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Bruit et fureur contre la cause palestinienne

Palestine

Lien publiée le 3 novembre 2023

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

Bruit et fureur contre la cause palestinienne | L’Anticapitaliste (lanticapitaliste.org)

Depuis les massacres de civils le 7 octobre par les combattants du Hamas, le débat politique français est devenu étouffant, très étouffant : le traitement médiatique du conflit a été très déséquilibré et très offensif vis-à-vis des opposantEs à la ligne gouvernementale.

Les exemples de débats où l’émotionnel l’emporte sur la compréhension politique ou historique du conflit sont nombreux. Et cela continue ! Expliquer, ce serait au mieux être neutre, au pire excuser. Affirmer sa solidarité, ce serait vouloir importer ici le conflit.

Expliquer n’est pas excuser

Ainsi, par exemple, le 27 octobre, Apolline de Malherbe sur RMC s’étonnait que Dominique de Villepin veuille évoquer « le drame historique » avant « le drame du 7 octobre » et rappelait « l’émotion palpable » avant de revenir à la charge : « La faute à qui ? J’ai un peu de mal à vous suivre. La faute au Hamas ? » pour finir par se lamenter : « Vous ne pouvez pas rester dans une forme de neutralité ! »

Un entretien, comme d’autres avant lui et en particulier sur les chaînes d’infos, où le crédo journalistique semble avoir été moins d’expliquer que de s’indigner ou de vouloir le faire. Il faut sans doute pour comprendre cette constante remonter « à la vulgate chère à Manuel Valls », comme le rappelle Acrimed dans son article sur le traitement médiatique du conflit1. Alors Premier ministre, Valls, au lendemain de l’attaque de l’Hypercacher en janvier 2015, avait déclaré : « Il ne peut y avoir aucune explication qui vaille. Car expliquer, c’est déjà vouloir un peu ­excuser. » Expliquer, pourtant, ce n’est ni excuser ni justifier.

Discrédit sur les opposantEs politiques

Sans compter que rester dans l’émotionnel et l’indignation rend bien des services. C’est avec facilité qu’on discrédite des opposantEs, sans avoir à beaucoup argumenter. Dimanche 29 octobre, Manuel Bompard était l’invité de « Questions politiques » sur France Inter. À Nathalie Saint-Cricq qui lui demandait si Jean-Luc Mélenchon n’importait pas le conflit en France lorsqu’il déclarait que Yaël Braun-Pivet « encourageait le massacre » au lieu de simplement dire « qu’il n’était pas d’accord », le coordinateur de LFI a dû répondre que « depuis 15 jours, c’est vous qui expliquez à longueur d’antenne que les Insoumis auraient justifié les actions du Hamas […] » et que cela avait contribué aux menaces qu’eux aussi reçoivent. Un débat certes houleux, mais qui, fort heureusement, n’atteint pas le niveau de disqualification a priori d’un des bandeaux de la chaîne d’extrême droite CNews le 12 octobre « LFI : le nazisme est-il passé à l’extrême gauche ? » 2

Le choix des mots

En réalité, c’est le gouvernement lui-même qui a importé le conflit en faisant du soutien à la cause palestinienne un soutien au « terrorisme », en dépit des nombreuses analyses de politistes comme Jean-Paul Chagnollaud qui expliquait dès le 10 octobre dans Mediapart : « Vous avez utilisé tout à l’heure le terme d’"attentat terroriste", on peut très bien le comprendre. Moi je n’utilise pas ces termes, je dis que ce sont des crimes de guerre, parce que je pense qu’on est en guerre. » Les communiqués de l’ONU font un choix sémantique similaire, de même que la BBC3 ou l’Agence France-Presse4 qui ont depuis longtemps fait le choix de ne pas parler de groupes terroristes sans dire par qui ce qualificatif était attribué.

Le traitement médiatique du conflit et du débat accompagne le positionnement du gouvernement ! Les chiens de garde sont toujours là. Malgré l’invisibilisation de la cause palestinienne dans les médias — qui peinent à donner un nom et un visage à toutes les victimes civiles comme en témoigne le peu de photos de civilEs palestiniens mis en couverture des journaux —, malgré les débats disqualifiants et malgré toutes les interdictions, on ne nous empêchera ni de penser ni de manifester !

  • 1.Acrimed, « D’Israël à Gaza : myopie et doubles standards », 23 octobre 2023.
  • 2.Acrimed, « Conflit israélo-palestinien : calomnies médiatiques contre LFI ou "La Formation infréquentable" », 26 octobre 2023.
  • 3.Cécile Ducourtieux, « Pourquoi la BBC ne qualifie pas le Hamas de groupe "terroriste" », le Monde, 13 octobre 2023.
  • 4.4 – Éric Wishart, « Guerre Israël-Hamas : comment l’AFP utilise le mot terroriste », 28 octobre 2023.