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En Espagne, des activistes torpillent le tourisme de masse
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Roues de vélo crevées, agences de voyage verrouillées, touristes bousculés... Plusieurs groupes anticapitalistes et indépendantistes catalans ou basques mènent des actions coup de poing pour dénoncer les dérives du tourisme.
A quelques pas du célèbre stade du Camp Nou de Barcelone (Espagne), des touristes profitent de l'architecture de la ville derrière les vitres d'un bus, en cette fin juillet. Au croisement d'une rue, trois hommes encagoulés surgissent et bloquent le véhicule. "Nous nous préparions à voir quelqu'un monter avec un couteau ou une arme", raconte l'un des touristes britanniques installés dans le bus. En réalité, des activistes taguent simplement le pare-brise avec ces mots : "Le tourisme tue les quartiers." La scène, filmée et diffusée sur les réseaux sociaux, ne dure que quelques secondes, mais son retentissement dépasse vite les frontières espagnoles.
Depuis quelques mois, des actes de vandalisme contre des installations touristiques se multiplient en Espagne. Des pneus de vélos de location sont percés, les grilles d'agences de voyage sont verrouillées avec du silicone... Derrière ces actions coup de poing se cachent des militants d'Arran. Un groupe anticapitaliste et indépendantiste catalan, considéré comme le mouvement de jeunesse de la CUP, un parti qui compte dix députés au Parlement catalan. “Il est clair que le tourisme de masse a provoqué de nombreux problèmes : le manque de logements, la destruction de l’environnement et l’augmentation de la précarité des travailleurs”, expliquent ses porte-paroles, Palma, Àngels et Pau Oliver. Pour changer ce système, ils ont décidé de passer à la méthode forte.
Des confettis sur les touristes en terrasse
Une semaine auparavant, à quelques centaines de milles nautiques de Barcelone, d'autre militants d'Arran avaient secoué les professionnels du tourisme. Le 20 juillet, vers 20h30, le soleil inonde les terrasses des restaurants de Palma de Majorque, dans l'archipel des Baléares. Les touristes sont nombreux, attablés autour de paellas et de fruits de mer, quand une vingtaine de jeunes activistes débarquent sur les planches du restaurant Mar de Nudos. Fumigènes dans une main, confettis dans l’autre, ils sèment rapidement la panique, entourés par des serveurs en chemise blanche et cravate noire qui tentent de les contenir. Sur leur pancarte, le message est toujours le même : "Le tourisme tue Majorque". L'action est filmée et ensuite diffusée avec un montage soigné, façon clip musical.
Là encore, les militants justifient leur méthode brutale. "La violence, elle provient des politiques néolibérales qui nous expulsent et nous précarisent, explique Maria Rovira à franceinfo. Nos actions, c'est de l'autodéfense." En pleine saison touristique, les militants ont bien compris que leurs happenings trouvaient une caisse de résonance inédite. "D’autres actions sont en préparation", lâchent les porte-paroles d'Arran, sans donner d’autre précision.
"Le problème, ce n’est pas le tourisme, mais le modèle touristique actuel"
Les militants d'Arran ne sont plus les seuls à mener de telles actions pour dénoncer "l'invasion" des touristes. Le mouvement s'est peu à peu étendu en Espagne. Dans l'ouest du pays, dans la ville de Saint-Sébastien, les activistes de gauche d'Ernai, liés cette fois au mouvement indépendantiste basque, ont tagué les murs des rues du centre-ville avec le mot d'ordre : "Turistas go home" (en français, "Touristes, rentrez chez vous"). Le 17 août, ils appellent aussi à une manifestation dans cette ville de 180 000 habitants qui a accueilli 2 millions de touristes en 2016. Leur slogan : "Votre tourisme, la misère des jeunes." Toujours le tourisme en ligne de mire. Pourquoi ? Parce que "la question touristique représente le problème libéral avec une grande clarté", expliquent les militants d'Ernai.
Face à ces actions, les politiques ont commencé à monter au créneau. "L'Espagne ne peut pas recevoir le touriste à coups de pied", s’est emporté le Premier ministre espagnol, Mariano Rajoy, lundi 7 août. Un mot s’est même imposé dans le débat public : "turismofobia", la "tourismophobie". Mais le terme ne plaît pas du tout aux activistes. "Ce n’est pas de la tourismophobie, c’est de l’anticapitalisme", plaident les militants d’Ernai. "C'est un concept inventé qui tente de dénaturer une lutte complètement légitime", abondent les militants d’Arran.
Nous savons que voyager est une activité humaine qui peut être très enrichissante. Le problème, ce n’est pas le tourisme, mais le modèle touristique actuel.
Les militants d'Arran
"Il faut faire très attention avec la poule aux œufs d'or"
Après de nombreuses condamnations de leurs actions, ces militants tentent de redorer leur blason. "Ces actions de protestation sont légitimes pour créer un débat public, explique Maria Rovira, une militante d'Arran, à franceinfo. De cette manière, nous avons placé ce débat indispensable sur la table." Et pour montrer leur implication, ces activistes font d’ailleurs des propositions précises pour mettre fin aux dérives du tourisme de masse : stopper l’attribution de licences aux hôtels et activités touristiques, augmenter les impôts sur les entreprises touristiques et interdire les sociétés de location d'appartements entre particuliers, notamment Airbnb. Un programme validé par la CUP. Début août, le parti a répété que les actions d'Arran étaient "légitimes" et qu’elle lui "renouvelait" son soutien.
Nous demandons concrètement que l’industrie touristique arrête d’exploiter le territoire à coût zéro, précarisant les travailleurs et expulsant les habitants.
Maria Rovira, militante
Cette stratégie sera-t-elle payante ? "Ils font une grave erreur", analyse dans le Guardian (article en anglais) Santi Vila, conseiller au gouvernement de Catalogne. Selon lui, les actions d'Arran nuisent à l'image de Barcelone et de la Catalogne et "ne vont pas aider la cause de l'indépendance". La droite espagnole a d'ailleurs commencé à utiliser ces actions pour dénoncer, plus largement, les positions politiques de la gauche et des indépendantistes.
Dans un pays qui accueille 75 millions de touristes chaque année, ce qui génère 11% de son PIB, le sujet est plus que sensible. "Il faut faire très attention avec la poule aux œufs d'or", a prévenu sur RTVE (article en espagnol) un député basque, inquiet de voir diminuer cette manne économique. La réponse des militants est déjà toute trouvée : "A ceux qui disent que le tourisme est la principale activité économique du pays, nous leur répondons que c'est précisément le problème, explique Maria Rovira. Nous devons diversifier l'économie et remettre les personnes au centre de nos préoccupations." Quitte à se mettre à dos une bonne partie de la population, pourtant favorable à une modération touristique.




