Agenda militant
Ailleurs sur le Web
![S’abonner au flux RSS [RSS]](images/rss.jpg)
- Gaza : "La démission du monde est plus douloureuse que la guerre elle-même" (23/04)
- Pour un communisme décolonial (23/04)
- Le pays des non-libres ? (23/04)
- Indispensables et indésirables. Un extrait du livre de Laurent Dornel (23/04)
- François Bégaudeau - Psychologies (23/04)
- Le grand entretien de Johann Chapoutot (22/04)
- Logement : il est temps de faire la guerre aux multipropriétaires (22/04)
- Finances publiques : où est passé l’argent ? (22/04)
- L’Argentine de Milei : de l’anarcho‑capitalisme à l’austérité, par Michael Roberts (22/04)
- Faire obstacle à la paix (22/04)
- Retour au capitalisme illibéral, avec Arnaud Orain (22/04)
- Mélenchon rend hommage au pape François décédé (21/04)
- Mélenchon et la délégation insoumise à Montréal, un déplacement historique (20/04)
- Palestine. L’urgence d’un sursaut politique unitaire (20/04)
- Manon Aubry - Macron prépare une guerre sociale ! (20/04)
- Les macronistes ont menti ! - Rapport de la commission d’enquête sur le budget avec Éric Coquerel (20/04)
- Sommes-nous les esclaves de notre biologie ? - Bernard Lahire (19/04)
- Disparition de la dernière militante du POUM : Maria Teresa Carbonell (1926-2025) (19/04)
- Pour un antiracisme socialiste : "Mon Antiracisme" de Kévin Boucaud-Victoire (19/04)
- La science et l’université comme champs de bataille (19/04)
- No Other Land, retour sur une polémique (19/04)
- Les maoïstes proposent un cessez-le-feu au Chhattisgarh (Inde) (19/04)
- La droite néolibérale vole les élections présidentielles en Équateur (19/04)
- Guerre commerciale : vers la dédollarisation et la mort de l’industrie européenne ? (19/04)
- La CGT STMicroelectrics se mobilise contre le génocide des Palestiniens (19/04)
Onze points sur la guerre commerciale de Trump, par Michael Roberts
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
L'économiste marxiste Michael Roberts dresse un tableau des répercussions que vont avoir les droits de douane imposés par Trump à tous les pays du monde.
1. L’effet global des droits de douane mis en place par Trump est de faire grimper le taux moyen de taxation des importations américaines à 26 %, atteignant ainsi son niveau le plus élevé depuis 130 ans.
2. La formule utilisée pour établir les droits de douane appliqués à chaque pays exportant vers les États-Unis n’est pas liée à d’éventuelles taxes injustes, subventions ou barrières non tarifaires imposées par ces pays aux exportations américaines. L’équation est en réalité la suivante : le déficit commercial des États-Unis avec un pays donné, divisé par le volume des importations provenant de ce pays, puis divisé par deux. Par exemple, le déficit commercial des États-Unis avec le Vietnam est de 123 milliards de dollars. Les États-Unis importent 137 milliards de dollars depuis le Vietnam. En se basant sur ce calcul, les États-Unis considèrent que le Vietnam applique des restrictions commerciales équivalant à un taux de taxation sur les importations de 90 %. Le gouvernement américain applique donc un tarif réciproque de 45 % afin de réduire le déficit bilatéral de moitié. Pourtant, comme le Vietnam n’applique pas de droits de douane de 90 % sur les exportations américaines, il ne peut réduire ses propres « droits de douane » pour négocier avec les États-Unis.
3. Ces changements auront un impact important sur les pays du « Sud global ». Les pays dont les taux de taxation sont les plus élevés sont des pays en développement en Asie du Sud et du Sud-Est, à l’instar du Cambodge ou du Sri Lanka.
4. Ces droits de douane ne concernent que l’importation de biens et pas les services. Les États-Unis enregistrent un déficit commercial sur l’importation des biens avec les pays de l’Union européenne, ce qui explique pourquoi Trump a mis en place des droits de douane de 20 % sur ces importations. Les services, qui représentent environ 20 % du commerce mondial, sont exemptés par ces droits de douane. L’UE a de son côté un excédent commercial avec les États-Unis en ce qui concerne les marchandises, mais un déficit important en ce qui concerne les services, notamment le secteur bancaire, les assurances, les logiciels informatiques, la communication numérique, etc. Si ces derniers avaient été inclus dans l’équation, le déficit commercial des États-Unis avec l’Europe serait inexistant.
5. Un taux d’au moins 10 % s’applique uniformément à l’ensemble des pays, dont certains avec lesquels les États-Unis n’ont aucun déficit commercial ou avec lesquels ils n’entretiennent aucun liens commerciaux, voire même à des territoires non peuplés comme l’Antarctique ou l’atoll de Diego Garcia. Les exportations du Royaume-Uni vers les États-Unis seront taxées à hauteur de 10 %, bien que la balance commerciale des échanges entre les deux pays soit globalement équilibrée. Une mesure qui impactera négativement le Royaume-Uni, puisque les États-Unis sont son principal partenaire commercial. Sans ce taux plancher de 10 % et selon l’équation utilisée par la Maison Blanche, il ne devrait y avoir aucun droit de douane sur les importations en provenance du Royaume-Uni. En revanche, si les services étaient inclus, ce taux grimperait à 20 %. Selon la banque américaine Morgan Stanley, ces nouvelles mesures sur les exportations pourraient retrancher 0,6 % à la croissance déjà quasiment inexistante du Royaume-Uni.
6. Les droits de douane vont impacter en premier lieu les classes populaires et les foyers à bas revenus. En effet, la politique de Trump sur les importations va faire augmenter les prix d’un panel important de biens alimentaires et de première nécessité qui ne peuvent pas être produits sur le territoire américain. L’industrie américaine devra de son côté payer plus cher pour se procurer les biens intermédiaires dont elle a besoin comme les machines et les équipements nécessaires à la production, réduisant à néant les avantages marginaux de la limitation de la concurrence étrangère promise par Trump.
7. Par ailleurs, les 54 % de droits de douane imposés à la Chine pourraient entraîner une baisse des importations à hauteur de 507 milliards de dollars, alors que la Chine n’exportait jusqu’ici que 510 milliards de dollars vers les États-Unis. Les importations américaines seront potentiellement réduites de 20 %, entraînant un « choc de l’offre » similaire à celui du début de la pandémie de Covid-19. En résulterait une récession et / ou une inflation aux États-Unis.
8. Les représailles des pays impactés risquent de faire plonger les exportations américaines. En 1930, la loi Smoot-Hawley, qui a augmenté les droits de douane à l’importation sur plus de 20 000 types de biens, a provoqué une chute de 33 % des exportations américaines en raison des mesures de rétorsion des pays exportateurs. Le commerce international a plongé dans une « spirale de Kindleberger », c’est-à-dire un cycle où les taxes douanières réduisent le commerce qui se contracte encore davantage sous l’effet des représailles le réduisent encore davantage, et ainsi de suite. Une spirale infernale qui ne s’est interrompue qu’après l’effondrement du commerce mondial, passé de 3 milliards de dollars en janvier 1929 à seulement 1 milliard en mars 1933.

Commerce international, de janvier 1929 à mars 1933. Total des importations de 75 pays, en millions d’anciens dollars américains.
9. Dans la période actuelle, une guerre douanière aurait des conséquences bien plus violentes sur l’économie américaine que dans les années 30 car les échanges commerciaux représentent aujourd’hui une part du PIB trois fois plus importante qu’en 1929 (15 % en 2024 pour 6 % en 1929).
10. Le PIB réel des États-Unis pourrait baisser de 1.5 % en 2025 et l’inflation pourrait atteindre les 5 % si ces barrières douanières continuent d’être mises en place, selon les prévisions du groupe bancaire UBS.
11. La baisse de la croissance du commerce liée aux droits de douane entraînera une diminution des flux de capitaux internationaux, ce qui affaiblira les investissements et la croissance économique à l’échelle mondiale.