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Après la Martinique, la grève générale s’étend en Polynésie face à un gouvernement inflexible
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Depuis plus d’une semaine, une vague de mobilisation enflamme les territoires dits « d’Outre-mer ». Et depuis mercredi, c’est en Polynésie qu’une grève générale a démarré.
Cela faisait une semaine que les différentes centrales syndicales du territoire étaient en négociation avec le gouvernement local d’Edouard Fritch. Si les préavis de grèves étaient en cours de dépôts, les discussions ont été tumultueuses autour d’une plateforme de revendications claires. C’est en effet autour du refus de céder aux cinq revendications principales que la mobilisation s’est déclenchée. Quatre des cinq confédérations syndicales qui ont lancé la grève de ce mercredi, portent une plateforme commune aux secteurs publics et privés à laquelle vient s’ajouter quelques revendications spécifiques à certaines entreprises.
En premier lieu et dans la lignée des autres mobilisations en cours notamment en Guadeloupe et en Martinique, c’est l’augmentation du pouvoir d’achat et la fin de l’obligation vaccinale qui sont au cœur de la grève. Ce sont 4 % d’augmentation de salaire qui sont exigés pour faire face aux coûts de la vie, là où le gouvernement proposait seulement 2 % durant les négociations, soit moins que l’augmentation des prix des denrées alimentaires en 2020 (2,8 %) selon Tahiti Info. Quant à l’obligation vaccinale, qui devait entrer en vigueur sur le territoire le 23 décembre prochain, c’est l’abrogation de la mesure qui est revendiquée là aussi dans une situation où d’après les syndicats 15 000 personnes ne souhaitent pour l’instant pas se faire vacciner.
Sur ce terrain, le gouvernement a fait une proposition particulièrement risible : proposer une diminution de l’amende ! Une affirmationindécente, qui vise à maintenir d’une part la mesure, mais surtout à négocier le niveau de répression et de stigmatisation des populations non-vaccinées. Sans doute conscient que comme ailleurs, le territoire ne pourrait pas supporter la mise à la porte de tous les non-vaccinés, le gouvernement a malgré tout proposé d’interdire les licenciements. Cela n’est pas suffisant aujourd’hui pour les syndicats.
Enfin, il faut ajouter trois autres aspects, plus spécifiques à la situation de l’archipel : le refus de la part de la population de la réforme de la Caisse de prévoyance sociale (CPS), l’application d’un ancien accord visant à mettre en place une caisse de chômage et l’application de la loi sur la protection de l’emploi local qui avait également été actée auparavant.
Face au blocage du gouvernement, les confédérations de la CSTP-FO, la CSIP, O oe to oe Rima et Otahi, ainsi que des syndicats autonomes ont donc maintenu leur appel à la grève générale qui a débuté depuis mercredi.
Blocages économiques en perspectives, le rapport de force est engagé
On compte parmi les mobilisations des secteurs stratégiques comme celui de l’aéronautique, avec notamment les pompiers aéroportuaires qui paralysent par leur grève de nombreux vols. Côté portuaire, le port de Papeete et sa zone douanière est également touché, avec un maintien organisé par les grévistes des transits de produits pharmaceutiques et périssables.
Si les installations énergétiques fournissant gaz et carburants sont aussi touchées, les directions d’entreprises assurent pour l’instant qu’elles pourront « tenir la grève », revendiquant des cuves pleines. On observe d’ores et déjà un bras de fer de communication et d’usure qui est entamé dans ce secteur. Enfin, ce sont les services postaux qui sont aussi très touchés en ce début de mobilisation : Francetvinfo avance le chiffre de 24 % de grévistes provoquant la fermeture de la moitié des bureaux de l’entreprise OPT. Sur l’ensemble des secteurs, les syndicats patronaux et le gouvernement mènent une offensive visant à criminaliser les travailleurs en grève, les accusant de choisir « le pire moment » pour cette mobilisation, dans un contexte de reprise économique.
On observe pour l’instant une situation moins explosive qu’en Guadeloupe ou encore en Martinique. Si les syndicats annoncent que des piquets de grèves quotidiens seront tenus, aucun barrage routier n’est pour l’instant prévu, ni de manifestation.
Les évènements qui se déroulent actuellement dans les autres territoires « extra-marins » où la France conserve une mainmise coloniale, dépassent en effet les cadres traditionnels de mobilisations et débordent largement les organisations syndicales et politiques en place. Les responsables polynésiens ont exprimé d’eux-mêmes leur peur que les mobilisations débordent au vu de ce qui peut se passer ailleurs. La logique actuelle est donc plutôt celle d’une grève de pression, visant notamment à reprendre les négociations : les directions syndicales revendiquent ainsi un travail de terrain capable de mobiliser « des secteurs que vous connaissez bien et qui risquent de paralyser un peu le Pays » rapporte Tahiti Info.
Les mobilisations dans les territoires sous domination du colonialisme français expriment un mécontentement global dans la société qui va bien au-delà de simples questions vaccinales et même salariales. Devant la répression le mouvement ouvrier en France doit exprimer toute sa solidarité afin de s’opposer à l’autoritarisme du gouvernement et en même temps à ses politiques profondément pro-patronales, dont la gestion de la crise sanitaire elle-même.