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Le massacre des Gazaouis et la complicité du gouvernement français

Palestine

Lien publiée le 6 novembre 2023

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

Révolution : Tendance marxiste internationale

Depuis l’attaque éclair du Hamas en Israël, il y a un mois, l’Etat sioniste déchaîne contre Gaza une violence inouïe. A l’heure où nous bouclons ce journal, près de 10 000 Gazaouis ont été tués, dont près de 4000 enfants. C’est autant que le nombre de civils tués en Ukraine depuis le début de l’offensive russe, il y a 18 mois.

Des milliers de Gazaouis sont déclarés « disparus » : la plupart gisent sans doute sous les décombres d’immeubles détruits. Les civils manquent d’eau, de nourriture et de médicaments. La situation sanitaire s’aggrave de jour en jour. Dans un mois, quel sera le bilan humain : 20 000 morts ? 30 000 ? Davantage ?

Les chars israéliens sont entrés dans le nord de la bande de Gaza, où les combats au sol ont commencé, mais les bombes tombent aussi dans le sud, où près d’un million de civils ont été déplacés. Ils ne sont à l’abri nulle part et ne peuvent fuir nulle part. Dans le même temps, des milliers de Palestiniens qui travaillaient en Israël en ont été expulsés manu militari vers Gaza, après avoir été torturés. En Cisjordanie, les colons juifs – appuyés par l’armée israélienne – multiplient les attaques meurtrières contre des Palestiniens, dont plus de 140 ont été tués depuis le 7 octobre.

« Détruire le Hamas » ?

L’objectif officiel de cette offensive militaire sans précédent, à Gaza, est répété en boucle par le gouvernement de Netanyahou – et sur les plateaux de télévision, en France : «détruire le Hamas ». Mais les observateurs les plus sérieux soulignent que c’est impossible. D’une part, une fraction de la direction et de la base du Hamas réside en dehors de Gaza. D’autre part, le Hamas s’est préparé de longue date à cette intervention israélienne. Entre autres mesures, il a probablement transféré une partie de ses forces vers le sud. Enfin, dans le contexte actuel, pour chaque combattant du Hamas tué, dix jeunes Gazaouis voudront prendre les armes contre l’Etat sioniste.

« Qu’à cela ne tienne », répond l’extrême droite israélienne : « tuons tous les Gazaouis ». Hier, 5 novembre, le ministre israélien de l’Héritage, Amichay Eliyahu, a déclaré publiquement qu’une « option » militaire était « une sorte de bombe nucléaire sur toute la bande de Gaza, [pour] la raser et tuer tout le monde ». Face au tollé provoqué par cette déclaration, il a prétendu qu’il s’agissait d’un propos « métaphorique ». Mais les bombes qui pleuvent par milliers sur Gaza n’ont rien de métaphorique.

Hypocrisie

En France, puissance impérialiste qui soutient « inconditionnellement » le gouvernement israélien, l’hypocrisie des politiciens et des journalistes bourgeois est écœurante. Ils pleurent infiniment les civils tués lors de l’offensive du Hamas, mais retrouvent leur indifférence glaciale dès qu’on évoque la mort de civils palestiniens. « Dommages collatéraux », explique sèchement le RN. Le 30 octobre, sur BFMTV, Caroline Fourest déclarait qu’« on ne peut pas comparer le fait d’avoir tué des enfants délibérément en attaquant comme l’a fait le Hamas, et le fait de tuer des enfants involontairement comme le fait Israël ». Comprenez : Israël peut tuer autant d’enfants qu’il lui plaira – « involontairement », bien sûr.

L’argumentation générale des partisans du gouvernement israélien est simple : le Hamas, c’est le «terrorisme », c’est-à-dire le Mal absolu, sans cause assignable, surgi spontanément des entrailles de la Terre – et contre lequel, par conséquent, tout est permis. Laurent Wauquiez (LR), par exemple, affirme que le Hamas est « le principal ennemi des Palestiniens », de sorte que l’actuel massacre est une « condition de la paix ». Et ainsi de suite. Dans cette infâme rhétorique, jamais les 75 ans d’oppression et de nettoyage ethnique subis par les Palestiniens n’entrent en ligne de compte. Et pour cause : Le Pen, Fourest, Wauquiez et tous leurs semblables soutiennent fermement l’oppression du peuple palestinien par l’impérialisme israélien. Tout le reste – y compris les larmes qu’ils versent sur la mort de civils israéliens – n’est que pure et simple hypocrisie.

Défendre nos droits démocratiques !

En France comme ailleurs, le massacre des Gazaouis suscite l’indignation de millions de jeunes et de travailleurs. Mais au nom du « droit d’Israël à se défendre » et de « la lutte contre le terrorisme et l’antisémitisme», le gouvernement Macron a décrété que cette indignation était inacceptable et devait être réduite au silence.

De nombreuses manifestations pro-palestiniennes ont été interdites par le pouvoir, puis réprimées. Nassés par les forces de police, les manifestants écopent d’amendes de 130 euros ; certains sont interpellés. Des réunions publiques ont été annulées sur ordre de préfets. Des organisations pro-palestiniennes – dont le NPA – sont accusées d’« apologie du terrorisme » et, à ce titre, menacées de dissolution. Cette atteinte à nos droits démocratiques les plus élémentaires est absolument inacceptable et devrait être beaucoup plus fermement combattue par les grandes organisations du mouvement ouvrier.

Sous la pression de l’opinion publique, le gouvernement a fini par autoriser certaines manifestations pro-palestiniennes. Mais pas toutes. Le préfet de Paris, Laurent Nuñez, a expliqué sa méthode : pour qu’une manifestation soit autorisée, il faut que « dans la déclaration, il y [ait] une condamnation claire [des] actions » du Hamas. Les organisations qui ne se plient pas à cette exigence – parce qu’elles en rejettent l’hypocrisie, à juste titre – sont soupçonnées par Laurent Nuñez de vouloir manifester pour « tenir des propos négationnistes, antisémites ou de soutien au terrorisme ». Et donc : interdiction de manifester ! C’est inadmissible. Au passage, rappelons qu’en France des propos véritablement antisémites sont tenus, sans cesse, par des organisations plus ou moins fascistes qui ont pignon sur rue – mais que l’Etat bourgeois ménage car elles peuvent lui servir de forces d’appoint face aux travailleurs, à l’avenir.

Les grandes organisations du mouvement ouvrier français – à commencer par la CGT et la FI – devraient être vent debout face à cette offensive contre nos droits démocratiques. Mais c’est précisément leur passivité qui encourage le gouvernement dans cette voie.

Intifada jusqu’à la victoire !

En dernière analyse, ce qui se passe en Palestine est une nouvelle et tragique expression de l’impasse historique du capitalisme. Ce système n’a plus rien à offrir aux peuples que la misère, le chômage, des catastrophes environnementales et une succession de guerres impérialistes. Au Proche-Orient comme ailleurs, il n’y aura pas de solution aux souffrances des masses sur la base du capitalisme.

Mélenchon et d’autres dirigeants réformistes demandent à Macron de « faire entendre la voix de la France » (impérialiste) pour défendre en Palestine la « solution des deux Etats ». C’est une très mauvaise plaisanterie. La « solution des deux Etats » – sur la base du capitalisme – est au mieux une profonde illusion, au pire une tromperie cynique. C’est bien simple : jamais la bourgeoisie israélienne n’acceptera à ses frontières un Etat palestinien viable et indépendant. Lorsque Joe Biden lui-même affirme le contraire, c’est uniquement dans l’espoir de calmer la puissante vague d’indignation qui balaye le monde arabe et menace d’emporter les régimes corrompus d’Egypte, de Jordanie, d’Arabie Saoudite et d’ailleurs.

Précisément, seule une nouvelle vague révolutionnaire, dans la région, permettra de résoudre la question palestinienne – à une condition : que cette révolution renverse les régimes arabes qui abandonnent les Palestiniens à leur sort, qu’elle y exproprie la bourgeoisie et les impérialistes, et que les travailleurs israéliens infligent le même coup fatal à leur propre classe dirigeante. Autrement dit, seule une politique de classe, internationaliste, révolutionnaire et communiste peut ouvrir la perspective d’un développement pacifique de la région, garantissant les mêmes droits aux Juifs et aux Arabes.

Cette solution n’est peut-être pas pour demain matin, mais elle est infiniment plus réaliste que les innombrables « processus de paix » négociés dans le dos des Palestiniens – et qui se sont systématiquement retournés contre eux.