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"Un coup de comm’ " : l’arrêt à la demande des bus RATP après 22h fait réagir les conducteurs
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
La RATP a lancé sa campagne de rentrée. La nouveauté : la généralisation des arrêts à la demande sur les lignes de bus après 22h. Des machinistes ont réagi pour Révolution Permanente à cette annonce, en dénonçant un coup de communication de la direction pour attirer les usagers sans moyens d’assurer le service qui va reposer sur les agents.
La RATP a lancé ce vendredi 1er septembre sa communication pour la rentrée, en annonçant la possibilité à partir de 22h de demander au chauffeur de descendre entre deux arrêts sur les lignes de bus. Si l’entreprise vante la mise en place du dispositif pour la sécurité des usagers, c’est en réalité un « coup de comm’ » que dénoncent les machinistes interrogés par Révolution Permanente.
« C’est une vaste supercherie » nous dit ainsi le premier conducteur de bus qui exerce depuis plusieurs années à Paris. « C’est une question de logique, évidemment que l’on fait déjà ce genre d’arrêts la nuit lorsqu’une personne est dans une situation de handicap ou qu’elle se sent en danger. » Pour eux, le problème vient donc plutôt d’annoncer une généralisation que les machinistes n’auront pas les moyens d’assurer.
Des prises de risques à la responsabilité des machinistes
Cette nouvelle annonce soulève des problèmes et des difficultés potentielles avec les voyageurs que la direction met sous le tapis. « Il y a un flou juridique » laissé dans le texte distribué par la direction. « De qui est-ce la responsabilité s’il arrive quelque chose à un usager laissé entre deux arrêts officiels ? Contre qui va-t-il se retourner ? Et contre qui va se tourner la direction ? » interroge l’un des machinistes rencontrés. Rien n’est clair à ce sujet pour les agents.
Pour assurer la sécurité de tous, à l’intérieur et à l’extérieur du bus, de nombreuses règles sont donc établies par la direction de la RATP. « Si on les applique toutes, la possibilité des arrêts à la demande est quasiment inexistante » constate un machiniste. « Pour faire descendre quelqu’un, il faut que ce soit en toute sécurité. Il y a eu pendant des années une politique de ne surtout pas s’arrêter à la demande au nom de la sécurité. Car évidemment ça comporte des risques. Et quoi qu’il arrive, tout cela sera la responsabilité du machiniste. » Or, la contradiction entre l’annonce de la généralisation des arrêts à la demande et les conditions de sécurité imposées au conducteur pour s’arrêter promet d’occasionner un certain nombre de refus et ainsi des tensions et des conflits avec les usagers. « On fait porter au conducteur la responsabilité pleine d’accepter ou de refuser, nous disant qu’on est « maître à bord ». Mais si on refuse, on prend le risque d’une réaction virulente d’un passager que l’on devrait gérer pendant la course. »
Un effet d’annonce, sans aucun moyen mis en place
Un autre problème majeur qui inquiète les agents est l’absence totale de moyens et d’aménagements mis en place par la direction pour assurer le service. Pour les machinistes, déjà pressés par les cadences intenables des courses qui leur sont imposées, il est évident que rendre ce service allongera le temps de la course, et par conséquent le temps de travail « par effet boule de neige », en raccourcissant les pauses déjà dérisoires. « On ne nous alloue pas de temps pour ça. Nos courses sont chronométrées, pour être dans les temps nous n’avons pas de temps pour ça. Une descente entre deux arrêts, c’est 30 secondes, donc on perd vite beaucoup de temps. Et moi, ma course de 42 minutes, je ne peux pas la faire en 45 » nous explique un autre machiniste qui n’a déjà pas plus de 5 minutes de pause entre deux courses au terminus.
Redorer l’image de la RATP
Après les plaintes de nombreux usagers sur la qualité qui se dégrade sans cesse du service à la RATP, le manque d’agents qui ne permet pas d’assurer les courses aux horaires annoncées et les scandales autour de l’augmentation du pass Navigo en parallèle, il est clair pour ses agents que la RATP tente ainsi de « redorer son image après ces années difficiles et de galère pour les usagers »
« Cette communication vise a donner une image positive de la RATP, où il y a une casse sans précédent de la qualité des transports, avec des bus de plus en plus sales, des fréquences de plus en plus longue, la précarité du métier. Cet effet d’annonce est une tentative pour éviter de parler de ces sujets, mais ça ne marche pas » dénonce dans ce sens Yassine Jioua, militant CGT au dépôt de bus de Malakoff. Sous cette façade de service souple, à la demande, à la volonté des usagers, la direction de la RATP et d’île de France Mobilité mettent donc en réalité « un écran de fumée » devant la réalité du service et des conditions de travail dans l’entreprise, qui ont soulevé la colère ces dernières années des usagers des transports en commun et des agents.