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La location-gérance : une arme de destruction massive
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
La location-gérance : une arme de destruction massive - Parti Communiste Révolutionnaire
Le 12 février, le PCR a participé à une action organisée par la fédération Commerce de la CGT au Carrefour Market de Courbevoie (92). 200 salariés ont envahi le magasin pour dénoncer la stratégie de la direction de Carrefour pour maximiser les profits des actionnaires : la location gérance. En 2025, elle prévoit de faire passer 39 nouveaux magasins en location-gérance.
À cette occasion, nous avons rencontré Pascal, délégué CGT et représentant du personnel au Carrefour de Bercy (75). Il nous a décrit les conséquences désastreuses que constitue le passage en location-gérance pour les salariés.
Un plan social déguisé
Carrefour est un groupe mondial présent, principalement, en Europe et en Amérique latine. En 2024, il a enregistré 1,08 milliard d’euros de bénéfices. Les dividendes versés aux actionnaires ont bondi de 30,5 % par an, en moyenne, ces cinq dernières années. La majeure partie de son chiffre d’affaires provient d’Amérique latine, où la direction délocalise ses investissements. Carrefour prévoit notamment de racheter la totalité de sa filiale brésilienne, dont il ne détient pour l’instant que 67,4 %. En France, ses commerces de proximité sont les plus rentables, les marchandises y étant vendues plus cher qu’en grande surface. La direction de Carrefour ne voit donc pas l’intérêt de continuer à payer des salaires dans ses supermarchés et hypermarchés français : aux yeux des actionnaires, ils ne sont pas assez rentables.
Plutôt que de lancer des plans sociaux frontaux et fermer des établissements, comme le fait Auchan par exemple, la direction de Carrefour privilégie la « location-gérance ». Ce dispositif lui permet de confier la gestion et l’exploitation de ses magasins à des entrepreneurs indépendants, qui versent une redevance au groupe. C’est un moyen détourné de réduire la masse salariale, de détruire les acquis des travailleurs et de maximiser les profits des actionnaires. Comme l’explique Pascal : « les salariés changent d’employeur, et leurs contrats sont transférés automatiquement aux nouveaux gestionnaires. Le personnel des magasins concernés n’est donc plus du personnel Carrefour, et les accords d’entreprises Carrefour, fruits de 25 ans de négociations syndicales, sont perdus. Par exemple, dans mon magasin, le nombre de jours de carence en cas d’arrêt maladie est passé de trois à sept, et c’est le cas de la plupart des magasins passés en location-gérance. »
Les salariés, ne bénéficiant plus de la convention collective de Carrefour, voient donc leurs conditions de travail se dégrader significativement. Les repreneurs réduisent les coûts, à commencer par les salaires qui baissent en moyenne de 2300 euros par an, pour les ex-salariés de Carrefour qui passent en location-gérance.
Le résultat est une chute drastique des effectifs, un « carnage » selon la CGT. Au magasin de Courbevoie par exemple, le nombre de salariés est passé de 147 en 2020 à 80 aujourd’hui. Selon Pascal, « c’est un plan de licenciement déguisé ! Dans mon magasin, à Bercy, nous étions 203 salariés équivalents temps plein (ETP) avant le passage en location-gérance, en mai 2022. Aujourd’hui nous ne sommes plus que 153 salariés à temps plein. C’est une caractéristique que l’on retrouve dans tous les magasins passés en location-gérance, une réduction de 20, 30 %, sinon plus, de la masse salariale. C’est facile de dégoûter les salariés et de les pousser vers la sortie. Si on touche au nombre de jours de congé, au salaire, si on modifie les heures de travail, multiplie les tâches… Beaucoup de salariés quittent l’entreprise. »
Depuis qu’Alexandre Bompard a pris la tête du groupe Carrefour en 2017, le nombre de magasins passés en location-gérance a augmenté à un rythme soutenu. Depuis 2018, 344 magasins sont passés en location-gérance, faisant sortir plus de 27 000 salariés des effectifs du groupe. Autant de travailleurs qui ont vu leurs rémunérations et leurs conditions de travail se dégrader, parmi lesquels une partie importante a préféré démissionner.
Nationalisation !
Dans le secteur de la grande distribution, comme dans de nombreux secteurs, la bourgeoisie est à l’offensive. D’autres grands groupes du secteur, comme Auchan et Casino, ont récemment engagé des licenciements massifs. Pascal résume la situation : « quand tout va bien, que l’économie fonctionne, il n’y a pas trop de problèmes, mais dès que la machine capitaliste s’enraye, on licencie, on fait perdre des acquis et des droits aux travailleurs. »
En effet, le patronat investit dans la production que lorsqu’il juge que ça lui sera rentable. Or, dans le contexte de crise actuelle, il estime que ça lui sera plus rentable de licencier - que ce soit de manière frontale ou déguisée. Face à ces attaques, Pascal explique que la seule réponse viable, c’est la grève : « je suis pour qu’on mène des actions sur le terrain, la grève est notre seul moyen d’obtenir quelque chose. Il faut les taper au porte-monnaie, il n’y a que ça qu’ils comprennent, c’est la seule façon d’agir. »
Plusieurs sites, notamment dans l’industrie, sont entrés en grève reconductible. La direction confédérale de la CGT devrait préparer l’extension de ces grèves à la grande distribution - et à un maximum de secteurs de l’économie. L’aile gauche de la CGT « Unité CGT » revendique la nationalisation des grands leviers de l’économie, sous contrôle ouvrier. Nous sommes parfaitement d’accord : arracher la grande distribution des griffes de l’économie capitaliste est la seule façon de garantir la sauvegarde des emplois et d’améliorer les conditions de travail de manière notable. Si ce programme était adopté par l’ensemble de la CGT – et en premier lieu par sa direction confédérale – il aurait un puissant impact sur la combativité des travailleurs du Commerce, et de tous les secteurs qui subissent les attaques de la classe dirigeante.