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Sophie Béroud; "Le mouvement peut retrouver un second souffle tant la détermination semble forte"
Les brèves publiées dans cette rubrique « Informations et analyses » le sont à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Pour Sophie Béroud, politiste à l’université Lyon-II, la journée d’action du 9 janvier pourrait amplifier la contestation.
Alors que le mouvement social est entré dans sa quatrième semaine, Sophie Béroud, politiste à l’université Lyon-II, revient sur les caractéristiques et perspectives de la mobilisation sociale, la plus importante, selon elle, depuis celle de 1995.
Quelle analyse faites-vous du conflit social en cours ?
Le mouvement est assez original. On est dans une grève programmée. Le 5 décembre a été annoncé avec force et le gouvernement savait à quoi s’attendre. Cela a donné aux grévistes le temps de s’organiser, notamment sur l’anticipation des pertes de salaire – on le voit sur la question des caisses de grève. Cela montre aussi une forme d’apprentissage dans les pratiques de lutte par rapport à des moments antérieurs comme le conflit contre la loi travail de 2016. On voit une forte détermination à faire reculer le gouvernement.
Le fait d’être sur des pratiques de grève reconductible dans différents secteurs – SNCF, RATP et dans une certaine mesure chez les enseignants –, et non plus perlées comme ce fut le cas à la SNCF en 2018, est aussi à noter. Ces dernières années, il y a plutôt eu une prédominance de la manifestation comme forme d’action. L’idée est que mettre 2 millions de personnes dans la rue comme en 2010, c’est énorme mais ça ne suffit pas, qu’il faut réinvestir les lieux de travail et montrer que l’on est capable de bloquer l’outil de travail.
Le gouvernement est-il selon vous en train de jouer le pourrissement ?
En tout cas, il ne donne pas le sentiment de vouloir remettre au centre du jeu certaines organisations syndicales, comme la CFDT qui met au cœur de son action le dialogue social. Le fait qu’il n’y ait pas du tout d’ouvertures de ce côté-là alors que c’est la première organisation de salariés dans le public et le privé réunis donne l’impression que l’exécutif mise sur un essoufflement du mouvement. Il ne lui permet pas d’occuper une place qui, sur le papier, pourrait lui revenir, elle qui aspire à un rôle central dans le champ syndical.
En marginalisant la CFDT, ils font non seulement le pari du pourrissement du conflit mais aussi celui de bouleverser l’ensemble du champ. Si des syndicats comme la CGT, FO ou Solidaires parviennent à faire reculer le gouvernement, ils vont montrer toute la légitimité d’un positionnement combatif, d’un syndicalisme de lutte qui seul pourrait l’emporter face aux orientations de l’exécutif et aux différentes « contre-réformes » qui se sont accumulées.
Quel est l’héritage des « gilets jaunes » ?
Des graines ont été semées, notamment sur la détermination dans la lutte. L’année dernière, ça avait été une surprise pour les équipes syndicales de voir qu’un mouvement qui partait un peu de nulle part pouvait être aussi fort et faire reculer le gouvernement alors que les confédérations n’y étaient plus parvenues depuis longtemps.
Là, les équipes syndicales viennent montrer qu’elles peuvent être également déterminées et qu’en menant cette mobilisation à partir de la sphère du travail, elles peuvent aller aussi loin. On avait peut-être aussi trop vite conclu à un affaiblissement du syndicalisme par rapport aux « gilets jaunes ».
Comment expliquez-vous que, malgré l’appel à la trêve lancé avant les vacances par certaines directions syndicales, comme l’UNSA, celles-ci n’aient pas été suivies par une partie de leur base ?
Il y a toujours cette tension entre ce qui se passe au niveau des entreprises et dans les confédérations. Dans le cas présent, on est moins, selon moi, dans une critique des directions que dans une forme d’autonomie assumée des équipes mobilisées. Il y a une forme d’apprentissage des pratiques de lutte, de démocratie à la base, de conduite du mouvement tout en se donnant les moyens de le faire.
Doit-on s’attendre à des phénomènes de radicalisation ?
Ce qui est certain, c’est qu’il y a une détermination de la part des salariés mobilisés qui n’accepteront pas de reprendre le travail sur des concessions minimales. La grève est très longue et ils ont déjà beaucoup perdu.
Il est vrai aussi qu’une des graines semées par les « gilets jaunes », c’est que s’il faut aller à une confrontation plus « violente » pour se faire entendre, certains sont prêts à le faire. Les directions syndicales en sont conscientes. Ça les oblige à obtenir des choses conséquentes qui permettent d’appeler à une reprise du travail, même pour une organisation comme la CFDT. Ça peut laisser envisager que le conflit dure assez longtemps.
Comment envisagez-vous la poursuite du mouvement après les vacances de Noël ?
Il y a de fortes chances que le mouvement retrouve un second souffle tant la détermination semble forte, également du côté des enseignants. Il y a aussi d’autres secteurs mobilisés comme EDF ou les raffineries.
On va peut-être assister, comme en 2016, à une rotation des secteurs mobilisés qui permette au conflit de garder une densité et de maintenir un souffle de contestation. Je ne vois pas un apaisement à la rentrée mais plutôt une continuité et une amplification du mouvement avec la journée d’action du 9 janvier. Même si la date a pu apparaître comme lointaine à certains, ça fait un moment fort en perspective.
Quelle sortie de crise possible ?
Je ne vois pas de sortie possible sans que le gouvernement revoie largement sa copie ou ne retire la réforme pour la repenser. Mais, pour lui, ce serait se délégitimer complètement.
On est sur un bras de fer très dur. Le pari du pourrissement est une mauvaise stratégie car ça peut contraindre l’exécutif à reculer plus qu’il ne le pense. A partir du moment où il commence à lâcher pour certaines professions, il montre qu’il peut lâcher. Quelque part, il donne confiance à ceux qui sont mobilisés.
Après deux ans de concertation sur le sujet, ce conflit était-il évitable ?
Il y a eu un long processus instauré par le pouvoir en place sans que cela ne débouche sur un accord négocié, accepté. Pour le gouvernement, c’est une grosse perte de temps et une forme d’impuissance.
Il est pris au piège de sa propre conception de la démocratie sociale : on ne peut pas à la fois marginaliser les acteurs sociaux et penser qu’un dispositif de concertation va fonctionner. Il faut donner du contenu à ce dispositif. C’est un échec flagrant pour l’exécutif que d’aboutir, après deux ans de concertation, au plus gros conflit social depuis 1995.