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    Pour une agriculture paysanne… par-delà les frontières

    agriculture

    Lien publiée le 28 novembre 2024

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    Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

    https://lanticapitaliste.org/arguments/pour-une-agriculture-paysanne-par-dela-les-frontieres

    L’accord de libre-échange du Mercosur met à mal les productions agricoles vivrières et les revenus des paysans, sans aucune réflexion sur les changements climatiques. Il est emblématique d’un modèle économique et écologique en bout de course. 

    Mercosur : non merci, c’est sûr !

    Contrairement à ses annonces de février dernier, Macron n’a rien fait pour changer l’accord de libéralisation du commerce entre l’UE et les pays du Mercosur (Argentine, Uruguay, Brésil, Paraguay, Bolivie).

    Malgré l’opposition développée par une coalition de 450 organisations trans­atlantiques (Stop UE-Mercosur) dont une cinquantaine en France (CGT, Attac...) et en dépit de la nouvelle mobilisation du monde agricole en Europe et du rejet des opinions publiques, la Commission européenne refuse toujours de rouvrir les négociations sur le fond. 

    Les médias, les parlementaires, les organisations n’ont pas accès aux documents de la négociation, alors que l’accord serait signé fin 2024. La Commission européenne qui dispose d’un mandat de négociation au nom des 27 États membres, peut passer outre l’opposition de l’Autriche, des Pays-Bas, de l’Italie, de l’Irlande, de la Belgique, de la Pologne. 

    Contraire à l’urgence climatique et sociale

    L’accord du Mercosur répond aux intérêts des multinationales et ignore les droits sociaux et la protection de la planète. D’un côté, c’est un débouché pour les firmes européennes pour écouler les voitures, machineries, produits pharmaceutiques, équipements de haute ­technologie. De l’autre, sa ratification encouragera l’agrobusiness à produire toujours plus en Amérique du Sud, dans des conditions sociales et environnementales déplorables et contraires à la lutte contre le réchauffement climatique. 

    Ce sera 99 000 tonnes de viande bovine sur le marché européen en plus des 30 000 tonnes actuelles, avec des droits de douane ­diminués, plus 180 000 tonnes de volailles, 25 000 tonnes de porcs, 180 000 tonnes de sucre, 450 000 tonnes d’éthanol... Une vraie incitation à la surproduction de produits dopés aux pesticides, dont ceux que l’Europe interdit sur son sol mais refourgue en toute logique néocoloniale. Une incitation également à déforester davantage, à détruire la biodiversité, à produire des tonnes de GES (gaz à effet de serre) ­supplémentaires. 

    L’accord commercial concerne aussi le secteur minier, en particulier celui de l’extraction du lithium dont la Bolivie et l’Argentine (et le Chili) seraient riches. L’exploitation du lithium, convoité pour les batteries, utilise des quantités d’eau phénoménales pompées dans les nappes phréatiques. Cette exploitation enrichit les firmes souvent étrangères et fait payer les conséquences aux populations. 

    Un accord commercial défavorable aux paysans ici et là-bas

    Selon Maxime Combes (Attac) « le prix de la terre abordable, le climat favorable à une production abondante, le coût de la main-d’œuvre très faible, des normes moins strictes » pourront entraîner la disparition de producteurs en Europe, incapables de rivaliser avec les prix bas des produits importés, et impacter les emplois agricoles dans les pays du Mercosur : les monocultures d’exportation favorisent la concentration des exploitations au détriment de la paysannerie familiale et des cultures vivrières, détruisent les emplois, compliquent l’accès à la terre. De chaque côté de l’océan, nos intérêts sont communs. 

    Commission nationale écologie

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    « L’urgence, c’est de donner un revenu aux paysans »

    L’Anticapitaliste a posé trois questions à Dominique Soullier, paysan à la retraite et membre de Confédération paysanne dans l’Hérault. 

    Que vous pensez-vous du Mercosur ?

    Cela fait plus de trente ans qu’on est contre les accords de libre-échange, donc on n’a pas changé de vision des choses. Tous ces accords plus ou moins libéraux pour faire accélérer le commerce sont des trompe-l’œil. Surtout pour les paysans. Pour faire du commerce international, il n’y a pas besoin de ces accords. Derrière, il y a le dumping social avec des pays qui n’ont pas du tout les mêmes réglementations environnementales, mais surtout sociales. On peut commercer dans le monde entier sans avoir des accords de libre-échange où c’est l’agriculture qui sert de monnaie d’échange. Il y a 30 ans on avait démonté un MacDo, parce que l’OMC avait donné l’autorisation à l’Amérique de taxer tous les produits qui rentraient, dont le roquefort. On était un peu seuls à cette époque-là à être antimondialistes. Moi, ce qui m’intéresse, c’est de nourrir mes voisins. Ce qui ne veut pas dire qu’on n’est pas solidaires dans les endroits où il y a des problèmes s’il faut envoyer de la nourriture. Mais la base c’est de commencer par voir nos ressources et travailler sur du local, et après on verra s’il y a besoin de commercer avec divers pays, s’il y a vraiment besoin de rentrer du maïs, du soja aux OGM ou si on est en capacité de produire de l’alimentation pour nos animaux. 

    Qu’est-ce qu’il y a derrière les actions de la FNSEA, de la Coordination rurale et des Jeunes Agriculteurs ?

    Leur idée est de se faire voir par rapport aux élections dans les chambres agricoles qui ont lieu à la fin de l’année. Ils bougent et ils profitent de la misère et des problèmes agricoles, puisque l’agriculture ne va pas très bien en France, ni même en Europe. Les actions en cours détournent aussi une partie de la problématique et de la vérité. Ce sont des écrans de fumée pour montrer qu’ils sont là et qu’ils essaient de défendre les paysans alors que le Mercosur ne va pas faire rentrer de l’argent dans les caisses des paysans à court terme. Il y a énormément de besoins de trésorerie dans beaucoup de fermes. Ils veulent continuer à défendre un modèle en bout de course. 

    Quelles sont vos propositions à la Confédération paysanne ? 

    Nous, on se mobilise sur le Mercosur, mais de toute façon cela fait partie de notre ADN. On ne vient pas de le découvrir. On revendique depuis 30 ans un minimum de protectionnisme, soit en Europe, soit en France, pour que les paysans puissent vendre leurs produits, sans être agressés totalement par diverses ententes qui les plombent. Je veux dire, depuis le Rainbow Warrior, on a signé des belles ententes avec la Nouvelle-Zélande. Depuis, les éleveurs d’agneaux ont du mal à vendre leur viande d’agneau parce qu’on en importe trois fois plus que ce qu’on produit en France. À des prix défiant toute concurrence. En plus, l’économie ne se retrouve pas obligatoirement au niveau du consommateur. Et il y a un coût carbone qui est assez important. De même pour les céréales ou la viande de bœuf qui va monter d’Argentine. Les clauses miroirs, y croit qui veut. C’est une fois de plus un écran de fumée. 

    Et localement, vos combats concernent surtout la vigne… 

    Aujourd’hui, pour le monde viticole, il y a une mévente du vin mais des importations de vin importantes. Quand France AgriMer donne des subventions pour arracher, c’est fait, mais les paysans, ils remplacent par quoi ? L’Europe finance la replantation. Il y a un abandon complet et total de tout le monde sur la reconversion. Parce qu’aujourd’hui, on laisse les viticulteurs arracher et mettre ce qu’ils veulent. Le conseil départemental ne s’engage pas du tout sur le prospectif de la culture méditerranéenne, qui est en train de changer depuis 4-5 ans de façon accélérée à cause des problématiques climatiques. Le devenir de la culture méditerranéenne est en question. On va avoir des réfugiéEs climatiques en France. Qu’est-ce qu’on fait de tous ces paysans ? L’urgence, c’est comment les paysans peuvent avoir du revenu ? Comment créer un véritable revenu paysan ?

    Propos recueillis par Fabienne Dolet