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La fonction publique plus que jamais dans le viseur de la start-up Macron
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Parmi les victimes de l’austérité et des économies budgétaires, la fonction publique est en première ligne. Le 16 septembre, le ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer annonçait 1 800 suppressions de postes dans l’éducation. Une annonce qui s’ajoute à la longue liste des hécatombes annoncées dans les services publics, alors que chacunE peut constater au quotidien que c’est bien leur extension qui est aujourd’hui une urgence.
Durant sa campagne électorale, Emmanuel Macron avait annoncé son objectif de « 120 000 suppressions de postes dans la fonction publique d’ici à 2022 ». Plus précisément, il s’agit de liquider 50 000 emplois dans la fonction publique d’État et 70 000 dans les collectivités territoriales. Des objectifs récemment confirmés par le gouvernement, notamment par la voix d’Édouard Philippe, et plus récemment d’Olivier Dussopt, secrétaire d’État en charge de la Fonction publique et des Collectivités locales, dans une interview aux Échos le 9 septembre.
« L’amélioration de la qualité du service public » ?
Ce dernier, ex porte-parole de Manuel Valls lors de la « primaire de gauche » maîtrise à merveille la rhétorique technocratique de la Macronie : « Il faut d’abord travailler sur la façon de moderniser les services publics et de gagner en productivité. Ce n’est qu’à partir de là que l’on peut supprimer des emplois, tout en conservant un objectif : l’amélioration de la qualité du service public rendu aux usagers. La mise en œuvre des réformes étant progressive, plus nous allons avancer, et plus des marges de réduction des effectifs se dégageront. » Comprendre : nous allons améliorer la qualité du service public en supprimant des dizaines de milliers de postes. Implacable logique.
Et de marcher dans les pas d’Édouard Philippe qui, à la fin du mois d’août, dans une interview au JDD qui ressemblait à une déclaration de guerre contre – entre autres – les fonctionnaires et les usagerEs, confirmait que l’objectif des 120 000 suppressions demeurait d’actualité et qu’il fallait s’attendre à une « montée en puissance » après les 4 500 suppressions de postes dans la fonction publique d’État en 2019 : « La réduction du nombre de fonctionnaires n’est pas le fondement mais la conséquence d’une transformation de l’action publique qui monte en puissance au fil du temps. Je peux déjà vous dire qu’en 2020 le chiffre sera supérieur à 10 000. » Comprendre : le pire est encore à venir.
Un projet de société
Étonnamment (?), tous les secteurs de la fonction publique ne sont pas logés à la même enseigne, ce qu’indiquait déjà le rapport CAP 22 (voir l’Anticapitaliste n°440), qui préconise 30 milliards d’économie au moyen d’un véritable dynamitage de la fonction publique. Édouard Philippe ne s’en cache pas : « Il y aura par ailleurs des recrutements. Plus 2 000 agents supplémentaires dans la police, la gendarmerie et à la DGSI, 1 300 à la justice – parce qu’il s’agit de priorités. » Et tant pis pour les Finances publiques, l’Éducation nationale, l’audiovisuel public et la culture en général… sans même parler de la fonction publique hospitalière et des collectivités locales, qui fonctionnent déjà à flux (très) tendu et dont on imagine mal comment elles vont pouvoir supprimer toujours plus de postes.
Dans le même temps, le gouvernement prône « l’élargissement des recrutements de contractuels » (Olivier Dussopt), donc de personnels moins bien formés, moins bien protégés et moins bien payés, ainsi que le développement des « passerelles » et des « reconversions » vers le privé… Il y a donc bien évidemment une cohérence d’ensemble dans les projets destructeurs du gouvernement, qui ne sont pas uniquement motivés par des soucis d’économie, mais aussi par la mise en application d’une réelle vision du monde : une société dans laquelle le service public, le sens du collectif et les mécanismes de solidarité sont considérés comme des freins au développement de « l’ambition », de « l’esprit d’entreprise » et de la « responsabilité individuelle ». La « start-up nation » prônée par Macron n’est malheureusement pas juste un slogan, mais bien un projet politique global, face auquel les résistances sont nécessaires, tout comme l’est la défense d’un projet de société alternatif.
Julien Salingue