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General Electric: entretien avecAntoine Brescia, représentant syndical
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Entretien. Depuis le 3 octobre les salariéEs de General Electric (GE) à Grenoble sont en grève contre la suppression de 345 postes de travail, soit la moitié des postes de l’entreprise. Sur le piquet de grève, nous avons rencontré Antoine Brescia, membre du CE et représentant syndical au CCE.
Comment en êtes-vous arrivéEs là ?
Tout résulte de la vente à GE, en 2014, de l’activité énergie d’Alstom. En juillet, la direction de la coentreprise GE-Alstom nous annonce les 345 suppressions de postes, prétextant « le marché », pas aussi dynamique que prévu, le « manque de compétitivité », et des performances, au niveau qualité, en baisse. Face à cette annonce l’intersyndicale CGT, CFDT, CFE-CGC a immédiatement contesté le « plan de sauvegarde de l’emploi » (PSE).
Depuis des années, dans les instances représentatives du personnel, nous signalons ce qui ne va pas : les réorganisations du travail qui désorganisent les services ; le manque de cohésion et d’investissement ; les process, les logiciels choisis par des technocrates qui font que l’on n’arrive plus à travailler et que l’entreprise perd de l’argent… Depuis toutes ces années, nous n’arrivons pas à faire entendre la parole des salariéEs, qui s’investissent pourtant tous les jours.
À l’annonce du PSE, le personnel a eu un sentiment d’injustice, de colère et de trahison ! « Nous allons payer les pots cassés alors que ça fait des années qu’on essaye de faire avancer le schmilblick et que la direction par son autisme nous condamne à la fermeture à court terme. »
Pourquoi occupez-vous aujourd’hui ?
On occupe parce que les organisations syndicales, les élus et les grévistes ont compris que ce plan social était injuste.Tous les reproches de la DG viennent surtout d’un manque de cohésion de la part de décideurs plus préoccupés par leurs objectifs de carrière que par la réalité du travail et des tâches des salariéEs.
Le personnel dit « ce n’est pas possible ». Nous disons : « Si vous voulez vraiment restructurer la boîte, on vous propose de nous mettre autour d’une table, nous avons des propositions à faire. Suspendez le PSE et réfléchissons avec les salariéEs ». Et, bien entendu, ils refusent ! Pourtant nous avons des experts et du savoir-faire dans tous les secteurs.
Ce qui a été déterminant dans la décision de bloquer l’usine ce sont les réponses, en direct, du directeur des ateliers de fabrication « monde », venu s’enquérir sur le site de l’état des fabrications, aux questions sur le PSE. Il a laissé échapper (par maladresse ?) que si ça continuait à traîner au niveau du boulot, il y aurait des sanctions. Les copains de l’atelier n’ont pas du tout apprécié. Le même jour, il y avait une réunion pour l’ouverture des négociations sur le PSE. Les salariéEs ont décidé d’aller poser les mêmes questions aux directeurs. Cela a duré de 11 h à 17 h ! Les réponses étant toujours les mêmes, ils ont compris qu’il fallait passer à la vitesse supérieure pour la mobilisation et la visibilité de notre lutte.
Montebourg (ministre de l’Économie lors de la vente d’Alstom à GE en 2014) a répondu à l’intersyndicale que l’accord Alstom-GE prévoyait une d’option d’achat pour l’État de 20 % des actions Alstom détenues par Bouygues. Cette option d’achat permet à l’État de devenir majoritaire dans la part laissée à Alstom (50 % moins une voix). Il a apporté un espoir aux salariéEs sur la possibilité de recours juridique en assignant Le Maire pour « détournement de biens publics par négligence » si l’État ne rachète pas les 20 % de Bouygues. On va jouer cette carte, on n’a rien à perdre, malgré la réponse de Le Maire le 6 octobre : « je ne rachèterai pas les actions ».
Nos démarches auprès du conseil général, de la mairie, du préfet et de Bercy (une délégation intersyndicale reçue à Paris début août) n’ont pas donné grand-chose. Tout comme les courriers de soutien et les demandes d’explications des élus locaux. Dans les média nationaux c’est la chape de plomb. Quand on connaît la genèse de l’histoire (voir le film la Guerre fantôme), on comprend que Macron est concerné au premier chef…
Les salariéEs ont su se faire une opinion, vérifier ce que disent les OS depuis 3 mois, c’est-à-dire l’absence totale d’écoute de la direction face à nos propositions : la direction de GE a tout simplement décidé de réduire la masse salariale pour faire remonter la valeur des actions ! Et nous pensons même que c’est dans le but de nous vendre.
Quelle solidarité ? Comment peut-on être utile ?
Faites connaître notre combat. Marteler qu’on est aujourd’hui au carrefour de la transition énergétique et de la disparition des services publics. Nous estimons faire partie du secteur public. Notre principal client en France, c’est EDF, en Italie c’est Enel, au Portugal c’est EDP (équivalents d’EDF). On rend un service au public, même si on n’est pas service public. Les discours de Hulot doivent être suivis d’actes ! La publicité du NPA sur ces questions est importante.
Montebourg, ainsi que Ferrari du conseil de la Métropole, Piolle, maire de Grenoble, et les maires des communes communistes de Fontaine, Saint-Martin-d’Hères et Échirolles sont venus. Mélenchon devrait venir et bien sûr, si Poutou ou Besancenot veulent venir apporter leur soutien et expliquer que le NPA est solidaire, il n’y a pas de souci !
Propos recueillis par Michel Szempruch
Voir le documentaire la Guerre fantôme, diffusé sur LCP le 25 septembre.
Pour le soutien financier : www.cotizup.com/hydrogrenoble