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Aux Etats-Unis, l’Etat laisse filer les inégalités
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
http://www.liberation.fr/debats/2017/12/04/aux-etats-unis-l-etat-laisse-filer-les-inegalites_1614386
Ioana Marinescu Professeure d’économie à l’université de Pennsylvanie
Jusqu’à 1980, la croissance américaine profitait aux plus pauvres comme aux riches. Depuis cette date, elle est devenue fortement inégalitaire et l’Etat est incapable d’y remédier.
Le débat sur la réforme des impôts aux Etats-Unis fait rage. Les républicains disent qu’elle va bénéficier aux classes moyennes. Les experts s’accordent à dire que la réforme va profiter surtout aux 1 % des Américains aux revenus les plus élevés. L’Etat contribuerait ainsi à augmenter les inégalités de revenu aux Etats-Unis. Est-ce une innovation de l’ère de Donald Trump ? L’Etat américain a-t-il dans le passé contribué à diminuer les inégalités de revenu ?
Un document de travail rédigé par Thomas Piketty, Emmanuel Saez et Gabriel Zucman datant de décembre 2016 évalue le rôle des impôts et des transferts dans la montée des inégalités aux Etats-Unis. Ils montrent qu’elles y ont augmenté de façon spectaculaire depuis 1980, et que l’Etat a été largement incapable de les réduire.
Les trois économistes se sont attelés à la tâche monumentale de réconcilier les données fiscales avec les données de la comptabilité nationale. Ces données dégagent deux périodes de la croissance américaine. De 1946 à 1980, le revenu national a été presque multiplié par deux, augmentant de 95 %. Pendant cette période, la croissance a profité à tous les Américains. Mieux, la croissance a même davantage profité aux pauvres. Les revenus des 90 % des Américains les moins riches ont ainsi augmenté d’un peu plus de 100 %, alors que les revenus des 1 % les plus riches ont «seulement» augmenté de 47 %.
Pendant la période la plus récente, de 1980 à 2014, la croissance du revenu national américain a été de 61 %, soit une performance moins impressionnante. Mais ce qui est vraiment impressionnant, c’est que la tendance vers moins d’inégalités qui avait prévalu de 1946 à 1980 s’est radicalement renversée. De 1980 à 2014, les revenus de la moitié des Américains les plus pauvres n’ont pas augmenté du tout ! En revanche, les revenus des 1 % les plus riches ont été multipliés par plus de trois.
Que fait l’Etat ? Grâce aux impôts et à la redistribution, l’Etat a la possibilité de diminuer les inégalités. En pratique, la redistribution n’a pas bénéficié aux 50 % des Américains les plus pauvres. Sans prendre en compte la redistribution, leurs revenus n’ont pas augmenté du tout depuis 1980. En prenant en compte la redistribution, leurs revenus ont augmenté de 21 %. Mais, même cette augmentation modeste ne s’est pas faite sous la forme de versement d’argent dans les poches des Américains les plus pauvres. En effet, les 21 % de gains de revenu sont entièrement expliqués par la croissance des programmes sociaux en nature, et en particulier l’assurance santé des pauvres, Medicaid.
Malgré la montée générale des inégalités depuis 1980, les inégalités entre les hommes et les femmes ont énormément diminué. Les hommes en âge de travailler gagnaient 3,7 fois plus que les femmes au début des années 60. En 2014, les hommes américains gagnent seulement 1,7 fois plus que les femmes. Ce progrès vers l’égalité des revenus du travail entre les hommes et les femmes est dû en partie à l’arrivée massive de celles-ci sur le marché du travail, mais aussi à la montée des salaires parmi les femmes qui travaillent : ainsi, en 1962, il n’y avait que 5 % de femmes parmi les 10 % des salariés les mieux payés. En 2014, ce pourcentage a été multiplié par plus de 5, passant au-dessus des 25 %. Finalement, l’augmentation du travail et de la paye des femmes a été le facteur principal de croissance du revenu du travail pour les Américains moyens : il n’y a pas eu de croissance du revenu du travail pour un homme américain moyen depuis 1962.
La croissance américaine a donc été égalitaire avant les années 80, et fortement inégalitaire depuis 1980. L’Etat a été largement impuissant à limiter la hausse des inégalités. Pourtant, leur augmentation n’est pas un phénomène naturel et inéluctable : si les revenus de la moitié la plus pauvre des Américains ont stagné depuis 1980, les revenus de la moitié la plus pauvre des Français ont fortement augmenté. Aujourd’hui les Français les plus pauvres ont des revenus plus élevés que leurs homologues américains, même avant intervention de l’Etat. Attention toutefois à ne pas se reposer sur ses lauriers, car les inégalités augmentent en France aussi.