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La Californie requalifie en salariés les chauffeurs d’Uber et Lyft
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
La loi, qui met fin au statut de travailleur indépendant pour les entreprises de la « gig economy », menace le coeur du modèle économique des VTC. Selon la banque Morgan Stanley, le statut de salarié des chauffeurs va augmenter les coûts des deux applis leader de 35 %.
L'Etat où Uber, Lyft, Instacart, Doordash et la majorité des applications de la « gig economy » sont nées vient d'abattre l'un des piliers de leur ascension et de jeter le doute sur leur avenir. Après l'Assemblée le mois dernier, le Sénat de Californie a adopté mardi soir un projet de loi requalifiant les chauffeurs, coursiers et autres personnes effectuant des petits boulots en salariés.
Jusqu'à présent sous le statut de travailleur indépendant, ils ne bénéficiaient pas de contrat de travail leur garantissant un salaire minimum, une assurance santé ou le droit de se syndiquer. Selon une étude publiée par l'Economic Policy Institute en mai dernier, le revenu médian des chauffeurs Uber et Lyft s'élevait à 9,21 dollars l'heure, en dessous du salaire minimum de 15 dollars en vigueur en Californie .
Tremblement de terre
La loi, qui concerne au moins 1 million de personnes, doit être signée prochainement par le gouverneur californien. Celui-ci a déjà annoncé son soutien, mais il a affirmé, selon des propos rapportés par le « Wall Street Journal » qu'il avait l'intention de « rester à la table de négociations et de continuer à négocier » même s'il ne parvenait pas à trouver un accord avec Uber et Lyft avant la fin de la session parlementaire. Du coup, à Wall Street, l'action de Lyft grimpait de 4,9% et celle de Uber montait de 1,8% en séance.
Le texte voté par le Sénat californien n'en représente pas moins un tremblement de terre pour les VTC et les applications de livraison de nourriture, mais aussi des sociétés d'autres secteurs, comme les salons de beauté. « Ces sociétés de l'économie à la demande se présentent comme le monde innovant de demain, un futur où les sociétés ne paient pas la sécurité sociale ou Medicare. Soyons clair : il n'y a rien d'innovant à sous-payer quelqu'un pour son travail », a réagi la sénatrice Maria Elena Durazo.
Les démocrates californiens espèrent aussi récupérer une manne fiscale. Selon leurs estimations, le statut de travailleur indépendant fait perdre 7 milliards de dollars par an de taxes au Golden State.
L'annonce est un nouveau coup dur pour Uber et Lyft. Les numéros un et deux des VTC aux Etats-Unis, avec Doordash, avaient proposé un accord créant une nouvelle catégorie entre le travailleur indépendant et l'employé, pour à la clef un salaire de 21 dollars de l'heure pendant les courses et une meilleure représentation des chauffeurs. Un entre-deux rejeté par les élus démocrates, qui adoptent des législations de plus en plus progressives à contre-courant de l'administration fédérale.
Ces entreprises prévoient désormais de dépenser 90 millions de dollars pour tenter d'obtenir une exemption en soumettant un référendum aux citoyens de l'Etat en novembre 2020. Ses chances de passer étant faibles, reste à voir comment elles vont s'adapter. Selon elles, elles vont devoir réduire la flexibilité des chauffeurs et avec, le nombre de voitures disponibles à tout moment.
Vers une hausse de la course
La banque Morgan Stanley a estimé que le passage au statut de salarié des chauffeurs augmentera leurs coûts de 35 %. Une hausse qui risque de faire encore croître leurs tarifs, alors que ceux-ci ont déjà grimpé ces derniers mois.
La menace est lourde alors que la loi, qui codifie et étend un arrêt de la Cour suprême californienne de 2018, est susceptible d'influencer d'autres Etats. La ville de New York a déjà adopté un texte obligeant les plates-formes VTC à payer le salaire minimum à leurs chauffeurs. Une coalition d'associations poussent, elles, à l'adoption d'une législation similaire à celle californienne dans l'Etat de New York. Des textes proches rejetés par le Parlement dans l'Etat de Washington et d'Oregon pourraient, eux, être à nouveau remis sur la table.