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Palestine: "Toutes ces sanctions n’ont qu’un seul but, pousser Salah Hamouri à quitter sa patrie"
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Entretien.Salah Hamouri, avocat et militant franco-palestinien, a été arrêté à son domicile de Jérusalem le 23 août dernier. Nous nous sommes entretenus avec son épouse, Elsa Lefort, pour faire le point sur la situation de Salah et sur la mobilisation.
Comment va Salah ?
Depuis son arrestation, le 23 août, je n’ai des nouvelles de Salah que via ses avocats. Il va bien, il a un moral d’acier, déterminé plus que jamais par la justesse de son combat. Il n’a été interrogé qu’une vingtaine de minutes depuis son arrestation. Il est resté une dizaine de jours au centre de détention de Moskobiyeh, à Jérusalem, puis il a été transféré dans la prison située dans le désert du Neguev. Il n’a pu voir ses parents qu’aux audiences ouvertes au public (les dernières étant à huis clos), mais n’a pas eu le droit de parler avec eux.
Quelle est sa situation juridique et administrative ?
Pour le moment, Salah Hamouri est condamné à effectuer les 3 mois restants sur la précédente peine dont il avait écopé. Salah avait été condamné en 2005 et il devait sortir en mars 2012. Il a finalement été libéré le 18 décembre 2011 suite à l’échange de 1 027 prisonniers politiques palestiniens contre le soldat franco-israélien Guilad Shalit. Mardi 5 septembre, le tribunal l’a donc condamné à effectuer ces trois mois, alors qu’il avait quelques jours auparavant condamné Salah à six mois en détention administrative, sur ordre du ministre israélien de la Défense, Avigdor Liberman. Mercredi 6 septembre, le procureur a fait appel de cette décision. Cet appel aura lieu mardi 12 septembre. Nous avons de fortes craintes sur le fait que le tribunal rétablisse la peine de détention administrative. Ce système permet aux autorités israéliennes d’incarcérer des Palestiniens sans charge ni jugement, avec la possibilité de renouveler la peine tous les six mois, sans avoir besoin de fournir d’éléments supplémentaires au dossier.
Comment s’organise le soutien à Salah ?
Depuis son arrestation, le soutien populaire a été assez rapide. Nous avons reçu de nombreux message de soutien, des rassemblements et manifestations sont organisés partout en France. Beaucoup de ces personnes étaient déjà mobilisées lors de la précédente incarcération de Salah. Depuis sa libération, Salah est venu à plusieurs reprises en France, il a rencontré de nombreux militantEs, il est pour certainEs un camarade, un ami. Beaucoup ont été touchés par la nouvelle de son arrestation.
Salah en est informé par ses avocats, et il adresse bien évidemment un chaleureux merci à toutes et tous.
De nombreuses personnes ont partagé et partagent les informations concernant la détention de Salah et l’acharnement des autorités. Un comité de soutien a été créé, réunissant des partis politiques, dont le NPA, des associations, des citoyenEs, des éluEs, des avocatEs, des chercheurEs… Il est important que cette mobilisation grandisse et que l’on interpelle sans relâche le président de la République. Car si la mobilisation populaire est forte et encourageante, la mobilisation diplomatique est toujours timide.
Où en est-on sur le plan diplomatique ?
Le président a le devoir de défendre notre concitoyen, comme il le fait en Turquie aujourd’hui et j’imagine dans n’importe quel autre pays demain. Ce qui s’applique partout dans le monde doit également s’appliquer à Israël.
Salah bénéficie de la protection consulaire, c’est-à-dire que le consulat suit le dossier. Il a reçu la visite du consul et de son adjoint. Le consul adjoint assiste aux audiences, lorsque celles-ci ne sont pas à huis clos.
À Paris, le ministère des Affaires étrangères dit suivre « avec beaucoup d’attention la situation de M. Salah Hammouri » et précise avoir « demandé aux autorités israéliennes de permettre à M. Hammouri de recevoir la visite de son épouse et de leur enfant comme sa famille en a exprimé le souhait ». Cette seconde affirmation est inquiétante, tout d’abord parce qu’elle implique que la France admet que Salah va rester en prison, et qu’elle ne semble pas mobilisée pour que les choses changent. Secondement, cette affirmation est fausse, nous n’avons exigé qu’une chose claire et limpide : la libération de mon mari. Il n’a rien à faire en prison, il est victime d’un véritable acharnement des autorités israéliennes. Elles l’ont déjà emprisonné sept ans et, depuis sa libération, elles ont entravé son droit d’étudier en lui interdisant d’entrer en Cisjordanie, elles m’ont expulsée alors que j’étais enceinte, et m’interdisent toujours de rejoindre notre domicile de Jérusalem, éloignant ainsi Salah de sa femme et de son enfant. Toutes ces sanctions n’ont qu’un seul but, pousser Salah à quitter sa patrie. Ce genre de pressions est réalisé quotidiennement sur des milliers de Palestiniens et Palestiniennes, d’autant plus celles et ceux vivant à Jérusalem.
Nous ne faiblirons pas et nous invitons toutes et tous à faire pression sur les autorités françaises pour qu’elles défendent Salah comme elles défendraient n’importe quel Français incarcéré de par le monde. Assez de l’arbitraire et de l’acharnement des autorités coloniales !
Propos recueillis par Alain Pojolat