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RATP : vers une grève «illimitée» en décembre ?
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
https://www.liberation.fr/france/2019/09/13/ratp-vers-une-greve-illimitee-en-decembre_1751090
Réunis ce vendredi matin à l'appel de l'intersyndicale, plusieurs centaines d'agents étaient venus symboliquement protester contre le projet de réforme des retraites au siège de l'entreprise publique.
Ce vendredi matin, Pierre (1) et ses collègues observent les bouchons se former devant le siège de la RATP avec une certaine satisfaction. «On est peut-être les seuls à regarder les embouteillages comme ça dans tout Paris. On est agréablement surpris, parce qu’en général les manifestations ne sont pas très suivies. Là, il n’y a qu’à regarder le trafic partout dans les rues pour comprendre qu’on a frappé un grand coup», abonde l’agent du métro. Pour cette première journée de mobilisation contre le projet de réforme de retraite, dix lignes sont fermées et le taux de grève frôle les 100% pour les métros et RER, selon l’Unsa.
Une «bonne surprise» pour Christian Gaspy, 53 ans, agent des gares, venu manifester au siège de la RATP à Paris à l’appel de l’intersyndicale. «On fait un travail avec de la pénibilité, les gens voient qu’on est derrière le guichet mais on travaille de jour et de nuit et on est un des métiers qui compte le plus fort taux de divorce», explique-t-il. Principal point de crispation pour les manifestants : la refonte du système des retraites prévoit de supprimer le régime spécial, «le seul avantage qu’il nous reste encore», regrette le salarié. «Il ne faut pas croire qu’on est des privilégiés. Je touche 2 600 euros brut après trente ans de carrière», regrette Florence Eschmann, conductrice de métro. «Mettez-vous à notre place, on a signé un contrat en entrant. Dès le départ, il y avait deux colonnes, d’un côté les inconvénients et de l’autre les avantages. Aujourd’hui, on nous dit : les inconvénients restent, mais pas les avantages. Tous ceux à qui on ferait ça, même dans le privé, ils seraient dans la rue», avance Peter Gerard, 42 ans, conducteur de métro.
Avec le succès de cette première journée de mobilisation, un bruit revient avec de plus en plus d’insistance dans les rangs. Après ce premier acte, ils envisagent désormais de poursuivre le mouvement en décembre, en grève illimitée cette fois. «Tant que la réforme ne sera pas retirée, on fera grève», explique un manifestant. L’idée séduit y compris dans les rangs de l’Unsa, premier syndicat à la RATP. «Si même nous on veut partir en illimité alors qu’on est plutôt dans la négociation et dans la discussion d’habitude, il faut se poser les questions», assure un militant de l’organisation.
Car, avec cette réforme, le gouvernement a franchi un point de non-retour, considèrent les agents de la RATP. La plupart rejettent catégoriquement le projet dans son ensemble. «Ils veulent nous faire travailler plus longtemps. Mais, au moindre problème de santé, à l’œil au cœur ou autre, on est considéré comme non utilisable. Comment va-t-on conduire après 60 ans ?» s’interroge Peter Gerard. L’un de ses collègues nous montre son téléphone. Sur l’écran, une simulation de sa pension de retraite dans les conditions actuelles. «Si je pars à 52 ans, comme c’est permis aujourd’hui, je touche 1 451 euros brut. Vous pensez qu’on peut vivre avec ça ? Avec leur réforme, ça sera pire. On devra travailler même après la retraite», regrette-t-il.
(1) Le prénom a été modifié.
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La mobilisation à la RATP fait une pause après une première réussie, selon les syndicats, ce vendredi 13. Tous veulent continuer la lutte dans les prochaines semaines mais divergent sur la marche à suivre.
« Et maintenant, grève illimitée en décembre! » Sous les hourras d'une foule de plusieurs dizaines de syndicalistes massés dans le hall de la Maison de la RATP, gare de Lyon à Paris (12e), des conducteurs de métros de SUD et de l'Unsa lancent un pavé dans la mare. Pour eux, cette journée de mobilisation est couronnée de succès, et ils voient déjà plus loin pour faire plier le gouvernement sur son projet de réforme des retraites.
Avec des taux de grévistes de près de 100 % dans certaines directions, comme chez les conducteurs du RER B, et même de plus de 60 % chez les cadres, l'ampleur de la mobilisation, jamais vue depuis douze ans, a donné de l'espoir aux syndicats. Devant le siège de l'entreprise, des militants syndicaux de toutes les organisations, dans une ambiance bon enfant sous les yeux de dizaines de CRS, répètent à l'envi les raisons de leur colère : toucher à la retraite, « c'est inacceptable ». « Quand je suis rentré à la RATP il y a 30 ans, on nous promettait une retraite, et, juste avant de l'avoir, on veut nous l'enlever », fulmine Pascal, 53 ans, employé aux ressources humaines et syndiqué CGT.
Paris (12e), ce vendredi. Patrice et Pascal (de g. à dr.), syndiqués CGT. (LP/J.-G.B.)
« C'est du vol qualifié, s'emporte Patrice, 50 ans dont 28 à la RATP. Cette retraite, c'est notre épargne. » Les agents sous statut RATP, peuvent, selon leur métier, partir entre 50 et 60 ans à la retraite. Un conducteur de bus part en général à 56 ans, un conducteur de métro ou de RER un peu plus tôt, vers 52 ans, avec une retraite calculée sur les six derniers mois de salaire. Le nouveau système par points envisagé par le gouvernement pourrait faire baisser les pensions « de 20 à 30 % », redoutent les syndicats.
D'où la mobilisation très forte enregistrée ce vendredi. Même chez les cadres, « chez qui il y avait une pression pour ne pas cesser le travail », affirme Frédéric Ruiz, de la CFE-CGC.
Les trois syndicats principaux de la RATP ont ensuite été reçus par la direction, qui n'a fait « aucune proposition », déplorent l'Unsa, la CGT et la CFE-CGC. Ils insistent pour qu'elle remonte auprès du gouvernement leurs revendications : « Véritables négociations, maintien des compensations et garanties concrètes rapidement. » Le secrétaire d'Etat aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari, est venu à leur rencontre promettre de « travailler les modalités de la convergence vers un système de retraites universel, juste et solidaire ».
Mais les syndicats n'y croient pas. « Ce n'est pas plus juste, ce n'est pas pérenne, le régime général sera réduit à peau de chagrin », estime Frédéric Ruiz. Reste à savoir comment ils vont continuer à mettre la pression.
Journée d'action de la CGT le 24 septembre
Si, à l'Unsa, des conducteurs rejoignent l'idée de faire une grève illimitée en fin d'année, à la tête du syndicat on se veut plus prudent. « Ce n'est pas décidé », indique Thierry Babec, secrétaire de l'Unsa RATP, qui aimerait « rallier d'autres secteurs, comme le bâtiment, les métiers de bouche ou le transport routier ».
Côté CGT aussi, on évacue la possibilité d'une grève illimitée à la RATP. « Nous privilégions des journées d'actions interprofessionnelles, comme celle du 24 septembre à l'appel de la CGT. Si ce n'est que la RATP seule, il y a un risque corporatif de nous isoler. Plus on sera nombreux, plus on sera efficace », prévient Jacques Eliez, dirigeant confédéral de la CGT. Des collègues syndicalistes de SUD-Rail, venus de la SNCF, étaient d'ailleurs présents, appelant à l'union des forces. Mais rien n'est encore décidé dans les centrales.
Pour cette journée historique, les Franciliens semblent avoir pris leurs dispositions. Pas de cohue dans les rares lignes de métros en service, des quais de RER quasi désert le matin, et des moyens de transport alternatifs(VTC, vélos, trottinettes et scooters en libre-service) pris d'assaut. Les bouchons sur la route, surtout ce vendredi soir, étaient toutefois bien supérieurs à la normale. Et laissent entrevoir le chaos que pourrait donner une mobilisation encore plus grande en Ile-de-France.
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La première journée de grève contre la réforme des retraites a été très suivie à la RATP. Lors de l'envahissement du siège de la RATP , les grévistes ont exprimé leur combativité et leur envie d’aller jusqu’au bout.
Une mobilisation historique à la RATP
Les chiffres étaient historiques ce matin avec 90% de roulants en grève, et entre 60 et 98% de grévistes dans l’encadrement selon les secteurs d’après la CFE-CGC. Dix lignes de métro ont ainsi dû être arrêtées totalement. Le trafic a ainsi été extrêmement perturbé dans les transports en commun et sur les routes cumulant plusieurs centaines de kilomètres de bouchons.
Une mobilisation massive, la plus forte jamais vu depuis 2007, pour s’opposer à la réforme des retraites et à l’attaque contre les régimes spéciaux, qui vise à aligner à la baisse l’ensemble des régimes de retraites, effaçant au passage tous les acquis sociaux de secteurs qui bénéficient de régimes qui compensent la pénibilité de leurs métiers.
A Bercy, les grévistes et leurs soutiens cheminots vers une grève illimitée ?
A Bercy où les grévistes s’étaient rassemblés, le siège de la RATP a été envahi et des prises de paroles ont eu lieu. La nécessité d’une convergence avec les autres secteurs pour faire tomber la réforme des retraites était sur toutes les lèvres.
Dans sa prise de parole, le secrétaire général de l’UNSA-RATP a affirmé sa détermination à ne pas attendre l’avis de l’UNSA pour rejoindre la date du 24 septembre, une référence à peine voilée aux déclarations du secrétaire général de l’UNSA la veille, qui expliquait ne pas vouloir mener « des combats qui paraissent perdus d’avance ».
Un représentant de SUD-RATP s’est également exprimé pour appeler à la fin des négociations, la « grève illimitée » et la convergence. Des mots d’ordre repris en chœur par les grévistes, scandant « Illimitée en décembre ».
dicats RATP appellent déjà à des grèves illimitées en décembre et au rassemblement avec la SNCF
Des cheminots étaient également présents pour défendre la convergence et ont été accueillis chaudement. Fabien Villedieu, délégué syndical SUD-RAIL, s’est ainsi exprimé sous les applaudissements en appelant à « partir ensemble » la prochaine fois. « Les retraites elles valent la peine qu’on se batte jusqu’au bout pour elles » a-t-il conclu.
Des discours combatifs qui reflètent une très forte radicalité à la base, et l’envie d’aller jusqu’au bout.
Pour cela les grévistes en sont convaincus, il faudra fédérer et s’opposer à la tentative médiatique d’opposer les « privilégiés » des régimes spéciaux aux salariés du privé. « Les six derniers mois ils disent que ce n’est pas équitable ? Mais tout le monde devrait avoir les six derniers mois ! Il faudrait que ce soit tout le monde pour qu’on élève les retraites vers le haut » expliquait à Révolution Permanente Eric, chauffeur de bus aux Lilas syndiqué CGT. Un constat partagé par Patrick, chauffeur de bus lui aussi syndiqué CGT : « Ils veulent faire une retraite unique ? Bah on va vers le haut ! ».
Dans certains dépôts une réflexion sur l’organisation d’une grève reconductible est déjà en cours, comme à Lagny où Frédéric, non syndiqué, revendique la nécessité d’un contrôle de la base sur le mouvement. « C’est la base qui décide et pas le contraire. Si la base on décide pas et que les autres décident à notre place c’est comme la politique, on nous impose des trucs. » Une vision que l’on retrouve chez un autre adhérent CGT, commentant le mot d’ordre de « grève illimitée » : « Le slogan qui vient d’être envoyé c’est aussi un avertissement à nos responsables locaux dans les syndicats, il va falloir qu’ils nous écoutent et qu’ils fassent le nécessaire pour qu’on obtienne satisfaction. »
Une première étape vers un « tous ensemble » ?
La question se pose maintenant de savoir quelle suite va être donnée à cette première journée massive contre la réforme des retraites. Si du côté de la base de la RATP la perspective de la grève illimitée à partir du 30 novembre semble très populaire, il semble que les directions des confédérations syndicales ne soient pas du même avis...
Après la direction de l’UNSA, le jeudi, c’est au tour de Philippe Martinez, de freiner la base qui aujourd’hui revendique un durcissement du mouvement de grève de manière "illimitée". Philippe Martinez expliquait ce matin sur France Info ne pas souhaiter que la grève soit reconduite, expliquant : « Nous ce qu’on souhaite, c’est que le gouvernement accepte de discuter du problème des retraites autrement que de la façon dont il l’a engagée. » et demandant de véritables négociations…
Une réponse qui ne sera surement pas du goût de tous ceux qui se sont mobilisés aujourd’hui et exigent un plan de bataille à la hauteur de l’enjeu, décidé et contrôlé à la base, en convergence avec l’ensemble des secteurs du mouvement ouvrier et tous ceux qui s’opposent au gouvernement, des Gilets jaunes aux quartiers populaires en passant par la jeunesse. Comme le disent les grévistes, cela passera par un durcissement du mouvement par la reconductible pour que la RATP puisse être la première locomotive d’un « tous ensemble » contre les retraites.