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Premier congrès de Révolution Permanente
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Après trois jours de discussions intenses, le Congrès de RP s’est achevé dimanche en adoptant une feuille de route ambitieuse : lutte internationaliste contre l’extrême-droite, campagne contre la Vème République, procès contre deux de nos militants pour leur solidarité avec la Palestine, adresse à l’extrême-gauche pour affronter les années à venir…
Le premier congrès de Révolution Permanente depuis sa fondation s’est achevé ce dimanche soir, à l’issue de trois jours de débats intenses et riches. L’échéance a été un reflet de l’évolution de Révolution Permanente depuis deux ans. Plus de 500 personnes ont participé au processus, contre 300 en 2022, tandis que la composition sociale de l’organisation a changé, plus de la moitié des délégués étant des travailleurs de secteurs variés, allant de la pétrochimie à la santé en passant par l’agro-alimentaire, la grande distribution ou l’aéronautique.
Parmi eux, un certain nombre de dirigeants ouvriers qui ont pris part aux grandes luttes des dernières années, à l’image de Christian Porta. Celui-ci a arraché en 2024 aux côtés de ses collègues une des rares victoires contre la répression syndicale dans le pays, après 6 mois de combat pour sa réintégration face au patronat du géant de l’agro-alimentaire InVivo qui tentait de le licencier par tous les moyens. Une expérience dont les bilans ont pu être discutés au travers de nombre d’interventions dans le Congrès, en lien avec la lutte contre l’influence de l’extrême-droite dans notre classe.
La jeunesse était également au rendez-vous, avec des militants du Poing Levé de très nombreuses universités en France, alors que l’organisation existe aujourd’hui dans 18 lieux d’étude du pays. Parmi eux, les militants bordelais du Poing Levé qui ont récemment fait une importante démonstration en impulsant un Comité d’action contre l’extrême-droite à Bordeaux Montaigne qui a notamment permis de chasser des groupuscules qui venaient intimider les étudiants sur la fac.
La situation internationale et l’internationalisme au cœur des discussions
La situation internationale et l’internationalisme « organique » ont été au centre des discussions du premier jour. L’élection de Trump et ses offensives en séries ces derniers jours marquent l’entrée dans une nouvelle séquence, où les tendances aux crises et aux guerres vont se renforcer. Alors que Elon Musk ne cache pas ses ambitions de soutenir l’extrême-droite à l’échelle internationale, et notamment en Allemagne à l’occasion des élections législatives, un défi est posé aux travailleurs et aux classes populaires partout dans le monde.
Lire aussi : Guerres, bonapartismes et luttes de classes dans le monde de la crise de l’hégémonie nord-américaine
Ce débat a pu être mené avec des délégations de la FT-QI venues de l’État espagnol, d’Italie ou d’Allemagne, qui ont ouvert le Congrès. Les militants de RIO ont notamment pu raconter l’expérience de leur campagne révolutionnaire aux élections législatives à Berlin et à Munich aux côtés de RSO. La lutte contre toutes les formes de nationalisme, et notamment le protectionnisme, soutenu par l’extrême-droite mais aussi par une partie de la gauche, sont apparus comme un important enjeu. Au moment où le patronat français cherche à pousser le gouvernement à défendre ses intérêts plus activement, et face à l’Internationale réactionnaire, le Congrès a voté l’organisation d’un grand meeting international sur ce thème dans les prochains mois.
Dans le mouvement ouvrier, « ce n’est pas en s’alliant avec les Bernard Arnault contre les travailleurs américains, chinois et sénégalais qu’on pourra espérer défendre les intérêts ouvriers dans les années qui viennent » ont insisté nombre de délégués ouvriers comme Gaëtan Gracia, militant dans l’aéronautique, Vincent Duse, ouvrier dans l’automobile à la retraite, ou Adrien Cornet, raffineur, tous confrontés aux luttes contre les licenciements ces dernières années. A l’inverse, ils sont revenus sur la nécessité de faire vivre des principes internationalistes dans chaque lutte, et de construire des mouvements indépendants du patronat et de l’État pour défendre le maintien de l’emploi face aux plans patronaux. Les militant ouvriers ont par ailleurs été très nombreux à intervenir dans le point international et à insister sur l’importance d’un regard internationaliste pour prendre de la hauteur sur leur activité politique et syndicale.
La nécessité de faire entendre une autre réponse à la crise de la Vème République
Sur le terrain national, les discussions ont porté sur le bilan des grandes luttes des dernières années, le combat contre l’influence de l’extrême-droite dans la classe ouvrière, qui est une tâche centrale du mouvement ouvrier, mais aussi la crise de la Vème République. Alors que François Bayrou va imposer son budget austéritaire au moyen de deux 49.3 cette semaine, la crise politique se poursuit, renforçant les traits les plus autoritaires et racistes du régime, comme l’illustre la rhétorique autour de la « submersion migratoire ». Face à la politique de l’ensemble des forces de gauche ces dernières années, qui s’en remettent aux institutions du régime et à de nouvelles élections, pariant dans ce cadre sur des alliances avec des forces comme le PS, l’actualité récente a rappelé l’impasse de telles solutions.
Lire aussi : La crise du capitalisme français, la menace bonapartiste et les potentialités hégémoniques du prolétariat
A l’heure où les patrons commencent à taper du poing sur la table, les délégués ont développé l’enjeu de proposer une autre voie pour faire face à l’offensive autoritaire. Une des résolutions du Congrès est ainsi de lancer une grande campagne pour défendre des revendications démocratiques radicales : contre la Vème République, pour l’abolition de la Présidence de la République, du Sénat, et de l’ensemble des institutions anti-démocratiques. Si certaines forces politiques prétendent défendre la « démocratie », notamment du côté de LFI, prendre au sérieux ce combat implique de s’en donner les moyens en luttant avec les méthodes de la lutte de classes, pas avec celles du régime, et pour un programme sérieux : une Assemblée unique, qui concentrerait les pouvoirs exécutifs et législatifs, et dont les députés seraient élus parmi l’ensemble de la population, sans distinction de nationalité, payés au salaire médian et révocables.
Sur un terrain plus immédiat, dans la situation de crise politique actuelle, le Congrès a insisté sur l’enjeu de dénoncer et de lutter pour faire sauter le verrou des 500 signatures, qui s’annonce déjà comme un levier énorme pour empêcher les forces radicales de s’exprimer lors de la prochaine présidentielle, en conférant aux élus la clé d’accès au scrutin le plus important de la vie politique. Si le premier jour du Congrès a été marqué par la relaxe de Hicham et Mayes à Nanterre, les discussions ont abordé l’enjeu d’organiser une grande campagne internationale en solidarité avec les deux militants de RP, dont notre porte-parole Anasse Kazib, qui seront jugés le 18 juin 2025 pour leur solidarité avec la Palestine, et l’ensemble des réprimés du mouvement.
Reconstruire la gauche révolutionnaire, développer des fronts électoraux à l’extrême-gauche
L’ensemble du Congrès aura permis de souligner le saut opéré par Révolution Permanente, sur un plan numérique, du point de vue de l’écho et de la place à l’extrême-gauche, comme le montre le succès de la récente souscription qui a récolté plus de 580 000€, ou en ce qui concerne le rôle joué ces dernières années dans des luttes clés… mais également le défi et l’urgence d’aller plus loin face à l’accélération des évènements. Reconstruire une véritable organisation révolutionnaire dans le pays, capable de faire entendre sa voix et son programme, et de peser sur les luttes à venir, est un enjeu majeur pour créer un autre avenir que celui qui est proposé par la classe capitaliste. Une organisation qui devra être capable de consolider ses bastions dans le mouvement ouvrier et la jeunesse, de renforcer les politiques déjà menées sur différents terrains comme l’antiracisme et le féminisme, mais également de développer son travail idéologique et éditorial, notamment en faveur du communisme, après le succès en 2024 des initiatives prises pour les 100 ans de la mort de Lénine et du meeting « Remettre la révolution à l’ordre du jour. »
Lire aussi : VIDEO. Anasse Kazib et Elsa Marcel reviennent sur le premier Congrès de Révolution Permanente
Une tâche qui ne peut se penser que dans une perspective internationaliste, dans le cadre du travail de la FT-QI pour la reconstruction de la IVème Internationale, mais également en discussion avec le reste de l’extrême-gauche. Face à une situation qui se durcit, qui a des conséquences sociales graves pour les travailleurs, avec la remontée brutale du chômage ces derniers mois et les plans de licenciements massifs, le Congrès a discuté de l’importance d’une adresse aux organisations se réclamant de la révolution, notamment Lutte ouvrière et le NPA-R, pour poser la question de davantage d’échanges politiques, de campagnes communes mais aussi de fronts électoraux, qui permettent aux communistes révolutionnaires de faire entendre leurs voix, notamment lors des prochaines échéances électorales.
Sans mettre sous le tapis nos désaccords, qui se sont exprimés encore récemment sur la question de la Palestine, une telle politique serait un grand pas en avant pour faire peser dans la politique nationale une perspective ouvrière, révolutionnaire et internationaliste. L’exemple de l’Argentine, où le Front de gauche et des travailleurs – Unité (FIT-U) rassemble la quasi-intégralité des organisations d’extrême-gauche et leur a permis d’obtenir des positions dans les institutions pour porter une voix ouvrière, révolutionnaire et au service des luttes, notamment contre l’extrême-droite de Milei, est de ce point de vue riche d’enseignements.