saisie par le sociologue Zygmunt Bauman, celle du changement permanent en vue de s’adapter à la fluidité des événements. L’absence de cohérence interne se présente alors positivement comme une possibilité d’adaptabilité constante, une fluidité a priori, préexistante à la conscience des choses, permettant d’intégrer tout changement. Ici, point de résistance ou de préparation d’une alternative, mais une capacité revendiquée d’adaptabilité à toute mutation sociale, quelle qu’elle soit. La fluidité exprimée se reflète dans le nom même de son mouvement, En marche !, une injonction qui ne précise aucunement vers quoi elle se dirige.

Par Jean-Claude Paye Sociologue et auteur de l’Emprise de l’image (Yves Michel)