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    Présidentielle: Frédéric Lordon appelle à voter Mélenchon

    Lordon

    Lien publiée le 3 avril 2022

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    Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

    Présidentielle : Frédéric Lordon appelle à voter Mélenchon - L'insoumission (linsoumission.fr)

    Il reste 7 jours. L’heure est grave. Le philosophe Frédéric Lordon, figure de la gauche radicale, a donc décidé de sortir la plume pour appeler à voter Jean-Luc Mélenchon. Dans son style inimitable, le philosophe pose le constat suivant : « au point où nous en sommes de cette campagne, les choses sont suffisamment décantées. Il reste maintenant : la fasciste, le fascisateur, et un candidat de gauche. Normalement, c’est assez simple ». Revenant sur le scandale McKinsey, symbolisant l’interpénétration entre l’État et le capital (l’Étapital), le néolibéralisme radicalisé, le fameux projeeeet d’Emmanuel Macron, le penseur interroge le choix de société qui se pose au peuple français dimanche prochain. Notre article.

    Lordon

    Frédéric Lordon : le scandale McKinsey symbolise l’interpénétration entre l’État et le capital, l’Étapital

    « McKinsey la jouissance d’une poignée de porcs — rassemblés sous le nom présentable de « le capital ». Le scandale McKinsey pourrit les nuits de la macronie à une semaine du premier tour de l’élection présidentielle, et pour cause. Ce scandale est salvateur : en faisant tomber les masques, il rappelle le vrai visage de la macronie, le néolibéralisme radicalisé, assoiffé de profit pour le privé, quoi qu’il en coûte.

    Beaucoup de gens, y compris à gauche, font souvent un contresens sur le néolibéralisme : il ne s’agit pas du retrait de l’État, mais bien de la mise de l’État au service du capital contre le travail, l’État au service du privé contre le public. Frédéric Lordon va plus loin. Pour le philosophe, quand un banquier d’affaire devient président, quand les liens deviennent aussi étroits entre l’État et le capital, le pantouflage et le rétro-pantouflage, les allers-retours aussi systémiques entre les postes de pouvoir au sein des grands groupes du CAC 40 et au sein de l’appareil d’État, et que les conflits d’intérêts pleuvent, plutôt que de parler de deux entités distinctes, le concept « d’Étatpital » se pose.

    2,4 milliards d’euros, c’est la somme distribuée par l’État sous Macron aux cabinets de conseil. 40 millions pour le seul McKinsey, dont le directeur général est un ami de longue date du président, dans le premier cercle lors de sa campagne de 2017. 4 millions d’euros pour conseiller au gouvernement de baisser nos aides personnalisées au logement (APL) de 5 euros. Emmanuel Macron paye pour qu’on lui conseille de nous dépouiller. Quand Emmanuel Macron arrose les amis avec l’argent du contribuable, notre argent à tous, pour des PowerPoints lunaires, alors que des millions de Français se cassent le dos pour des miettes, forcément, l’incendie McKinsey est dur à éteindre.

    Emmanuel Macron, la destruction du public au service du privé

    Le philosophe, organisateur de la « fête à Macron » avec François Ruffin au début du quinquennat, revient dans son texte sur une double mise à disposition du capital. L’auteur de capitalisme, désir et servitude, et de son concept de « conatus du désir » inspiré d’une lecture croisée de Spinoza et Marx, distingue deux formes du néolibéralisme. La forme classique de la mise à disposition du capital : l’exploitation comme salarié pour engraisser les actionnaires. La forme plus sournoise, indirecte, d’usagers abandonnés par l’État.

    5 700 lits d’hôpitaux fermés en 2020, en pleine crise sanitaire, 9 700 postes d’enseignants supprimés par Jean-Michel Blanquer, des écoles, hôpitaux, crèches, maternités, bureaux de postes, tribunaux fermés, des postes supprimés, et un appel de plus en plus fréquent au privé. Le fameux projeeeet d’Emannuel Macron est limpide : la destruction de nos services publics pour préparer le terrain au privé. Le philosophe est clair : « le capital ne parvient pas à ses fins contre l’État mais par ses voies mêmes ». Avec Emmanuel Macron, le capital a propulsé son meilleur ami tout au sommet de l’État.

    L’exemple du gavage des cabinets de conseils est un simple révélateur de l’idéologie et de la finalité de l’exercice du pouvoir macroniste. Les milliards d’euros déversés sans aucune contrepartie sur les groupes du CAC 40 relèvent du même processus : toujours plus pour le privé, toujours moins pour le public. Sans contrepartie signifie carte blanche : le privé peut se gaver d’argent public, faire pleuvoir des montants records de dividendes, tout en continuant à licencier. La vie de rêve.

    Emmanuel Macron, trampoline de l’extrême-droite

    Frédéric Lordon, proche de Bernard Friot, récent soutien de Jean-Luc Mélenchon, avec qui il a sorti en octobre Conversation sur le communisme, détruit l’hypocrisie d’Emmanuel Macron, qui ose aujourd’hui se poser en rempart à l’extrême-droite, après l’avoir fait monter durant 5 ans. C’est ce qu’a affirmé hier le président-candidat, pour son premier et unique meeting de la campagne présidentielle. Le philosophe effectue quelques piqures de rappels.

    Le grand entretien donné par le chef de l’État au journal d’extrême-droite Valeurs Actuelles, qualifié de « très bon journal ». Le coup de fil d’Emmanuel Macron à Éric Zemmour, mis en avant par le gouvernement, et son intérêt pour le plan du polémiste sur l’immigration. La réhabilitation de Pétain et de Maurras. Le laisser-faire face à l’extension de l’empire Bolloré au service de la zemmourisation médiatique. Liste du philosophe à laquelle on pourrait ajouter Marine Le Pen jugée « trop molle » sur l’islam par son ministre de l’Intérieur, ou encore la chasse à un «islamo-gauchisme » imaginaire des différents ministres macronistes, préférant durant de longs mois taper sur Jean-Luc Mélenchon et sur les universitaires plutôt que sur l’extrême-droite.

    Frédéric Lordon : dans 7 jours, « normalement le choix est assez simple »

    Frédéric Lordon dresse un tableau limpide : « depuis quatre décennies, le cauchemar s’est considérablement précisé. On devra d’ailleurs à Macron de l’avoir porté à un degré de clarté inédit. La porcherie va nous détruire, tous, hormis les partners et les hallucinés de la classe nuisible qui leur servent de base et voudront « y croire » jusqu’au bout du fantasme ». On se rappelle ici d’Emmanuel Macron appelant les jeunes Français à rêver de devenir milliardaires. De l’enfer des pauvres est fait le paradis des riches : 5 milliardaires possèdent autant que 27 millions de personnes dans ce pays.

    Les 500 familles ont doublé leur fortune sous Macron, passant de 500 milliards en 2017 à 1000 milliards en 2021, quand, « en même temps », 8 millions de personnes ont besoin de l’aide alimentaire pour pouvoir bouffer. Nos étudiants font des files d’alimentaires interminables pour pouvoir manger, dans la 6ème puissance mondiale. Ce quinquennat aura réalisé l’exploit de faire naître les deux plus longs mouvements sociaux en France depuis 50 ans : les Gilets Jaunes et les retraites. Des citoyens qui osent manifester pour plus de justice sociale, pour le partage des richesses ? Yeux crevés, mains arrachées, la répression policière a été sanguinaire, à tel point que la France d’Emmanuel Macron a été rappelée à l’ordre par l’ONU et le parlement européen.

    Mais face au projeeeet d’Emmanuel Macron, une guerre sociale encore plus féroce en cas de deuxième mandat, où le capital « se « goinfre » de cash avec des restes d’humains broyés dedans », et à l’extrême-droite de Marine Le Pen, grâce à laquelle le capital saignerait également les classes populaires, heureusement, un autre choix de société est possible pour le philosophe. Cette « chance historique » dont nous parlait l’écrivain Édouard Louis dans un récent entretien, porte un nom : Jean-Luc Mélenchon. Le candidat de l’Union populaire est en bonne position pour se qualifier au second tour, pour propulser le partage des richesses, la bifurcation écologique et la 6ème République, plutôt que l’islam, l’immigration et l’identité nationale, dans un face-à-face avec Macron.

    « Au point où nous en sommes de cette campagne, les choses sont suffisamment décantées. Il reste maintenant : la fasciste, le fascisateur, et un candidat de gauche. Normalement, c’est assez simple ». Rendez-vous dans 7 jours, pour qualifier la vraie gauche au second tour.