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Grèce. Une société épuisée par les méfaits d’une gauche gouvernementale
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
La publication détaillée des résultats des élections législatives en Grèce, en date du dimanche 7 juillet 2019, doit permettre une lecture plus informée des divers commentaires que nous publions dans ce dossier.
Kyriakos Mitsotakis prête serment devant l’archevêque Ieronymos
Résultats
Sur un total de 9’961’718 inscrits sur les listes électorales, la participation s’est élevée à 5’769’503. Les votes invalides et blancs sont au nombre de, respectivement, 77’503 et 42’668. Le taux d’abstention est élevé: 42,08%, mais pas exceptionnel par rapport aux élections de septembre 2015, par contre supérieur à celles de janvier 2015 (36,4%).
- Nouvelle Démocratie (ND) a réuni 39,85% des votes, soit 2’251’411 suffrages, et 158 sièges étant donné le «surplus» de 50 sièges attribués au parti ayant réuni le plus de voix. En septembre 2015, ND réunissait 28,09% des votes, soit 1’526’400 et 75 sièges.
- Syriza (Synaspismos Rizospastikis Aristeras) a obtenu 31,53% des suffrages, soit 1’781’174, et 86 sièges. En septembre 2015, Syriza obtenait 35,46%, soit 1’926’526, et 145 sièges, ce qui ne lui donnait pas la majorité absolue à la différence de ND aujourd’hui.
- Le Mouvement pour le changement (Kinima Allagis) – coalition pour l’essentiel représentée par l’ex-PASOK, avec à sa tête Fofi Yennimata – a réuni 8,10% des suffrages, soit 457’519, et 22 sièges. En septembre 2015, le PASOK réunissait 6,29% des voix, soit 341’732 électeurs, et 17 sièges.
- Le KKE (Parti communiste, Kammounistiko Komma Elladas) a obtenu 5,30% des voix, soit 299’592 électeurs, et 15 sièges. En septembre 2015, son score était de 5,55% et ses électeurs s’élevaient à 301’684.
- Solution grecque (Elliniki Lisi) rassemble 3,70% des suffrages, soit 208’805 électeurs, et 10 sièges.
- Mera25 (Front de désobéissance réaliste européenne, avec à sa tête Yanis Varoufakis, ancien ministre des Finances d’Alexis Tsipras, de janvier à juillet 2015, qui quitte Syriza lors des élections de septembre 2015) a obtenu 3,44% des suffrages, soit 194’232 électeurs, et 9 sièges.
- Aube dorée (Laikos Syndesmos – Chrysi Avgi) : 2,93%, 165’709 électeurs. N’ayant pas atteint le seuil de 3%, Aube dorée ne dispose d’aucun député. En septembre 2015, il obtenait 6,99%, soit 379’722 voix, et 18 députés.
- Cap sur la liberté (Plefsi Eleftherias), courant fondé en avril 2016 par Zoé Konstantopoulou, ancienne présidente de la Chambre des députés sous le gouvernement Tsipras, obtient 1,46% des voix, soit 82’672 électeurs.
- Union des centristes (Enosi Kentroon) obtient 1,24% des suffrages, soit 70’132 électeurs. En septembre 2015, ils rassemblaient 3,44% des suffrages, soit 186’644 électeurs, et 9 députés.
- Antarsya (coalition anticapitaliste) obtient 0,41% des voix, soit 23’191 électeurs.
- Unité populaire (Laiki Enotita) obtient 0,28% des voix, soit 15’930 électeurs. En septembre 2015, l’Unité populaire (Lafazanis) réunissait 2,86%, soit 155’320 électeurs.
Ces données quasi complètes fournissent un premier aperçu de la scène politique issue des élections. Nous publions ci-dessous trois premières réactions de forces et militants se situant à gauche de Syriza: 1° une déclaration de DEA (Gauche ouvrière internationaliste), qui était partie prenante de l’Unité populaire, quoique critique des positions défendues dans la dernière période par Panagiotis Lafazanis; 2° un entretien avec Stathis Kouvelakis de l’Unité populaire; 2° un article de Yanis Varoufakis publié par NewStatesman le 8 juillet. (Réd. A l’Encontre)
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Face à ce gouvernement d’une droite dure, l’urgence d’un front unitaire de résistance s’affirme
Par DEA
Alexis Tsipras «accueille» Kyriakos Mitsotakis
1. Les résultats électoraux du 7 juillet 2019 créent un rapport de force politique des plus défavorable à la classe ouvrière et aux classes populaires.
Les suffrages obtenus par Nouvelle Démocratie (39,85%) donnent à Kyriakos Mitsotakis et à la direction ultra-néolibérale du parti de droite la possibilité de former un gouvernement disposant en tant que parti de la majorité. Alexis Tsipras a réussi à conserver un score élevé (31,53%), malgré ses responsabilités tragiques dans la reprise du pouvoir gouvernemental par la droite néolibérale. Ensemble, ces deux formations rassemblent une part très élevée des forces politiques au parlement, c’est-à-dire celles qui s’engagent à soutenir les accords avec les créanciers, à soutenir les politiques dictées par le troisième mémorandum et le programme «à moyen terme» [programme sous supervision des représentants des créanciers] que le gouvernement de Tsipras transmet au gouvernement de Mitsotakis.
Ce pourcentage élevé en faveur d’un système de facto «bipartite» qui s’est engagé à respecter le mémorandum est similaire à celui qui existait seulement avant la crise politique provoquée par les mobilisations massives de 2010-13. Il semble que cela signifie la fin du «cycle» politique ouvert par les luttes populaires massives de la période précédente.
2. Mais cette perspective est fragile et corrodée.
L’économie mondiale ralentit, ce qui menace de faire sauter les accords existants avec les créanciers et le calendrier du «Programme à moyen terme». Ce qui implique l’exigence de nouvelles mesures d’austérité, plus sévères. Le mouvement populaire et des travailleurs n’a pas réussi à annuler les politiques d’austérité du gouvernement Tsipras, mais cela ne signifie pas qu’il y a consenti. Cela ne signifie pas que la population a «accepté» ces politiques, comme l’a fait Syriza.
Il est douteux que Mitsotakis soit capable de répéter la principale «réussite» de Tsipras, qui fut de promouvoir les contre-réformes néolibérales dans un climat de paix sociale. L’histoire de la lutte de classe en Grèce montre qu’une éventuelle intervention inattendue des masses dans la situation politique et l’éclatement soudain d’une nouvelle vague de luttes est un facteur non négligeable. Ce facteur déterminera en fin de compte si le nouvel équilibre des forces qui existe au parlement assurera l’existence d’un «système bipartite» capable de stabiliser le capitalisme grec; ou si ce système entrera dans une nouvelle crise d’instabilité sous les impacts des pressions populaires.
3. Il est impossible d’expliquer le résultat électoral du 7 juillet sans tenir compte de la défaite de la classe ouvrière et populaire en 2015.
La grande vague de luttes en 2010-13 a provoqué une crise politique sans précédent, plongeant le PASOK à la limite d’une désintégration et dégradant sérieusement la force politique de Nouvelle Démocratie. Rappelons qu’après la démission d’Antonis Samaras [premier ministre de juin 2012 à janvier 2015], lorsque Evangelos Meimarakis a pris la direction par intérim de Nouvelle Démocratie [entre juillet et novembre 2015], le parti de droite obtenait dans les sondages environ 14% des voix. Cela aide à expliquer comment Tsipras a pu maintenir le pouvoir gouvernemental pendant quatre ans et demi.
La direction de Syriza se défend aujourd’hui en affirmant que «nous avons été contraints de mettre en œuvre les politiques d’austérité des mémorandums». Ce n’est pas exact: le gouvernement de Tsipras a choisi de mettre en œuvre des politiques d’austérité, en signant le Troisième Mémorandum et en revendiquant finalement «l’appropriation» des contre-réformes néolibérales. Il a choisi de violer le mandat populaire du NON (à hauteur de 61,31%, avec une participation s’élevant à 62,5%) lors du référendum du 5 juillet 2015, afin de légitimer le système de «tutelle» de la Troïka et de fonder ses perspectives sur des «négociations» avec les dirigeants de l’UE et, y compris, en comptant sur le renforcement des relations avec les Etats-Unis de Donald Trump.
Au cours de ces années, Tsipras a déplacé Syriza vers la droite, en incorporant des secteurs de l’ancienne social-démocratie, une fraction des Grecs indépendants nationalistes (ANEL de Panos Kammenos) et une fraction de la droite «modérée». Cela a jeté les bases pour transformer Syriza en un parti social-démocrate (à l’époque de la dégénérescence néolibérale de la social-démocratie) qui est extrêmement dépendant et contrôlé par son leader. Actuellement, le groupe dirigeant autour de Tsipras prépare la prochaine étape: la création d’une alliance encore plus lâche politiquement et encore plus centrée autour du leader, «Alliance progressiste».
Dans cette trajectoire, en plus de la mise en œuvre des contre-réformes néolibérales, le gouvernement Syriza a organisé une pression sur la population pour qu’elle renonce à la résistance, provoquant une démoralisation massive et la réduction du militantisme des classes laborieuses. Ce faisant, il a pavé la voie en faveur de Mitsotakis.
4. Malgré les responsabilités évidentes de Syriza, il n’y a pas lieu de sous-estimer le gouvernement de Mitsotakis.
Ses membres mettent en avant les thèmes de la réduction de l’impôt sur les sociétés, de la «libéralisation» totale des conditions de travail et de la promotion plus rapide et plus impitoyable des privatisations, afin d’obtenir le soutien de la grande majorité de la classe dirigeante.
Ils utilisent les slogans de «l’ordre public» (comme attaquer le quartier «rebelle» d’Exarchia d’Athènes et le caractère inviolable par les forces de police des locaux universitaires – une conquête obtenue en 1974 suite à la chute des colonels et dans la foulée du soulèvement étudiant de novembre 1973 de l’Ecole polytechnique, une conquête supprimée par Mitsotakis déjà ce 10 juillet) afin de réorganiser leur alliance avec la classe moyenne.
Ils utilisent le slogan de «frontières fortes» afin de combiner le néolibéralisme avec le racisme et le nationalisme, visant à réincorporer au sein de Nouvelle Démocratie une partie du courant d’extrême droite dans la société.
Le point de départ de Mitsotakis est la mise en œuvre de ce qu’Alexis Tsipras a déjà convenu avec les créanciers, mais il combine cet objectif avec l’ambition de réaliser une accélération importante des contre-réformes néolibérales. Son gouvernement représente une menace très importante pour les intérêts de la classe ouvrière et des classes populaires.
5. Aube dorée, formation néonazie, a recueilli 2,93% des voix et se trouve maintenant exclu du parlement, perdant tous les privilèges qui découlent de la représentation parlementaire. Ce résultat positif, seuls les militants de la gauche et du mouvement antifasciste et antiraciste ont le droit légitime de le revendiquer. Nouvelle Démocratie, le PASOK et SYRIZA n’ont pas ce droit, soit parce qu’ils ont renforcé Aube dorée avec leurs politiques, soit parce qu’ils ont permis la «légalisation» de leur fonctionnement par leur tolérance.
Malgré la perte de nombreux votes et une crise durable, Aube dorée demeure un opposant mortel aux droits des travailleurs et aux valeurs démocratiques auquel nous devons faire face. Le nouveau parti Solution grecque n’a pas les «troupes de choc», aptes à mener des combats de rue, ni les références nazies d’Aube dorée, mais il reste une force dangereuse d’extrême droite. La gauche et le mouvement social doivent donc encore mener des luttes, organiser des interventions contre le racisme d’Etat, le fascisme et l’extrême droite.
6. Le résultat électoral met en évidence une crise d’efficacité politique pour la gauche qui se trouve à gauche de Syriza.
– Le Parti communiste (KKE), bien qu’il ait réussi à rallier un nombre important de cadres et de personnalités d’horizons et de courants de gauche différents cette fois-ci, a stagné (299’592 voix et 5,3%) par rapport aux élections européennes, et il reste toujours en dessous de la popularité dont il jouissait à l’époque précédant la montée et la crise de Syriza (par exemple il réunissait 536’000 voix et 8,48% en mai 2012). C’est la preuve de son incapacité à faire face à des événements politiques majeurs. Il y a là la conséquence de sa posture consistant à éviter de prendre des initiatives politiques importantes et, dans ce cadre, à refuser l’unité d’action avec les autres forces de la gauche militante.
– Antarsya a recueilli 23’191 voix et 0,41%, perdant du terrain par rapport aux élections européennes et subissant une baisse importante de son influence, par rapport à celle qu’elle avait à l’époque avant la montée et la crise effective de Syriza (75’416 voix et 1,19% en mai 2012). A la lecture des annonces de ses principales composantes – NAR (Courant nouvelle gauche) et SEK (Parti socialiste des travailleurs) – il est évident qu’il existe d’importantes divergences politiques et la question reste ouverte de savoir si cette coalition restera unie.
– Pour l’Unité populaire (LAE), le résultat signifie la fin d’un cycle. La défaite de LAE avait déjà eu lieu et a été «enregistrée» lors des élections européennes (31’648 voix et 0,58%). Les raisons en étaient les erreurs politiques importantes de ses dirigeants et surtout la sous-estimation du nationalisme en tant que menace. Le changement éventuel de direction et sa réorientation politique ont été des pas dans la bonne direction, mais se sont avérés «trop peu, trop tard». Les quelques semaines qui se sont écoulées entre les élections européennes et les élections nationales n’ont pas suffi pour que ces changements modifient le cours des choses. Le résultat (15’930 votes et 0,28%) montre que des initiatives sont nécessaires au sein de LAE pour faire face et dépasser une telle situation. C’est une condition préalable pour garder actif un nombre important de militant·e·s dont le rôle est significatif pour l’avenir de la gauche radicale, comme l’ont prouvé les résultats décents des élections locales.
Ces faiblesses ont créé le «vide» que MERA et Yanis Varoufakis sont venus combler. Ils ont recueilli 194’232 voix et 3,44% et ont gagné le droit de tester leurs opinions politiques avec une représentation parlementaire. Leur programme néo-keynésien anti-austérité, leur insistance sur l’objectif de réformer l’Union européenne «de l’intérieur» et un fonctionnement centré sur le leader autour de la personnalité omniprésente et faisant de l’ombre de Yanis Varoufakis servent d’avertissement aux limites de ce projet politique [la campagne a largement reposé sur les réseaux sociaux, la base militante étant plus que restreinte].
Alors que le MERA a été voté par de nombreuses personnes qui voulaient exprimer une critique de gauche à l’égard de Syriza, la politique de Varoufakis ne s’inscrit pas dans la perspective d’une réorganisation des rangs de la gauche radicale.
7. Dans la période qui commence avec la mise en place du gouvernement Mitsotakis, nous aurons besoin d’initiatives cohérentes et audacieuses.
Le centre de ces initiatives devrait être l’effort visant à regrouper et réorganiser les mobilisations de résistance. Des caucus syndicaux radicaux sur les lieux de travail, des mouvements sociaux dans les quartiers qui se sont exprimés en faveur de la gauche radicale lors des élections locales [26 mai et 2 juin 2019], des collectifs antiracistes et antifascistes, des groupes de femmes et des groupes LGBTQI qui soutiennent les activités antisexistes, des formations radicales d’étudiants dans les écoles et universités – telles sont les forces sur lesquelles nous devrions tous nous concentrer. Le retour de la résistance nécessitera un effort sérieux, organisé et unitaire de la part des formations plus larges de la gauche radicale.
Cela souligne aussi la nécessité de prendre des initiatives dans le domaine politique. De notre côté, nous avons insisté sur la nécessité d’une coopération politique entre les forces qui viennent de LAE, d’Antarsya et d’autres groupes qui se sont séparés de Syrisa à l’été 2015, et les autres forces de la gauche militante en général. Cet effort doit se poursuivre dans cette nouvelle situation, où la faiblesse des initiatives unitaires de la gauche radicale a été prouvée.
Dans cette perspective, nous aurons besoin de persévérance, de sobriété et d’audace. Le rythme de cet effort sera déterminé par la mobilisation de notre peuple. Soit les gens qui – nous le croyons – une fois encore vont réserver d’importantes «surprises», tant pour leurs ennemis que pour leurs faux «amis». (9 juillet 2019; traduction A l’Encontre)
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En Grèce, «Tsipras a tué l’espoir»
Entretien avec Stathis Kouvélakis conduit par Mathieu Dejean
Comment expliquez-vous le fait majeur de ces élections législatives en Grèce: la défaite cinglante de Syriza, quatre ans après son arrivée au pouvoir?
Stathis Kouvélakis – L’explication est très simple: Syriza a accédé au pouvoir en promettant d’être le parti qui romprait avec les politiques d’austérité; il a essayé de résister pendant les six premiers mois de son premier gouvernement; ensuite il a capitulé et mis en œuvre à la lettre les politiques d’austérité qu’il condamnait auparavant. Ces politiques d’austérité ont produit des résultats prévisibles en termes de dégâts sociaux et économiques. Syriza a été sanctionné, comme tous les partis de gauche qui, une fois au pouvoir, font l’inverse de ce qu’ils avaient promis de faire. Il a ainsi ouvert la voie au retour d’une droite qui était pourtant particulièrement discréditée en Grèce.
Quel bilan tirez-vous de ces quatre années d’exercice de l’Etat par un parti au départ étiqueté de «gauche radicale», et qui avait soulevé un espoir en Europe pour ce camp politique?
Le seul mot qui convienne est celui de désastre. Syriza a continué la politique des gouvernements précédents, avec des écarts à la marge qui ne changent rien à l’essentiel. Les chiffres indiquent une petite reprise économique, mais la réalité c’est que le pays a perdu un quart de sa richesse depuis le début de la crise, le chômage est de près de 20%, la Grèce est troisième en matière d’exposition de sa population à la pauvreté – seules la Roumanie et la Bulgarie font pire. Près d’un demi-million de Grecs (pour leur très grande majorité des jeunes très diplômés) ont quitté la Grèce depuis le début de la crise, et le rythme s’est accéléré, ce qui explique d’ailleurs la petite baisse du chômage.
Concédez-vous quelques succès à Tsipras, comme la naturalisation des enfants d’immigrés, la hausse du salaire minimum, l’accès à la sécurité sociale?
Tsipras a pris quelques mesures populaires avant les élections. Le rétablissement de l’accès universel aux soins est une mesure de type «filet de sécurité», préconisée par les institutions internationales qui exercent leur tutelle sur la Grèce. Ces cadeaux électoraux n’ont pas trompé grand monde: la politique mise en œuvre auparavant a drastiquement coupé les budgets sociaux, notamment dans la santé et l’éducation. Il faut ajouter qu’au moment où les mémorandums avec les créanciers sont venus à échéance, à l’été 2018, Tsipras a signé un accord de sortie qui engage le pays jusqu’en 2060 sur une politique d’austérité – c’est-à-dire d’excédent budgétaire de 3,5% jusqu’en 2022, et de 2,5% jusqu’en 2060, tout ça pour payer une dette qui ne sera jamais payée. Il a enfermé la Grèce dans un carcan austéritaire pour les années à venir. La droite qui revient au pouvoir a un boulevard devant elle pour appliquer ses mesures.
Avant janvier 2015, vous pensiez qu’une victoire électorale de Syriza «servirait de locomotive à la gauche radicale en Europe». Qu’en est-il aujourd’hui de cette gauche radicale européenne?
C’est là que le désastre est peut-être le plus grand, sans minimiser ce que le peuple grec subit. En capitulant à l’été 2015 devant les institutions européennes, une semaine après un référendum où 62% des électeurs avaient rejeté un plan d’austérité moins lourd que celui qu’il a fini par accepter, Tsipras a donné le signal que la gauche radicale, une fois au pouvoir, faisait comme ses prédécesseurs. C’est le dégât le plus grave et le plus durable: il a tué l’espoir à l’intérieur du pays, mais a aussi envoyé le message à l’échelle européenne que la gauche, sociale-démocrate ou radicale, c’est la même chose que les partis du système. Après ça, c’est l’extrême droite qui apparaît à l’échelle européenne comme la seule alternative. Jusqu’à l’été 2015, la tendance était d’ailleurs favorable à des nouvelles formations de gauche radicales telles que Podemos, alors qu’après la capitulation de Tsipras, il y a eu une inversion. Par la suite, en dehors de la Grèce, c’est l’extrême droite qui apparaît comme la force qui capte l’essentiel de la colère populaire.
En l’occurrence en Grèce, le parti néonazi Aube dorée n’a plus de députés suite à ces élections. C’est la droite traditionnelle qui a gagné. Qui est le nouveau Premier ministre, Kyriakos Mitsotakis? Qu’incarne-t-il?
La seule nouvelle positive de ces élections réside effectivement dans l’éviction d’Aube dorée du parlement. Le procès des assassins de Pávlos Fýssas [rappeur et militant antifasciste grec tué en 2013 par un membre du parti grec d’extrême droite Aube dorée, ndlr] a joué un rôle pédagogique auprès de l’électorat. Mais un autre parti d’extrême droite a fait son entrée au Parlement, même s’il n’est pas néonazi ni violent: Solution grecque. Mitsotakis est l’héritier d’une dynastie politique qui a régné et gouverné à plusieurs occasions dans les années 1960 puis 1990. Il représente une droite néolibérale de choc. Il s’est par exemple enorgueilli d’avoir licencié plusieurs milliers de fonctionnaires lorsqu’il était ministre de la fonction publique. Traditionnellement son clan est associé à une politique atlantiste liée à l’Allemagne, et extrêmement néolibérale. Mitsotakis a annoncé la suppression de toute limitation du temps de travail, la privatisation du système de retraite et de santé au cours de sa campagne. Son parti, Nouvelle Démocratie, a cependant intégré des cadres politiques issus de l’extrême droite, qui occupent des postes clés et qui feront sans doute parti du prochain gouvernement, comme Ádonis Georgiádis, et Makis Voridis, qui sont issus de l’extrême droite grecque dure.
Diem, le parti de l’ancien ministre de Finances, en rupture avec Tsipras, Yanis Varoufakis, a remporté neuf sièges. Est-ce que cela signifie que certains électeurs croient encore à une solution électorale de gauche?
Varoufakis a réussi à occuper partiellement un champ électoral stable depuis septembre 2015, où l’ensemble des formations à gauche de Syriza ont obtenu à peu près 10% des voix. La principale formation de ce groupe est le Parti communiste grec, très sectaire et stalinien, qui stagne à un étiage de 5,5% des voix. Le parti de Varoufakis, qui n’existait pas en 2015, peut devenir un pôle qui rassemble des petites forces en présence. Mais je voudrais mettre l’accent sur le fait que c’est un parti qui n’existe que par la personnalité et la présence médiatique de son dirigeant. Et qu’il est dépourvu d’ancrage dans la société. C’est une métapolitique qui se joue sur les médias et les réseaux sociaux. Pour la gauche radicale, on entre dans un cycle de reconstruction long. Celle-ci sera appelée à inventer des formes nouvelles.
Y a-t-il un mouvement populaire en recherche d’alternative antilibérale en Grèce, ou l’abattement a-t-il pris le dessus?
C’est une société traumatisée et démoralisée, où les gens sont complètement absorbés par des impératifs de survie individuelle. Syriza a fait mieux que prévu à ces élections – plus de 30% – car il y a eu une logique de moindre mal face à la perspective du retour d’une droite néolibérale. Mais Tsipras a tué l’espoir. La passivité de la société a dominé pendant ces quatre années. Je n’ai jamais connu la société grecque dans cet état, à la fois en termes de situation sociale très dure, mais aussi d’anesthésie culturelle et morale. (Entretien publié par Les Inrockuptibles, le 8 juillet 2019)
Stathis Kouvélakis est professeur de philosophie politique au King’s College de Londres et membre du parti de gauche radicale grec Unité populaire (né d’une scission avec Syriza).
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Comment les capitulations de Syriza ont permis à la droite grecque d’échapper à la poubelle de l’histoire
Par Yanis Varoufakis
Le référendum trahi du 5 juillet 2015
L’accolade de la gauche à l’austérité a créé les conditions du retour d’une oligarchie parasitaire et cruelle.
La droite grecque est de retour: plus avide, plus laide et plus concentrée que jamais. Le nouveau gouvernement de Nouvelle Démocratie est déterminé à reprendre le contrôle total de l’Etat au nom du segment le plus parasitaire de l’oligarchie grecque et, bien sûr, des créanciers impitoyables de notre pays.
Kyriakos Mitsotakis, le nouveau Premier ministre, est issu d’une des dynasties responsables de la faillite perpétuelle, de la corruption et de la soumission à l’oligarchie atlantiste sans frontières de la Grèce. Fait révélateur, il s’est entouré, d’un côté, d’apparatchiks liés aux fonds vautours et aux banques en faillite et, de l’autre, à d’anciens fascistes ultra-nationalistes.
Ensemble, les réactionnaires hétéroclites de M. Mitsotakis prévoient de déclencher une nouvelle guerre de classe contre un peuple qui a déjà presque tout perdu, contre les minorités, contre notre environnement, contre la décence.
Comment est-ce arrivé? Il y a quatre ans à peine, les électeurs grecs ont donné à Syriza, le parti de la gauche radicale, le mandat de destituer les oligarques et de confiner la Nouvelle Démocratie à sa place légitime – la poubelle de l’histoire. Le 25 janvier 2015, rattrapé par l’excitation du moment, j’ai cité Dylan Thomas [poète gallois du XXe siècle] pour transmettre un message d’espoir aux progressistes du monde entier: «La démocratie grecque, écrivais-je, a choisi aujourd’hui d’arrêter d’aller doucement dans la nuit. La démocratie grecque a décidé de s’enrager contre la mort de la lumière.»
Alors, qu’est-ce qui a mal tourné? Qu’est-ce qui a permis la restauration d’un régime autoritaire et incompétent qui a détruit la Grèce avant d’en faire une dure prison pour le débiteur dont l’émigration était, et demeure, la seule issue? Quand mes compatriotes grecs ont-ils cessé de s’enrage contre la longue nuit de notre servitude pour dettes? La réponse est: la nuit du dimanche 5 juillet 2015.
La nuit avait brillamment commencé. Le peuple grec s’était rendu en masse dans les bureaux de vote pour dire un «non» retentissant lors d’un référendum organisé par notre gouvernement à bref délai. Ce brave non s’adressait à la troïka des créanciers (la Banque centrale européenne, la Commission européenne et le Fonds monétaire international) qui, le 25 juin 2015, avait lancé un ultimatum implacable à la nation: succomber à de nouvelles mesures d’austérité inhumaines en échange de nouvelles cartes de crédit énormes pour obtenir des fonds, ou risquer de se faire jeter hors de l’euro et d’être forcé à passer à une nouvelle monnaie nationale.
La grande majorité des 62% qui ont dit non à l’ultimatum de la troïka savaient exactement ce qu’ils disaient et les risques qu’ils couraient en le disant. Des commentateurs malhonnêtes tentent de dépeindre notre peuple comme une illusion, citant ce qu’ils considèrent comme une «contradiction»: la plupart de ceux qui ont voté non ne voulaient pas que la Grèce quitte l’euro. Bien que cela soit vrai, préférer rester dans l’euro et voter non à ceux qui nous menacent de Grexit est tout aussi contradictoire que de dire qu’en 1939, le peuple britannique désirait la paix tout en soutenant la détermination de Winston Churchill à défendre la nation contre l’agression de l’Axe.
Ce que le peuple grec nous avait dit, à nous, son gouvernement, lors de ce référendum de 2015, était tout à fait sensé: «Nous ne voulons pas quitter l’euro ni nous heurter à l’Union européenne. Mais, si l’Union européenne exige de vous, de notre gouvernement, l’intensification du cercle vicieux de l’austérité-insolvabilité qui oblige nos jeunes à émigrer et l’expropriation de ce qui reste de nos biens publics, ne vous rendez pas – même si Grexit est le prix à payer.»
Cette nuit-là, alors que notre peuple était dans la rue pour célébrer sa remarquable victoire, les représentants politiques de l’oligarchie grecque étaient en lambeaux. Le chef de Nouvelle Démocratie a démissionné, les cadres du parti se sont vautrés dans un profond désespoir, l’oligarchie qu’ils représentaient était dans un état de panique. Hélas, ils s’inquiétaient inutilement. En effet, au même moment, un coup d’Etat a été perpétré contre la population dans le bureau de mon collègue, le premier ministre.
Dès que je suis entré dans le bureau d’Alexis Tsipras, il m’a dit qu’il avait décidé de se coucher, d’ignorer le Non du peuple et de se ranger du côté de Nouvelle Démocratie afin de faire adopter par le parlement les projets de loi par lesquels la Grèce faisait acte de reddition, une fois encore, face à la troïka. Comme je n’ai pas réussi à le dissuader, j’ai démissionné de mon poste de ministre des Finances. Quelques heures plus tard, M. Tsipras a convoqué une réunion avec le chef par intérim de Nouvelle Démocratie et les dirigeants des autres partis pro-troïka, dont il avait besoin au parlement pour faire passer le troisième «plan de sauvetage» (mémorandum). C’est à ce moment que Nouvelle Démocratie a été retirée de la poubelle de l’histoire et placée sur une voie menant, avec une précision mathématique, à la victoire électorale.
Depuis cette nuit-là, le parlement grec a été le théâtre d’une tragicomédie qui a duré quatre ans: les députés syriziens ont adopté des projets de loi d’austérité et de vente au rabais (privatisations) avec lesquels ils n’étaient pas d’accord, alors que, de l’autre côté, les députés de Nouvelle Démocratie les ont rejetés – malgré leur approbation. Je ne comprends pas comment mes anciens collègues se sont convaincus que cela ne se terminerait pas par une défaite dévastatrice pour Syriza.
La capitulation inconditionnelle de la Syriza devant la troïka aurait suffi pour faire renaître Nouvelle Démocratie. Hélas, le gouvernement de M. Tsipras s’est donné beaucoup de mal pour s’aliéner les progressistes qui l’ont élu en se rendant sur tous les fronts imaginables. Sa soumission non forcée au statu quo a démontré une facilité à trahir par hasard chacun des principes les plus chers à la gauche.
En approuvant l’accord inexcusable d’Angela Merkel avec le président turc de plus en plus dictatorial (soudoyant de fait Recep Erdogan pour permettre à l’Europe de violer ses obligations légales envers les réfugiés), M. Tsipras a détruit l’âme des partisans de Syriza pour lesquels la défense des miséreux de la terre était essentielle.
En partageant des licences de télévision lucratives entre des oligarques traditionnels et des ascendants louches proches du cercle de M. Tsipras, un autre principe de gauche a été trahi. La dernière ignominie est venue lorsque M. Tsipras est apparu à la télévision avec Benyamin Netanyahou, saluant une nouvelle alliance entre la Grèce, Israël, Chypre et les multinationales pétrolières, avec le soutien actif du président Trump, pour exploiter conjointement la Méditerranée orientale – tout en introduisant la fracturation hydraulique en Epire (entre la Grèce et l’Albanie) et en livrant la Thrace et la Macédoine orientale à plusieurs gazoducs et oléoducs. Pour un parti qui avait coopté les Verts grecs, sur la promesse de promouvoir un agenda écologiste, c’était une capitulation plus mémorable que celle du 5 juillet 2015.
L’une de mes conceptions sur le mal que je dois à mon père était son récit effrayant de la façon dont, dans un camp de concentration pour militants de gauche à la fin des années 1940, leurs bourreaux fascistes cherchaient activement à les briser et à les faire torturer leurs camarades en échange d’avantages. En 2015, M. Tsipras a été soumis à une tactique similaire.
Avant 2015, le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, et plus généralement la direction de la troïka, était désireux d’enrôler un parti de gauche pour au moins trois raisons importantes.
La première était qu’ils avaient besoin d’un prétexte pour écraser l’Etat grec avec un autre vaste prêt. Compte tenu de son insolvabilité permanente et de l’expiration du prêt de 2012, le gouvernement avait besoin soit d’un nouveau prêt, soit d’un allégement de la dette. Toutefois, Schäuble et la troïka s’étaient engagés à ne satisfaire ni l’un ni l’autre. La détermination déclarée de notre gouvernement à lutter pour l’allégement de la dette, au lieu d’un troisième prêt, aurait forcé Schäuble à prétendre que, bien qu’un troisième prêt ait été inutile, il était devenu nécessaire en raison de la mauvaise gestion économique de la Syriza. L’abandon de Tsipras libéra ainsi Schäuble d’un dilemme qu’il avait lui-même créé.
La deuxième raison était que Schäuble voulait utiliser un troisième prêt pour exproprier, au nom des créanciers, tous les actifs lucratifs encore en possession de l’Etat grec. Avec un gouvernement de gauche, anciennement anti-troïka, la mise en œuvre de ce raid époustouflant a été légitimée parfaitement.
L’Espagne a été la troisième motivation de la troïka qui a fait plier M. Tsipras devant sa volonté. Le jour où le gouvernement grec a signé son document de reddition à Bruxelles, le Premier ministre conservateur espagnol Mariano Rajoy a agité un morceau de papier portant la signature de Tsipras et, s’adressant à son audience nationale, a déclaré: «C’est ce qu’on obtient si on vote pour le Syriza espagnol [Podemos].» A partir de ce moment, le déclin constant de Podemos jusqu’au point d’insignifiance politique a commencé.
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Le gouvernement Mitsotakis
Kyriakos Mitsotakis est le nouveau Premier ministre grec le plus chanceux de ces derniers temps, et il doit en remercier le gouvernement sortant de Syriza.
En août dernier, l’administration de M. Tsipras a conclu le troisième mémorandum et, sous couvert de mettre fin au programme de sauvetage, a conclu le quatrième et plus long accord avec la troïka. La seule différence réelle avec les accords de prêt précédents était que le quatrième prêt impliquait relativement peu d’argent à l’avance. L’essentiel de l’aide financière a pris la forme de rééchelonnement, puisque plus de 100 milliards d’euros de remboursements que l’Etat grec aurait dû effectuer entre 2021 et 2030 ont été repoussés au-delà de 2032 (intérêts compris, bien sûr). En échange, M. Tsipras a accepté une austérité permanente jusqu’en 2060.
Et c’est là que réside le paradoxe: alors que l’insolvabilité de l’Etat s’est aggravée, le gouvernement Mitsotakis sera le premier depuis la crise à ne pas avoir à s’inquiéter de devoir rembourser des sommes importantes aux créanciers. Ainsi, les conservateurs grecs sont maintenant, grâce à la Syriza, libres de construire leur régime comme bon leur semble.
Une inspection de la distribution et du programme du nouveau gouvernement montre qu’il vise à trouver une solution lettone [en décembre 2013, Le Monde titrait: «La Lettonie, championne d’Europe de l’austérité»] à notre Grande Dépression permanente: la lutte contre le sous-emploi par l’émigration d’un nombre encore plus important de jeunes; la soumission des travailleurs restants à des conditions médiévales; la dévastation des petites entreprises dont la part de marché sera reprise par des oligopoles multinationaux soutenus par la troïka; le recours au système bancaire pour blanchir l’argent sale; la cession des biens publics et des biens des ménages endettés aux fonds vautours; et l’Etat trop pauvre pour aider les faibles mais toujours si généreux pour les puissants.
Comme cette guerre des classes nue provoquera une résistance considérable, je m’attends à ce que le nouveau gouvernement devienne vicieusement autoritaire. Déjà, les cadres de Nouvelle Démocratie annoncent de nouvelles lois draconiennes contre la dissidence. L’alliance des néolibéraux et des post-fascistes qui entrent dans les ministères grecs va travailler pour violer les libertés civiles fondamentales au nom du… libéralisme économique.
La seule lueur d’espoir dans ce sombre paysage est l’entrée de MeRA25, l’aile électorale de DiEM25 [Mouvement pour la démocratie en Europe 2025] en Grèce, au parlement. Neuf d’entre nous ont été élus, malgré l’absence de financement et une campagne soutenue de diffamation contre nous par Nouvelle démocratie et le gouvernement de M. Tsipras.
Contrairement aux députés de Syriza, qui manqueront de crédibilité dans l’opposition, nos députés et militants mèneront la résistance, à l’intérieur comme à l’extérieur du parlement, contre l’oligarchie parasitaire et cruelle que Nouvelle Démocratie s’efforcera d’ériger sur la base du quatrième accord de sauvetage de M. Tsipras. Avec nos camarades en Europe, au Royaume-Uni et dans le monde, nous travaillerons pour un New Deal vert afin de prévenir un changement climatique apocalyptique.
Le pourcentage de vote en faveur de MeRA25 était faible (3,4%). Mais, avec la formidable nouvelle que les nazis d’Aube dorée ont été expulsés du parlement, ce petit nombre est assez grand pour faire une différence cruciale – tout comme une petite bougie dont la lumière est capable de pénétrer l’obscurité. (Article publié dans NewStatesman, le 8 juillet 2019; traduction A l’Encontre)
Yanis Varoufakis est l’ex-ministre grec des Finances du gouvernement Tsipras de janvier à juillet 2015 et le leader de DiEM25.