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Tribune d’intellectuels sur la Catalogne - adresse à Juncker et Tusk

Catalogne

Lien publiée le 4 novembre 2017

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/031117/catalogne-defendre-l-etat-de-droit-dans-l-union-europeenne?utm_source=global&utm_medium=social&utm_campaign=SharingApp&xtor=CS3-5

Dans une lettre ouverte au président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker et au président du Conseil européen Donald Tusk, plus de 180 universitaires, politiques, intellectuels et élus européens et américains s'inquiètent de la situation politique et du laisser-faire européen, face à « la façon dont les autorités espagnoles ont répondu aux demandes d’indépendance exprimées par une partie significative de la population de Catalogne », qui constitue selon eux « une violation de l’État de droit ».

Cher président Juncker, cher président Tusk,

Nous sommes des universitaires, des politiciens, des intellectuels et des députés européens qui vous écrivons avec cette inquiétude :

L’Union européenne a proclamé comme un principe général que ses États membres doivent respecter l’État de droit et l’ensemble des droits fondamentaux (articles 2 et 6 du traité de Lisbonne). La direction de l’UE a été un protecteur inébranlable de ces normes fondamentales, récemment encore en s’opposant à la tentative du gouvernement polonais de réduire l’indépendance des juges ainsi qu’aux actions du gouvernement hongrois pour réduire les libertés des médias et de la société civile.

Or nous sommes aujourd’hui profondément inquiets de voir que les instances dirigeantes de l’UE ferment les yeux sur la violation de l’État de droit en Espagne, en particulier en ce qui concerne l’approche des autorités centrales espagnoles concernant le référendum sur l’indépendance catalane du 1er octobre. Nous ne prenons pas partie politiquement sur la substance du différend concernant la souveraineté territoriale et nous avons connaissance des défauts de procédure observables dans l’organisation du référendum. Notre inquiétude concerne l’État de droit tel qu’il est appliqué par un des État membre de l’UE.

Le gouvernement espagnol a justifié son action par la défense ou la restauration de l’ordre constitutionnel. L’Union a déclaré qu’il s’agissait d’une affaire intérieure à l’Espagne. La question de la souveraineté nationale relève en effet de la politique intérieure dans les démocraties libérales. Pourtant, la façon dont les autorités espagnoles ont répondu aux demandes d’indépendance exprimées par une partie significative de la population de Catalogne constitue une violation de l’État de droit en ce que :

1/ le Tribunal constitutionnel espagnol (TC) a interdit le référendum sur l’indépendance catalane prévu le 1er octobre, ainsi que la session du parlement catalan prévu le 9 octobre, au motif que ces actions annoncées violaient l’article 2 de la constitution espagnole qui stipule l’unité indissoluble de la nation espagnole, ce qui rend la sécession illégale. Cependant, en appliquant de cette façon l’article 2, le Tribunal a violé les dispositions constitutionnelles concernant la liberté de parole et de réunion pacifique. Ces deux principes sont incarnés par les référendums et les délibérations parlementaires quels que soient leurs sujets spécifiques. Sans interférer dans les conflits constitutionnels espagnols ou dans l’application du code pénal espagnol, nous notons qu’appliquer une disposition constitutionnelle en violant des droits fondamentaux relève de la parodie de justice. Ainsi, les décisions du Tribunal et les actions du gouvernement espagnol pour lesquelles ces décisions ont fourni une base légale violent à la fois l’esprit et la lettre de l’État de droit.

2/ Dans les jours précédant le référendum, les autorités espagnoles ont pris une série de mesures répressives contre des fonctionnaires, des députés, des maires, des médias, des entreprises et des citoyens. La coupure du réseau Internet et d’autres réseaux de télécommunication durant et après la campagne du référendum a eu de sévères conséquences sur l’exercice de la liberté d’expression.

3/ Le jour du référendum, la police espagnole a employé une force excessive et la violence contre des votants et des manifestants pacifiques, selon Human Rights Watch. Un tel usage disproportionné de la force constitue un indiscutable abus de pouvoir dans la mise en œuvre du respect de la loi.

4/ l’arrestation et l’emprisonnement le 16 octobre des activistes Jordi Cuixart et Jordi Sànchez (présidents, respectivement de l’Assemblée nationale catalane et d’Omnium Cultural), accusés de sédition, constitue une erreur judiciaire. Les faits conduisant à cette incrimination ne peuvent pas être qualifiés de sédition, mais plutôt d’exercice du libre droit de manifester publiquement et pacifiquement, selon l’article 21 de la constitution espagnole.

Le gouvernement espagnol, dans son effort pour sauvegarder la souveraineté de l’État et l’indivisibilité de la nation, a violé les droits et les libertés fondamentaux garantis par la Convention européenne des droits de l'homme, par la Déclaration universelle des droits de l’homme ainsi que par les articles 2 et 6 de la loi fondamentale de l’UE (le traité de Lisbonne). La violation des droits et libertés fondamentaux protégés par le droit international et celui de l’UE ne peut constituer une affaire interne d’aucun gouvernement. Le silence de l’UE et son refus d’imaginer une médiation sont injustifiables.

Les actions du gouvernement espagnol ne peuvent être justifiées par la protection de l’État de droit, même si elles sont fondées sur des dispositions juridiques spécifiques. Contrairement au simple gouvernement par la loi (où les normes sont promulguées par une procédure légale correcte ou issues d’une autorité publique), l’État de droit implique aussi la protection des droits et libertés fondamentaux. Il s’agit alors de normes qui rendent la loi contraignante non pas simplement parce que les procédures sont correctes, mais parce qu’elles garantissent la justice. C’est l’État de droit ainsi compris qui fournit la légitimité de l’autorité publique dans les démocraties libérales.

Nous appelons donc la Commission à examiner la situation en Espagne dans le cadre du respect de l’État de droit, ainsi qu’il a été fait auparavant pour d’autres États membres.

La direction de l’UE a répété que la violence ne peut pas être un instrument politique, et pourtant, elle a fermé les yeux sur les actions de la police espagnole et a jugé que les actions du gouvernement espagnol étaient en conformité avec l’État de droit. Une telle version réduite et mutilée de l’État de droit ne devrait pas devenir le nouveau consensus politique de l’Europe. C’est dangereux et risque d’endommager l’Union de façon durable. En conséquence, nous appelons le Conseil européen et la Commission à faire tout ce qui est nécessaire pour rétablir le principe de l’État de droit dans son statut fondateur d’une démocratie européenne en s’opposant à toute forme d’abus de pouvoir commis par les États membres. Sans cela, et sans un sérieux effort de médiation politique, l’UE risque de perdre la confiance et l’obéissance aux lois de ses citoyens.

La crise s’est, entre-temps, encore aggravée (des membres du gouvernement catalan ont été emprisonnés et un mandat d’arrêt a été établi à l’encontre de M. Puigdemont). Nous suivons de près la situation en ayant à l’esprit les intérêts de la démocratie en Catalogne, en Espagne et en Europe, car ils ne peuvent être séparés, et nous insistons d’autant plus sur l’importance pour l’UE de contrôler le respect des libertés fondamentales par toutes les parties.

A l'initiative de Albena Azmanova (University of Kent) et Barbara Spinelli (écrivain et membre du Parlement européen).

Etienne Balibar, université Paris Nanterre and Kingston University London

David Gow, editor, Social Europe

Kalypso Nicolaidis, Oxford University, Director of the Center for International Studies

Mark Davis, University of Leeds, Founding Director of the Bauman Institute

Cristina Lafont, Northwestern University (Spanish citizen)

Ash Amin, Cambridge University

Yanis Varoufakis, DiEM25 co-founder

Rosemary Bechler, editor, openDemocracy

Gustavo Zagrebelsky professor of constitutional law, University of Turin

Antonio Negri, Philosopher, Euronomade platform

Costas Douzinas, Birkbeck, University of London

Robert Menasse, writer, Austria

Dimitrios Papadimoulis, Vice President of the European Parliament (GUE-NGL)

Ulrike Guérot, Danube University Krems, Austria & Founder of the European Democracy Lab, Berlin

Judith Butler, University of California, Berkeley and European Graduate School, Switzerland

Philip Pettit, University Center for Human Values, Princeton University (Irish citizen)

Josep-Maria Terricabras, Member of European Parliament (Greens/EFA)

Hauke Brunkhorst, University of Flensburg

Judit Carrera, Centre for Contemporary Culture of Barcelona

Gabriele Zimmer, Member of European Parliament (President, GUE/NGL)

Philippe Schmitter, European University Institute, Florence

Bart Staes, Member of European Parliament (Flemish Greens)

Marie-Christine Vergiat, Member of European Parliament (GUE-NGL)

Jón Baldvin Hannibalsson, former minister for foreign affairs and external trade of Iceland 

Diana Wallis, former Vice President of the European Parliament

Craig Calhoun, President, Berggruen Institute; Centennial Professor at the London School of Economics and Political Science (LSE)

Jane Mansbridge, Kennedy School of Government, Harvard University

Josu Juaristi Abaunz, Member of European Parliament (GUE-NGL)

Alyn Smith, Member of the European Parliament (Greens/EFA)

Thor Gylfason, University of Iceland and Research Fellow at CESifo, Munich/former member Iceland Constitutional Council 2011

Jordi Solé, Member of European Parliament (Greens/EFA)

Judith Revel, Université Paris Nanterre

Seyla Benhabib, Yale University; Catedra Ferrater Mora Distinguished Professor in Girona (2005)

Arjun Appadurai, Institute for European Ethnology, Humboldt University, Berlin

Susan Buck-Morss, CUNY Graduate Center and Cornell University

Ramon Tremosa i Balcells, Member of European Parliament (Alde)

Anastasia Nesvetailova, Director, City Political Economy Research Centre, City University of London

Nancy Fraser, The New School for Social Research, New York (International Research Chair in Social Justice, Collège d’études mondiales, Paris, 2011-2016)

Jill Evans, Member of the European Parliament (Greens/EFA)

Regina Kreide, Justus Liebig University, Giessen

Jodi Dean, Hobart and William Smith Colleges, Geneva NY

Tatjana Zdnoka, Member of the European Parliament (Greens/EFA)

Wendy Brown, University of California, Berkley

Roberta De Monticelli, University San Raffaele, Milan.

Sophie Wahnich, directrice de recherche CNRS, Paris

Christoph Menke, University of Potsdam, Germany

Tanja Fajon, Member of the European Parliament (S&D)

Robin Celikates, University of Amsterdam 

Eric Fassin, Université Paris-8 Vincennes - Saint-Denis

Paul Molac, Member of the French Parliament (écologiste)

Alexis Cukier, Université Paris Nanterre

Diogo Sardinha, university Paris/Lisbon

Luke Ming Flanagan, Member of the European Parliament (GUE-NGL)

Dario Castiglione, University of Exeter

Hamit Bozarslan, EHESS, Paris

Frieder Otto Wolf, Freie Universität Berlin

Gerard Delanty, University of Sussex

Boaventura de Sousa Santos, Coimbra University and University of Wisconsin-Madison

Sandro Mezzadra, Università di Bologna

Camille Louis, University of Paris 8 and Paris D

Philippe Aigrain, writer and publisher

Yann Moulier Boutang and Frederic Brun, Multitudes journal

Anne Querrien and Yves Citton, Multitudes journal

Bruce Robbins, Columbia University

Michèle Riot-Sarcey, université Paris-VIII-Saint-Denis

Zeynep Gambetti, Bogazici University, Istanbul (French citizen)

Andrea den Boer, University of Kent, Editor-in-Chief, Global Society: Journal of Interdisciplinary International Relations

Moni Ovadia, writer and theatre performer

Merja Kyllönen, Member of the European Parliament (GUE/NGL)

Guillaume Sibertin-Blanc, Université Paris 8 Saint-Denis 

Peter Osborne, Centre for Research in Modern European Philosophy, Kingston University, London

Ilaria Possenti, University of Verona

Nicola Lampitelli, University of Tours, France

Yutaka Arai, University of Kent

Enzo Rossi, University of Amsterdam, Co-editor, European Journal of Political Theory

Petko Azmanov, journalist, Bulgaria

Etienne Tassin, Université Paris Diderot

Lynne Segal, Birkbeck College, University of London

Danny Dorling, University of Oxford 

Maggie Mellon, social policy consultant, former executive member Women for Independence 

Vanessa Glynn, Former UK diplomat at UKRep to EU

Alex Orr, exec mbr, Scottish National Party/European Movement in Scotland

Bob Tait, philosopher, ex-chair Langstane Housing Association, Aberdeen 

Isobel Murray, Aberdeen University

Grahame Smith, general secretary, Scottish Trades Union Congress

Igor Šoltes, Member of the European Parliament (Greens/EFA)

Pritam Singh, Oxford Brookes University

John Weeks, SOAS, University of London 

Jordi Angusto, economist at Fundació Catalunya-Europa 

Leslie Huckfield, ex-Labour MP, Glasgow Caledonian University

Ugo Marani, University of Naples Federico II and President of RESeT 

Gustav Horn, Scientific Director of the Macroeconomic Policy Institute of the Hans Böckler Stiftung 

Chris Silver, journalist/author 

François Alfonsi, President of EFA (European Free Alliance)

James Mitchell, Edinburgh University

Harry Marsh, retired charity CEO 

Desmond Cohen, former Dean, School of Social Sciences at Sussex University

Yan Islam, Griffith Asia Institute

David Whyte, University of Liverpool

Katy Wright, University of Leeds

Adam Formby, University of Leeds 

Nick Piper, University of Leeds

Matilde Massó Lago, The University of A Coruña and University of Leeds

Jim Phillips, University of Glasgow

Rizwaan Sabir, Liverpool John Moores University

Pablo Ciocchini, University of Liverpool

Feyzi Ismail, SOAS, University of London

Kirsteen Paton, University of Liverpool

Stefanie Khoury, University of Liverpool 

Xavier Rubio-Campillo, University of Edinburgh

Joe Sim, Liverpool John Moores University

Paul Molac, Member of the French Parliament

Hannah Wilkinson, University of Keele

Gareth Dale, Brunel University

Robbie Turner, University of St Andrews

Will Jackson, Liverpool John Moores University

Louise Kowalska, ILTUS Ruskin University

Alexia Grosjean, Honorary member, School of History, University of St Andrews

Takis Hadjigeorgiou, Member of the European Parliament (GUE-NGL)

Paul McFadden, York University

Matthias E. Storme, Catholic University of Leuven

Phil Scraton, Queen's University Belfast

Oscar Berglund, University of Bristol

Michael Lavalette, Liverpool Hope University

Owen Worth, University of Limerick

Ronnie Lippens, Keele University

Zoë Dingwall, political adviser EFA (European Free Alliance)

Andrew Watterson, Stirling University

Steve Tombs, The Open University

Emily Luise Hart, University of Liverpool

David Scott, The Open University

Anders Eriksson, bureau EFA (European Free Alliance), European Parliament

Bill Bowring, Birkbeck College, University of London

Sofa Gradin, King’s College London

Michael Harrison, University of South Wales

Ana Manzano-Santaella, University of Leeds

Noëlle McAfee, Emory University

Peter J. Verovšek, University of Sheffield 

Peter Dews, University of Essex

Martin Matuštík, Arizona State University (Czech citizen)

Camil Ungureanu, Pompeu Fabra University, Barcelona 

Dafydd Huw Rees , Cardiff University

Patrick Le Hyaric, Member of the European Parliament (GUE-NGL)

Hans-Peter Krüger, University of Potsdam 

Loren Goldman, University of Pennsylvania

Federica Gregoratto, University of St.Gallen

Rurion Soares Melo, Universidade de São Paulo

Pieter Duvenage, Cardiff University and editor, Journal for Contemporary History

Chad Kautzer, Lehigh University

Peter A. Kraus, University of Augsburg

David Ingram, Loyola University  of Chicago

Alain-G. Gagnon, Université du Québec à Montréal

Peter Bußjäger, Institut für Föderalismus, Innsbruck

Nelly Maes, Former Member of the European Parliament, former President of European Free Alliance

Helmut Scholz, Member of the European Parliament (GUE/NGL)

Michel Seymour, Université de Montréal

Simon Toubeau, University of Nottingham

Georg Kremnitz, Universität Wien

Keith Gerard Breen, Queen’s University Belfast

Alan Price, Swansea University

Fernando Ramallo, Universidade de Vigo

Nicolas Levrat, University of Geneva, Director of the International Law Department

Jordi Matas, Professor of Political Science, University of Barcelona

Simon Toubeau, University of Nottingham

María do Carme García Negro, University of Santiago de Compostela

Francisco Rodríguez, writer

Carme Fernández Pérez-Sanjulián, University of Coruña

Patrice Poujade, Université de Perpignan

Colin H Williams, Cardiff and Cambridge  University

Nicolas Berjoan, Université de Perpignan

Joan Peitavi, Université de Perpignan

Alà Baylac-Ferrer, Université de Perpignan

Guglielmo Cevolin, University of Udine, Italy

Robert Louvin, Professor of Comparative Law, University of Calabria

Günther Dauwen, Secretary General of the Centre Maurits Coppieters

Bart Maddens, Catholic University of Leuven

Alan Sandry, Swansea University

Justo Serrano Zamora, Bavarian School of Public Policy

Ivo Vajgl, Member of the European Parliament (Alde)

Alberto Aziz Nassif, Centro de Investigaciones y Estudios Superiores en Antropología Social, México

Sandrina Antunes, University of Minho, Portugal

Pablo Beramendi, Duke University

Nico Krisch, Graduate Institute of International and Development Studies, Geneva

Miguel Urbán Crespo, Member of the European Parliament (GUE/NGL)