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Viré de France 5 après une campagne islamophobe brutale : solidarité avec Merwane Benlazar !
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Viré de France 5 après une campagne islamophobe brutale : solidarité avec Merwane Benlazar !
Ce mercredi, Rachida Dati a annoncé en personne que Merwane Benlazar, humoriste, serait évincé de l'émission C à vous. Une décision qui clôt une campagne islamophobe brutale, qui témoigne du consensus raciste unissant l'extrême-droite aux macronistes.
Ce mercredi, Rachida Dati a annoncé que Merwane Benlazar, l’humoriste qui avait, à peine une semaine auparavant, fait sa première chronique dans l’émission « C à vous » sur France 5, « ne sera plus à l’écran ». Une décision annoncée par la ministre de la Culture, et justifiée hypocritement par la chaîne par le fait que l’humoriste n’était que « remplaçant » dans l’émission, qui vient clore une campagne islamophobe et raciste d’une rare intensité.
Pourtant, ces dernières années, les exemples du même type ne manquent pas. En septembre 2020, une étudiante portant le foulard avait subi une offensive brutale après que BFMTV ait diffusé une vidéo où elle présentait des recettes spécial petits budgets. Initiée par une journaliste du Figaro qui avait lapidairement tweeté « 11 septembre », l’étudiante avait été contrainte de fermer son compte twitter après avoir reçu des milliers de tweets racistes et xénophobes tentant de faire passer l’étudiante pour une « militante de l’islam politique ». L’année suivante, le lauréat du concours de la meilleure baguette de Paris, ayant le tort d’être d’origine tunisienne, était à son tour pris pour cible dans une campagne du même type initiée par l’extrême droite.
Cette fois, le tort de l’humoriste est d’avoir osé revêtir à l’écran une barbe, un bonnet et un pull ample, soit un « total look frérosalafiste » selon l’avocate Lara Fatimi, qui a participé à lancer la campagne raciste sur les réseaux sociaux. A ses côtés, l’extrême-droite a immédiatement pris part à l’offensive. Ses militants se sont dépêchés d’exhumer ses anciennes publications afin de trouver la preuve de son islamisme que son apparence démontrait déjà de manière certaine. Pour cela, les colporteurs de la campagne raciste ont dû se rabattre sur plusieurs tweets humoristiques, feignant de ne pas discerner le second degré. La horde islamophobe a également réussi à déceler dans l’utilisation du mot « porcs » pour désigner les téléspectateurs de Miss France la preuve irréfutable de son combat pour l’application de la charia en France.
Signe d’une campagne réussie, les médias les plus conservateurs ont surenchéri. Ainsi, Europe 1 s’est empressée d’inviter l’avocate Lara Fatima, illustre inconnue, pour qu’elle puisse y développer une fine analyse selon laquelle « c’est sa présentation et le signal qu’il envoie, c’est ça qui est inquiétant ». De son côté Le Figaro, après une exégèse de vieilles publications de l’humoriste (un tweet hautement suspect où il critique le fait de « fouiller dans les conversations privées », un autre où il qualifie le génocide à Gaza de … génocide), parvient à la conclusion implacable que l’humoriste prône « une vision conservatrice de l’islam ».
Malgré l’absurdité manifeste de cette campagne, même les médias « centristes » n’ont pas voulu véritablement prendre position. Ainsi France 3 prétendait ne pas pouvoir se prononcer sur le caractère humoristique d’un tweet dont le second degré semblait pourtant relativement accessible à tout humain ayant déjà pratiqué l’humour : « La place d’une femme est à la demeure auprès de son père. Crains le seigneur. Blâme pas le frère de chez UPS ». Le HuffPost s’est lui senti obligé, en dépit de l’évidence, de contacter la destinataire du tweet pour pouvoir affirmer que l’humoriste avait vraisemblablement entendu faire preuve de sarcasme. On est jamais trop prudent…
Au-delà des sphères médiatiques, le Rassemblement National s’est naturellement joint à la meute à l’image du député du Rassemblement national Guillaume Bigot commentant très sobrement « Quand le service public moralisateur passe de la laïcité au prosélytisme religieux avec la bénédiction de l’Arcom », de même que plusieurs figures de droite. Ainsi les sénatrices Valérie Boyer (LR) et Nathalie Goulet (UDI) relayent sans détour que l’humoriste serait un adepte de la « charia ».
Mais l’offensive ne s’est pas limitée aux frontières de la droite conservatrice : les macronistes ont non seulement relayé la campagne mais en ont été de véritables porte-paroles. Dans un tweet publié lundi Nathalie Loiseau, députée européenne Renaissance, écrivait « Au nom de toutes les femmes, de leur liberté, de leurs droits chèrement gagnés ici et bafoués par les islamistes partout à travers le monde, une seule question : Pourquoi ? » avec, pour appuyer ses propos, une photo de l’humoriste lors de sa chronique. Un retour aux sources pour l’élue ayant figuré sur une liste du GUD lorsqu’elle était étudiante. Rachida Dati s’est, elle aussi, faite le relai de cette offensive en affirmant au Sénat que ce dernier aurait tenu des « propos scandaleux » sur ses réseaux, dans un mensonge éhonté.
En quelques jours, la campagne visant Merwane Benlazar et cloturée par la ministre de la Culture en personne par un licenciement, aura cristallisé une islamophobie aussi brutale que consensuelle dans le champ politique bourgeois. Une déferlante permise par sept années de macronisme, qui, sur la base des politiques menées par Sarkozy et Hollande, a joué un rôle essentiel pour banaliser le racisme anti-musulmans le plus débridé. Sans s’embarrasser d’un semblant de justification, l’ensemble des médias et des politiques du centre à l’extrême-droite peuvent donc désormais considérer normal, a minima, qu’un humoriste Arabe doive se justifier de faire des blagues.
« Le premier licenciement islamophobe revendiqué publiquement. Quand vous êtes musulman aujourd’hui il n’y a même pas besoin d’avoir fait quoi que ce soit, votre gueule est déjà un crime » a souligné Anasse Kazib sur X, appelant à « une nouvelle marche immense contre le racisme et l’islamophobie. » Face à cette campagne islamophobe, nous apportons tout notre soutien à Merwane Benlazar.
Je viens d’apprendre le licenciement de Merwan Benlazar de C à vous (@cavousf5) c’est hallucinant ce qui est en train de se passer dans ce pays. Le premier licenciement islamophobe revendiqué publiquement.
Quand vous êtes musulman aujourd’hui il n’y a même pas besoin d’avoir… pic.twitter.com/gxWSmBUMW9
— Anasse Kazib (@AnasseKazib) February 6, 2025