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URSS - Le vieil étendard des tsars remplace le drapeau rouge

Lien publiée le 2 janvier 2020

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Le 25 décembre 1991, dans un discours face à l’Histoire, Mikhaïl Gorbatchev démissionne de son poste de président de l’Union des républiques socialistes soviétiques. Le lendemain, la deuxième puissance mondiale, dont le peuple avait repoussé les armées nazies, a officiellement cessé d’exister.

« J e mets fin à l’exercice de ma fonction de président de l’URSS. » Le 25 décembre 1991 en début de soirée, Mikhaïl Sergueïevitch Gorbatchev achève par ces mots son ultime allocution télévisée de chef de l’État soviétique, l’ultime allocution d’un chef d’État soviétique. Une autre image apparaît alors à l’écran : au sommet du Kremlin, le drapeau rouge avec le marteau et la faucille est abaissé. Pendant que la bannière prolétarienne disparaît dans la nuit, monte le vieux drapeau des tsars, blanc-bleu-rouge frappé de l’aigle bicéphale. Le lendemain, 26 décembre 1991, l’Union des républiques socialistes soviétiques a officiellement cessé d’exister. Dans ce discours, face à l’Histoire, le président rappela le sens du combat qu’il avait entrepris depuis 1985 avec la perestroïka : « J’ai fermement défendu l’autonomie, l’indépendance des peuples, la souveraineté des Républiques. Mais j’ai défendu aussi la préservation de l’Union, l’intégrité du pays. » Avant d’ajouter : « Les événements ont pris une tournure différente. La ligne de démembrement du pays et de dislocation de l’État a gagné et cela, je ne puis l’accepter. »

Un coup d’État perpétré par plusieurs dirigeants

Avant de quitter la scène politique, ­Gorbatchev dresse un bilan positif de ses six années à la tête du parti et de l’État en matière de développement de la démocratie (élections libres, multipartisme, liberté de la presse) ; dans le domaine de la politique étrangère : « Nous nous sommes ouverts au monde, nous avons renoncé aux ingérences dans les affaires d’autrui, nous avons agi pour mettre fin à la course aux armements. » Née il y a plus d’un siècle comme une épopée révolutionnaire qui a provoqué l’enthousiasme des mouvements ouvriers et des peuples colonisés, l’Union soviétique, deuxième puissance mondiale, dont le peuple avait écrit des pages glorieuses à Stalingrad, à Léningrad, en repoussant les armées nazies et en les pourchassant jusqu’au cœur de Berlin, est brutalement rayée de l’histoire, sans que la moindre résistance populaire ne s’y soit opposée.

La révolution d’Octobre fut l’événement fondateur du XXe siècle, ce court XXe siècle, selon Eric Hobsbawm, débutant en 1917 et s’achevant en 1991. « Quelqu’un aurait-il sérieusement pu supposer, en 1985, que six ans plus tard l’URSS et son Parti communiste auraient cessé d’exister ? que tous les autres régimes communistes d’Europe auraient disparu ? » interroge l’historien britannique dans le Siècle des extrêmes. Le sort du pays a définitivement basculé le 19 août 1991, lors de l’étrange tentative de coup d’État perpétré par plusieurs dirigeants, alors que Gorbatchev était en vacances au bord de la mer Noire. À la veille de la signature prévue d’un nouveau traité de l’Union accordant une plus large autonomie aux quinze Républiques fédérées de l’URSS, un « comité d’État pour l’état d’urgence », dirigé par le vice-président soviétique Guennadi Ianaev, comprenant le premier ministre Valentin Pavlov, le président du KGB Vladimir Krioutchkov, le ministre de la Défense, Dmitri Yazov, et celui de l’Intérieur Boris Pougo, retient Mikhaïl Gorbatchev sur place et affirme détenir le pouvoir. Ce projet aventuriste permet surtout au président de la Fédération de Russie, Boris Eltsine, de renforcer son influence en se posant en défenseur des institutions. Une photo fait le tour du monde : on y voit Eltsine debout sur un char devant la « Maison-Blanche » (le Soviet suprême). Le putsch n’a pas fait long feu, il a duré deux jours. Le 21 août, Gorbatchev revient à Moscou. C’est un président soviétique politiquement affaibli face à Boris Eltsine plus puissant que jamais et qui entend dicter sa politique au père de la perestroïka. Le 24 août, ce dernier, sous la pression du ­président russe, dissout le Comité central du PCUS. Le parti doit cesser toute activité, sur décision du Parlement. Les unes après les autres, les Républiques fédérées proclament leur indépendance. Le 8 décembre, à Minsk, la Russie, l’Ukraine et la Biélorussie se prononcent pour la dissolution de l’URSS et la création de la CEI. Le 21 est signé le protocole d’Alma-Ata par onze autres Républiques. L’URSS est à l’agonie. L’acte de décès sera dressé le 25 décembre, quand l’aigle à deux têtes volera sur le Kremlin.

La perestroïka était nécessaire, mais était-elle encore possible ?

Un siècle après la révolution d’Octobre et trente ans après la dissolution des régimes socialistes en Europe, l’effondrement de l’URSS était-il inéluctable ? Andreï Gratchev (1), ancien conseiller de Gorbatchev, estime qu’en décidant de « construire le socialisme dans un pays encore plongé dans son passé féodal, les bolcheviks utilisaient le marxisme comme un levier de modernisation à marche forcée du pays. Le communisme était moins un objectif qu’un moyen ». La perestroïka était nécessaire, mais était-elle encore possible ? Prendre du retard peut coûter très cher, avait dit Gorbatchev à Erich Honecker avant la chute du mur de Berlin. Cela ne valait pas que pour la RDA.

Jean Paul Piérot

(1) Hors-série de l’Humanité, 2017 : « Que reste-t-il de la révolution d’Octobre ? »