Agenda militant
Ailleurs sur le Web
![S’abonner au flux RSS [RSS]](images/rss.jpg)
- Des socialistes révolutionnaires iraniens s’expriment contre la guerre (19/06)
- L’espérance israélienne d’une révolte populaire en Iran (19/06)
- F. Borgarello, L. Baronian, T. Terranova : "Relire Empire aujourd’hui" (19/06)
- Conférence de Mélenchon sur la situation géopolitique au Proche-Orient (18/06)
- Iran-Israël : Agissez pour la paix, ou démissionnez ! - Alma Dufour (18/06)
- Alain Gresh : Offensive contre l’Iran. Israël plonge le Proche-Orient dans le chaos (18/06)
- Gilbert Achcar et le génocide annoncé à Gaza (18/06)
- Révolution et philosophie de l’histoire. Entretien avec Frédéric Monferrand (18/06)
- ArcelorMittal : une autre nationalisation est possible (18/06)
- Iran, retraites, PS : Manuel Bompard, invité de RTL (18/06)
- Flotille, marche et dockers pour Gaza. Un changement ? (18/06)
- Israël et l’Iran : une guerre sans retour pour l’État colonial (18/06)
- Abandonnés par le Labour, les syndiqués britanniques tentés par Farage (18/06)
- Samuel Bouron : « Les groupes identitaires sont un vivier pour le RN » (17/06)
- Ce que dit aussi la Cour des comptes sur la Sécurité sociale (17/06)
- Le capital fictif est vraiment fictif (17/06)
- Entretien avec Yohann Douet sur Gramsci (15/06)
- Les véritables causes de la fin de l’alliance énergétique Europe-Russie (15/06)
- Trump et le fascisme historique. Nous devons affronter la réalité ! (15/06)
- Flottille pour Gaza : la hargne de l’éditocratie (15/06)
- Le rap et la cause palestinienne (14/06)
- L’Égypte arrête et expulse des dizaines de militants avant la Marche mondiale vers Gaza (14/06)
- Gaza : la faillite morale de l’Occident », avec Taoufiq Tahani, Alma Dufour et Véronique Bontemps (14/06)
- Aurélien Bernier sur l’Union européenne (Elucid) (14/06)
- L’interview événement de Rima Hassan sur Radio Nova (14/06)
Portugal. Les élections législatives mises en perspective. Les défis du Bloco de Esquerda
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Les résultats électoraux portugais définitifs des législatives du 18 mai (voir article publié le 21 mai) sont tombés suite à l’enregistrement des résultats recueillis dans les deux circonscriptions de l’émigration («des expatrié·e·s»). Quatre députés sont élus dans ces circonscriptions. Fin mai, les résultats sont les suivants: 2 élus pour Chega (extrême droite «ça suffit») et 2 pour l’Alliance démocratique (coalition de droite formée par le Parti social-démocrate (PPD/PSD), le CDS – Parti populaire-CDS-PP et le Parti populaire monarchiste-PPM). Dès lors, la droite AD détient 91 sièges (89 du PSD et 2 du CDS-PP) et Chega devient le deuxième parti en termes de députés, avec 60 élu·e·s. Le PS se retrouve déplacé au troisième rang avec 58 sièges.
Le quotidien Publico du 28 mai souligne que «dans la circonscription européenne, Chega remporte une victoire confortable avec 28,2% des voix, soit 10 points de pourcentage de plus qu’en 2024. L’AD n’a pas dépassé 14,7% et le PS, qui recule de la deuxième à la troisième place en Europe, a obtenu 13,5%.» Chega a obtenu ce résultat en recueillant particulièrement les voix des émigrant·e·s portugais vivant en France, en Suisse, en Belgique et aux Luxembourg. C’est la première fois, depuis 1976, que le PS n’élit pas de députés parmi les émigré·e·s, alors que la circonscription européenne était considérée comme «un bastion social-démocrate».
Le graphique ci-dessous illustre la situation politique en termes parlementaires, à ce jour, 3 juin, où s’ouvre la XVIIe législature. Nous publions ci-dessous un premier bilan établi par le Bloco de Esquerda et diverses contributions. (Rédaction A l’Encontre)
*****
Le Bloco veut «résister» et «se relever», mais aussi «élargir ses alliances» pour continuer à se battre avec détermination
Mariana Mortágua en conférence de presse.
Par Bloco de Esquerda
Dans sa résolution, la direction du Bloco de Esquerda (Bloc de gauche) tire le bilan des élections législatives du 18 mai, au regard de la conjoncture et de la campagne du parti afin de trouver des réponses pour l’avenir.
- Le Bloco de Esquerda a obtenu le pire résultat de son histoire à des élections à l’Assemblée de la République. Le Bloco regarde ces résultats avec préoccupation et entend dresser un bilan qui permette de corriger les erreurs commises, d’écouter l’ensemble de ses militant·e·s ainsi que des personnes qui ne sont pas membres du parti, et de faire porter à maturation une orientation qui assure la pérennité de ce projet politique, de sa présence dans les luttes sociales et de son offre alternative. Ce processus ne peut se faire dans la précipitation ni en cherchant une explication unique. Il exige du temps, de l’humilité, de l’ouverture et la volonté de trouver des voies que nous ne découvrirons qu’ensemble.
- Le total des voix des partis à la gauche du PS est le plus bas jamais enregistré, et il en va de même lorsque l’on inclut le PS dans ce total. Ces défaites – de l’ensemble de la gauche et du Bloco – exposent le pays à de graves risques. Pour que nous puissions les comprendre, il faut étudier les facteurs qui ont déterminé ce désastre électoral, ainsi que les spécificités de chaque force politique. Cette résolution examine certaines conditions politiques nationales et internationales et leur impact, en particulier la manœuvre du Premier ministre [Luis Montenegro du PSD], l’effet de la place de l’immigration au cœur du débat politique et encore la peur de la guerre. Elle engage également une réflexion sur notre campagne.
Le contexte des élections
- La crise politique créée par le Premier ministre Montenegro à la suite de la violation de son obligation de se consacrer exclusivement à sa tâche [conflit d’intérêts lié au maintien de la gestion de sa société immobilière par sa famille] s’est transformée une manœuvre sans précédent dans l’histoire récente du gouvernement, qui a contribué à la dégradation du climat politique. Elle s’est avérée être un succès pour Montenegro, en lui permettant de retrouver sa capacité d’initiative. Sa première déclaration, en faveur d’une révision constitutionnelle avec le soutien de l’Initiative libérale (IL-Iniciativa Liberal) et Chega (extrême droite), même si elle était enrobée dans une déclaration d’ouverture, est une menace flagrante et très grave contre certains des piliers des acquis démocratiques de la Révolution des Œillets [voir ci-après la contribution de Maria J. Paixão – réd.].
- La place centrale prise par la question de l’immigration dans le débat politique a été un facteur important dans la défaite de la gauche. Le Portugal connaît l’une des transformations les plus profondes de sa composition sociale et du profil de sa classe laborieuse. En quelques années, le nombre de travailleurs étrangers a été multiplié par dix et représente aujourd’hui environ un tiers de la population active. Une partie importante de cette nouvelle classe ouvrière ne vient pas des pays lusophones. Dans ce contexte, la défaillance des services d’accueil et de régularisation et le manque de moyens consacrés à des réponses d’ensemble en matière de logement, de services publics et d’accès à la langue ont renforcé le discours de l’extrême droite. Ce discours a été repris par le gouvernement pour justifier la nouvelle législation et légitimé, par ailleurs, par le recul du PS sur cette question. Ce discours a été relayé par le sensationnalisme de certains médias et surtout par la manipulation des masses à travers les réseaux sociaux [1]. En effet, l’extrême droite a réussi à faire de l’immigration l’explication de toutes les difficultés de la population, du logement au système de santé.
- Le Bloco et d’autres partis ont été pénalisés dans les urnes en raison de cette situation. La leçon à en tirer est que différents éléments restent essentiels: l’action militante antiraciste et antifasciste, la création d’espaces communs et unitaires, l’intervention dans les quartiers populaires où il faut affronter l’autoritarisme et les discours de haine. Il est indispensable de trouver les moyens d’ouvrir les syndicats aux travailleurs étrangers, de créer des mécanismes d’inclusion, d’empêcher l’exploitation des différences qui nourrissent le ressentiment social. La lutte contre la division de la classe laborieuse est essentielle aujourd’hui comme demain.
- La réélection de Trump a des conséquences multiples en matière de politique internationale, qui favorisent l’extrême droite: premièrement, elle encourage le génocide à Gaza et place Netanyahou à l’abri des pressions internationales, en s’en prenant aux gouvernements qui ont dénoncé le génocide des Palestinien·nes, comme celui de l’Afrique du Sud; deuxièmement, elle recherche une alliance avec Poutine; troisièmement, elle met en place une internationale réactionnaire qui implique directement l’administration états-unienne dans les élections en Allemagne [soutien de JD Vance à l’AfD] et dans d’autres pays européens; quatrièmement, elle utilise les droits de douane comme un instrument de politique économique visant à soumettre ses alliés et partenaires et à s’opposer à la Chine.
- Dans ce contexte international, le Bloco de Esquerda a bien identifié le risque d’accentuation du virage à droite observé depuis un an, en particulier sous l’effet de la montée de la pression militariste dans ce nouveau contexte. Cette pression suscite la peur et fait basculer la politique vers la droite, amenant les partis du centre à accepter la course aux armements en Europe et la soumission à l’OTAN.
- Ces trois facteurs – la stratégie de l’Aliança Democrática (coalition de la droite), qui a repris le discours sur la stabilité qui a donné la majorité absolue au PS en 2022; la centralité de la question de l’immigration, déterminante pour toute la politique nationale; et la peur face à la propagande militariste – ont été déterminants dans le contexte général des élections.
La réponse immédiate à la menace qui pèse sur la Constitution
- La plus forte évolution observée le 18 mai a été la progression de Chega. Ce résultat démontre sa capacité à conserver l’électorat qu’il avait récupéré parmi les abstentionnistes en 2024, tout en l’augmentant sur l’ensemble du territoire, en particulier dans les zones les plus défavorisées socialement, à l’intérieur du pays et dans les anciennes ceintures industrielles. Devenu, comme prévu, le deuxième parti en nombre de député·e·s (une fois le dépouillement des votes des circonscriptions électorales de l’émigration terminé), Chega entre désormais bel et bien dans la course pour le gouvernement. Cette nouvelle situation se traduira par une dégradation générale des conditions d’exercice de la démocratie, tant au parlement (où Chega mène depuis plusieurs années une stratégie de sape des conditions de débat et d’expression) que dans la société, avec la banalisation de la violence raciste, machiste, transphobe, homophobe et, plus généralement, fasciste. En devenant majoritaire dans le sud du pays et à Setúbal [à 40 km au sud de Lisbonne], et en renforçant son résultat dans tous les districts, l’extrême droite gagne des voix populaires, y compris de nombreuses voix qui étaient auparavant gagnées par les forces de gauche. Fort de cette représentation, Chega va aggraver sa campagne xénophobe et antidémocratique, en coordination avec les groupes criminels qui gravitent autour de lui (voir la récente attaque contre la manifestation du 25 avril par une bande néonazie, immédiatement applaudie par Chega).
- Dans la nouvelle configuration parlementaire, aucun des trois principaux partis ne peut former une majorité avec des partis plus petits. Cependant, pour la première fois, les partis à droite du PS dépassent le seuil des deux tiers qui leur permet de modifier la Constitution. Ce fait prend une importance capitale dans la situation politique actuelle et représente un risque réel de modification régressive du système constitutionnel, compte tenu des antécédents du PSD en la matière, qu’il s’agisse de l’attaque contre les retraites menée dans le cadre du plan d’austérité imposé par la troïka, des propositions de révision de la loi électorale ou encore des récentes déclarations sur le droit de grève. Iniciativa Liberal (IL) et Chega ont déjà annoncé leurs intentions. Le Bloco de Esquerda considère qu’il est essentiel que toutes les voix et toutes les forces politiques qui se reconnaissent dans les valeurs et le texte de la Constitution du 25 avril [1976] s’expriment de manière unie, afin de défendre les libertés et les garanties qu’elle consacre.
- Pour le Bloco, l’objectif n’est pas seulement de résister à la vague fasciste et xénophobe ou aux alliances possibles et dangereuses entre la droite et l’extrême droite, ou encore au soutien du PS au gouvernement de Montenegro. L’objectif du Bloco est de se relever, de se reconstruire, de créer et d’élargir des alliances et de lutter avec détermination pour notre peuple.
La campagne du Bloco
- Dans le nouveau contexte politique, nous avons revu notre modèle de campagne. Nous avons donc décidé de nous concentrer sur quelques thèmes essentiels auxquels nous avons accordé la plus grande importance, en cherchant à les placer au centre du débat public: plafonnement des loyers, droits des travailleurs par équipes [3×8]] et impôt sur la fortune. Nous n’avons pas abandonné les autres combats programmatiques qui font l’identité du Bloco, tels que les services publics, l’égalité, le rejet de la xénophobie ou l’opposition à la guerre, mais nous nous sommes concentrés sur ces thèmes afin qu’ils deviennent notre marque distinctive. C’est également ainsi que nous avons évité un débat stérile sur la gouvernabilité, en mettant en avant les mesures qui permettraient d’améliorer la vie d’une partie importante de la population et que notre représentation parlementaire défendrait en toutes circonstances. Cette politique a porté ses fruits: la question du plafonnement des loyers a occupé une place importante dans le débat politique, elle a obligé tous nos adversaires à se prononcer, a été renforcée par les nouvelles de plus en plus alarmantes sur la crise du logement et a été identifiée par la population comme une solution crédible. Elle continuera d’être l’un des combats les plus importants pour la vie de notre peuple – même la majorité des familles de travailleur·ses, qui achètent leur propre maison, savent que leurs enfants ne pourront pas en faire autant et ne parviennent déjà pas à louer un logement. La deuxième proposition, sur le travail par équipes, a été soutenue par des milliers de travailleur·ses. Cependant, aucune de ces propositions n’a permis de relancer la dynamique électorale dans le contexte décrit ci-dessus.
- Deuxièmement, notre campagne a favorisé les initiatives décentralisées de contact direct, par le porte-à-porte. Nous avons frappé à plus de vingt mille portes et lancé une forme d’action politique qui sera fondamentale à l’avenir. Nous l’avons fait de manière différenciée dans le pays, en mobilisant des jeunes militant·e·s, des adhérent·e·s récents et plus anciens, qui ont constaté qu’ils pouvaient intervenir directement et non pas en tant que spectateurs de la campagne électorale. Pour la même raison, nous avons remplacé les traditionnels meetings par des «cafés-débats», ouverts au dialogue avec tout le monde, et par des fêtes et des réunions publiques créatives et animées.
- Troisièmement, nous avons mobilisé toutes nos forces, y compris avec les candidatures des fondateurs du parti. Ces candidatures n’ont pas eu d’effet électoral, mais elles ont eu un effet militant, dynamisant les campagnes dans les grands districts.
- Ces choix n’ont pas permis d’inverser la tendance électorale et le Bloco a subi sa pire défaite. Et sachant que la discussion sur le bilan des élections permettra d’identifier les erreurs et d’évaluer, au-delà des questions mentionnées, les modèles de communication, les formes d’organisation, la pédagogie de la campagne, l’adéquation des réponses aux campagnes diffamatoires, ou d’autres aspects de cette bataille, le Bloco affirme qu’il ne cessera de lutter pour ce que nous avons mis en avant lors de ces élections: pour une politique populaire du logement, pour les droits de qui travaille, contre les inégalités et pour la qualité et le maintien des services publics, contre les menaces fascistes et pour l’unité dans la défense de la vie démocratique et des règles constitutionnelles qui la protègent.
Délibérations
- Les 13 et 14 juin, à Porto, le Bloco de Esquerda accueille le congrès fondateur de l’Alliance de la gauche européenne pour les peuples et la planète, un nouveau parti politique européen qui réunit le Bloco de Esquerda (Portugal), La France Insoumise (France), l’Alliance de gauche (Finlande), Podemos (Espagne), l’Alliance verte et rouge (Danemark), Razem (Pologne) et le Parti de gauche (Suède). La montée des forces d’extrême droite et les crises sociales, environnementales et internationales exigent une coopération plus efficace de la gauche verte, féministe et antiraciste européenne. Le Bloco de Esquerda s’engage dans cette nouvelle alliance et invite ses adhérent·e·s et sympathisant·e·s à participer activement à ce temps de débat et d’apprentissage. Lors de ce congrès, ouvert à la participation d’autres forces de gauche, européennes et internationales, ainsi qu’aux mouvements sociaux et militants, nous souhaitons créer de nouvelles formes de travail solidaire et préparer des actions concrètes de mobilisation contre le capitalisme et la guerre, de résistance à l’extrême droite et de reconquête de majorités sociales à gauche.
- Le Bloco de Esquerda continuera à préparer ses candidatures aux élections municipales, réaffirmant son engagement en faveur d’accords programmatiques pour une convergence à gauche, que ce soit avec le PS à Lisbonne pour battre Carlos Moedas [maire de Lisbonne depuis 2021, membre du PSD], ou pour affirmer des alternatives municipales à gauche. Même dans les communes où le Bloco a déjà présenté sa liste, il reste ouvert à des rapprochements, dans la mesure du possible, avec le PCP, Livre (les Verts), le PAN [Personnes-Animaux-Nature] et les mouvements citoyens.
- Au vu des nombreuses adhésions de jeunes enregistrées tout au long de la campagne électorale et dans les jours qui ont suivi les élections, le Bureau national réitère son appel à participer au «Campement Liberté» qui se tiendra dans le centre du pays du 24 au 27 juillet. Cette rencontre, ainsi que d’autres rencontres élargies de formation et de débat politique, comme «Socialisme 2025», qui se tiendra du 29 au 31 août, sont essentielles dans cette nouvelle phase de la vie du pays.
- Face à la nouvelle situation politique et à la lourde défaite électorale du Bloco, le Bureau national décide de convoquer une nouvelle Convention nationale les 29 et 30 novembre. Il ne s’agit pas de reprendre le processus qui avait été suspendu en raison des élections, car le changement de la situation politique nationale, la nécessité d’une réflexion approfondie et de la définition d’une orientation pour les années à venir ne pouvaient être traités comme la simple conclusion d’un processus entamé en janvier 2025, alors que la convocation d’élections législatives n’était même pas envisagée et que Trump n’avait pas encore pris ses fonctions. Avec cette décision s’ouvre une nouvelle période pour la présentation de motions d’orientation avec une mise à jour de la liste des adhérent·e·s ayant le droit d’élire et d’être élu·e·s délégué·e·s. – 24 mai 2025 (Traduction par Pierre Vandevoorde – ESSF; édition rédaction A l’Encontre)
________
[1] Le quotidien Publico, en date du 29 mai, titre «La désinformation augmente au Portugal et Chega est le parti qui y contribue le plus». L’auteure de cet article, Barabara Baltarejo, cite une étude du MediaLab qui indique que, «parallèlement, André Ventura [chef de Chega] a été le leader politique qui a le plus dominé les réseaux sociaux, tant en termes de portée que de production de contenu. Il a atteint neuf millions de followers sur Facebook et 5,4 millions sur Instagram en seulement une semaine. Il convient de noter que les neuf millions de vues du leader de Chega sur Facebook sont plus de neuf fois supérieures au nombre de vues de tous les autres leaders politiques analysés par MediaLab. Les leaders du PSD, du PS, du BE, du Livre, du CDS et du PAN ont totalisé 724 079 vues.» (Réd. A l’Encontre)
*****
La démocratie et l’Etat social «sont en danger» avec la révision constitutionnelle de la droite
Par Bloco de Esquerda
Une délégation du Bloco de Esquerda composée de la coordinatrice du parti Mariana Mortágua et des dirigeants Fabian Figueiredo et Jorge Costa a été reçue ce jeudi 22 mai au palais de Belém [par le président de la République Marcelo Rebelo de Sousa. Cette rencontre s’inscrit dans le cadre des consultations menées par le président de la République au sujet des résultats électoraux, qui ne seront définitifs qu’après le dépouillement des votes des expatriés [voir résultats en introduction de ce dossier].
A l’issue de l’audience, Mariana Mortágua a souligné que «la droite n’a pas tardé à dire ce qu’elle pensait», dès les premières déclarations d’intention de l’Initiative libérale [IL] de profiter de la majorité parlementaire avec l’extrême droite [Chega] pour ouvrir un processus de révision constitutionnelle lors de la prochaine législature [voir article ci-après de Maria J. Paixão]. Selon Mariana Mortágua , c’est «la plus importante portée de ce virage à droite» dans le pays. Cette radicalisation «n’est possible que parce que le PSD s’est radicalisé», ouvrant la porte à la discussion du projet de l’IL «qui veut mettre fin aux services publics qui ont construit la démocratie ou de Chega qui veut mettre fin aux libertés individuelles».
«Toute notre démocratie, l’Etat social, l’éducation, des acquis que nous considérons comme allant de soi, tels que l’accès à la santé, existent parce qu’elles sont inscrites dans la Constitution. Et c’est précisément cette Constitution qui est aujourd’hui menacée et que la droite veut attaquer», a souligné la coordinatrice du Bloco.
Mariana Mortágua a également défendu la nécessité «que toutes les forces de la démocratie et de l’Etat social s’unissent autour d’un objectif qui est d’empêcher la révision de la Constitution du 25 avril [1976] et de la démocratie portugaise».
Interrogée par les journalistes sur la possibilité d’alliances entre les partis de gauche lors des prochaines élections municipales [septembre/octobre 2025], Mariana Mortágua a révélé que les réunions entre les partis organisées par le Bloco après les élections législatives de l’année dernière [10 mars 2024] «ont donné lieu à des discussions avec Livre (Verts) et le PAN [Personnes-Animaux-Nature] pour des projets de convergence lors des élections municipales». Mortágua a réitéré son souhait que tous les partis de gauche, y compris le PS, s’unissent à Lisbonne pour battre Carlos Moedas (membre du PSD).
Quant à la perspective d’une stabilité gouvernementale actuellement en discussion, Mariana Mortágua a rappelé que «la dernière période de stabilité que ce pays a connue est celle où le Bloco de Esquerda a déterminé la solution gouvernementale et la majorité parlementaire» [suite aux législatives de 2015].
«A mesure que la politique se rapproche de la droite, ce pays ne connaîtra que l’instabilité. C’est pourquoi nous nous battons pour que la Constitution et la vie des gens soient marquées par la sécurité», a-t-elle conclu. (Article publié sur le site du Bloco le 22 mai; traduction rédaction A l’Encontre)
*****
«Une Constitution peut-elle survivre à son esprit?»
Journal de l’Assemblée constituante lors de sa session inaugurale du 2 juin 1975.
Par Maria J. Paixão
La Constitution approuvée le 2 avril 1976 constitue, comme toutes ses congénères, un pacte social. Le texte de la loi fondamentale est le fruit des tensions entre les forces politiques et sociales qui se sont affirmées au cours des deux années qui ont séparé la révolution d’avril 1974 et la fin des travaux de l’Assemblée constituante [en avril 1975 sont élus 250 députés à une Assemblée constituante pour un mandat d’un an : le PS de Mario Soares obtient 116 députés, le PCP d’Alvaro Cunhal 30, le Mouvement démocratique portugais-MDP 5; le PPD-Parti populaire démocratique 81].
La commotion suscitée par les résultats électoraux du 18 mai 2025 était encore palpable lorsque l’Initiative libérale (IL) a attisé le feu en promettant d’entamer un processus de révision constitutionnelle. Ce sera, dans l’histoire de la démocratie portugaise, la première révision constitutionnelle dont l’approbation ne dépend pas de l’accord entre les deux partis du centre traditionnel – le PS et le PSD. En effet, la Constitution de 1976 prévoit que les modifications de son texte doivent être approuvées par une majorité des deux tiers des député·e·s en exercice, majorité détenue, après dimanche 18 mai, par le PSD, Chega et IL.
La Constitution approuvée le 2 avril 1976 constitue, comme toutes ses congénères, un pacte social. Le texte de la loi fondamentale est le fruit des tensions entre les forces politico-sociales qui se sont affirmées au cours des deux années qui ont séparé la révolution d’avril 1974 et la fin des travaux de l’Assemblée constituante [en avril 1975 sont élus 250 députés à une Assemblée constituante pour un mandat d’un an : le PS de Mario Soares obtient 116 députés, le PCP d’Alvaro Cunhal 30, le Mouvement démocratique portugais-MDP 5; le PPD-Parti populaire démocratique 81].
Il s’agit donc d’un projet de société issu des concessions mutuelles des mouvements et des idéologies en présence durant un long avril [d’avril 1974 à avril 1976, avec un tournant en novembre 1975 qui modifie les rapports de force socio-politico-militaires]. Ce projet reconnaît la propriété privée aux côtés du droit à l’autogestion et à la constitution de coopératives, ainsi que la propriété publique. Il consacre un large catalogue de droits civils et politiques, à tendance libérale, mais aussi un catalogue ambitieux de droits économiques, sociaux et culturels. Les partis politiques se voient reconnaître la fonction d’organiser et d’exprimer la volonté populaire, mais la mission de réaliser la démocratie économique, sociale et culturelle est également assumée par la mise en œuvre de mécanismes de démocratie participative. Tout au long du texte constitutionnel, on trouve donc des traces et des fragments d’une pluralité de visions du monde et de projets d’organisation sociale. La Constitution, en tant qu’ensemble unitaire, est le produit des confluences et des antinomies entre ces différentes conceptions [et rapports de forces socio-politiques entre classes].
Ainsi, la Constitution est plus qu’un instrument juridique de valeur paramétrique supérieure: c’est un document historique, un projet utopique, un artefact de l’esprit national. Cela ne signifie pas pour autant, soulignons-le, que cette constitution ou tout autre mérite d’être sacralisée. D’ailleurs, les exemples ne manquent pas pour montrer à quel point le fétichisme constitutionnel peut être pernicieux. Il suffit de considérer l’exemple des Etats-Unis, dont la Constitution, vieille de plus de 200 ans, continue d’être canonisée. Il est toujours déconcertant d’observer les acrobaties intellectuelles auxquelles se livrent les Américains pour extraire d’un texte du XIXe siècle [en fait fin du XVIIIe] des réponses aux problèmes du XXIe siècle. Pour toute société qui a connu les tumultes de l’histoire, il est évident qu’aucun texte ne doit lier ad eternum les générations présentes aux choix des générations passées.
Il est toutefois important de reconnaître la nature spécifique de la Loi fondamentale. Il ne s’agit pas d’un simple texte normatif, mais plutôt du symbole du type de société que nous voulons construire un jour, traversée, comme il se doit, par l’histoire des conflits sociaux et politiques qui ont permis d’aboutir au pacte consigné dans le texte.
C’est dans cette optique qu’il convient d’examiner le processus de révision constitutionnelle annoncé par l’IL. Nous pouvons nous faire une idée des propositions qui seront avancées par les partis à partir des projets présentés en 2022, dans le cadre du processus de révision alors ouvert par Chega. Les projets soumis par les partis qui constituent désormais la majorité de droite (PSD, IL et Chega) constituent une modification substantielle du texte fondamental, qui ne se limite pas à de simples arrangements esthétiques. En effet, les modifications proposées, en particulier par l’IL et Chega, impliquent, dans une certaine mesure, une subversion du projet de société et du pacte social inscrits dans la Constitution de 1976. Au vu de ce qui précède, il n’y a rien de fondamentalement mauvais à cela; les textes constitutionnels ne sont pas immuables. Cependant, il convient d’être clair sur ce que représente cette révision constitutionnelle (contrairement à la plupart des précédentes): une modification profonde du projet de société que les Portugais ont choisi pour eux-mêmes, ainsi que le rejet d’une certaine histoire de la lutte sociale qui a construit le Portugal que nous connaissons aujourd’hui.
L’obsession quasi frénétique des partis de droite pour la suppression de la référence à la «voie vers une société socialiste» dans le préambule de la Constitution dénote, à deux niveaux, le mépris et le rejet de l’histoire «d’en bas», des mouvements sociopolitiques qui ont donné naissance à la démocratie portugaise. Comme indiqué ci-dessus, la Constitution est également un document historique, notamment en ce qui concerne le préambule, qui n’a pas d’effet juridiquement contraignant. Cette référence n’a jamais fait obstacle (depuis l’adoption de la loi fondamentale) à la reconnaissance de la propriété privée et de l’initiative économique. Elle constitue donc, comme elle l’a toujours fait, un élément symbolique et historique qui ne justifie pas la fixation particulière sur ce thème de l’Initiative libérale, à moins que l’objectif de cette fixation ne soit d’effacer l’histoire de notre démocratie et de refonder le régime.
En ce qui concerne les modifications matérielles du texte constitutionnel, tant le projet de l’IL que celui de Chega présentent une particularité intéressante: tous deux visent à rendre possibles des mesures que les partis défendent tout en sachant qu’elles sont inconstitutionnelles. On pense tout d’abord à la proposition de modification des dispositions qui qualifient le système national de santé et le système éducatif comme des services publics universels. La Constitution a toujours reconnu les services de santé et les établissements d’enseignement comme relevant du secteur public et aussi du secteur privé. Il s’agit donc de supprimer le caractère universel des services publics. En outre, il convient de prendre en considération la proposition visant à supprimer la référence à la fonction de réduction des inégalités sociales exercée par les impôts sur le revenu. Enfin, rappelons les propositions visant à introduire dans le texte constitutionnel la castration chimique et la prison à perpétuité.
La révision constitutionnelle annoncée ne doit donc pas être prise à la légère. C’est peut-être le moment où le projet d’avril rendra enfin son dernier souffle. (Article publié dans l’hebodmadaire Sabado le 25 mai 2025, repris par le site du Bloco; traduction rédaction A l’Encontre)
Maria J. Paixão est assistante invitée à la Faculté de droit de l’Université de Coimbra et chercheuse dans le domaine du droit climatique. Militante pour la justice climatique au sein de divers mouvements sociaux.
*****
«La solution est à gauche»
Par Fernando Rosas
Dans cette situation grave, nous devons peut-être chercher avec lucidité et courage à réinventer l’antifascisme. Autrement dit, promouvoir une solution de gauche, pluraliste, qui rassemble tout ce qui peut l’être.
Je sais bien que le titre de cet article peut sembler insensé, surtout après la défaite électorale significative de la gauche lors des élections du 18 mai, mais mon point de départ est le suivant: la crise institutionnelle de la démocratie que connaît également notre pays et qui s’est traduite par le résultat des élections trouve son origine dans le discrédit et l’impopularité du monopole alterné PS-PSD au gouvernement. En adoptant des politiques fondamentalement identiques dans des domaines essentiels, il a permis la dégradation des principaux services publics, aggravé les inégalités sociales et les conditions de vie. Cela a semé le mécontentement, l’insécurité, le désespoir et la colère dans de larges secteurs de la population contre le bloc central informel au pouvoir et l’inefficacité socialement injuste de ses gouvernements.
Comme dans d’autres pays, l’extrême droite a également profité et exploité au Portugal, grâce à un large soutien financier et médiatique et à de nouveaux instruments de manipulation algorithmique, ce malaise des couches importantes de la classe moyenne et salariée. Elle a sans vergogne fait appel à la peur et aux instincts primitifs, exploité la désinformation et l’ignorance généralisée, menti tous les jours, manipulé, toujours encouragée par une couverture médiatique dominante généreuse et complice. Et face à l’incapacité de la gauche à s’affirmer comme alternative, elle l’a écrasée et s’est mise en position de prendre le pouvoir, contre tout ce que la démocratie a conquis politiquement et socialement depuis le 25 avril.
La victoire électorale du PSD est donc plus apparente et éphémère que réelle et stabilisatrice pour le régime.
A mon avis, trois solutions s’offrent à la droite classique, formellement victorieuse sans majorité absolue. Premièrement: s’appuyer parlementairement et politiquement sur un accord informel et ponctuel avec le PS – comme celui-ci est disposé à le faire –, en plaçant l’extrême droite dans une position satellite.
Il s’agirait d’une «contention» purement apparente et transitoire: c’est précisément l’épuisement du «situationnisme rotatif» du centre-droit qui a fait croître l’extrême droite. Sa continuité sera probablement le prélude à la prise du pouvoir par l’extrême droite lors des prochaines élections, à court ou moyen terme.
Deuxièmement: le PSD peut jouer sur l’équilibre instable. C’est-à-dire en pêchant délibérément des soutiens dans le camp du PS et en acceptant d’intégrer davantage les politiques de l’extrême droite (sécuritarisme, anti-immigration, restrictions des libertés publiques et des droits du travail…). Le résultat serait le même que dans la première solution, mais en plus rapide: un continuisme plus proche de l’extrême droite précipiterait l’avènement de cette dernière.
Troisièmement: la droite traditionnelle pourrait progressivement abandonner le «non c’est non» [face à Chega : déclaration de Montenegro] et renoncer à son apparence de «cordon sanitaire», comme le réclame une large partie du PSD et comme cela se produit déjà dans toute l’Europe, et ailleurs. Dans ce cas, nous aurions une alliance parlementaire entre la vieille droite et la nouvelle extrême droite, sur la voie d’un nouveau type de régime autoritaire: une sorte de néofascisme adapté au régime historique et aux conditions sociales de l’époque actuelle. Avec tout ce que cela implique.
En réalité, à la lumière de l’avancée démocratique conquise en avril 1974, les solutions apparemment prévisibles pour la droite débouchent sur une voie de régression civique et civilisationnelle à court ou moyen terme. Face à la gravité de la situation, la solution, du point de vue de la liberté et de la justice sociale, doit être recherchée, construite, avec un nouveau cours de politiques alternatives, c’est-à-dire à gauche. En changeant de paradigme. Dans cette situation grave, nous devons peut-être chercher avec lucidité et courage à réinventer l’antifascisme. En d’autres termes, promouvoir une solution de gauche, pluraliste, qui rassemble tout ce qui peut l’être autour d’un double objectif général: défendre la démocratie et la liberté, d’une part, et préserver et approfondir la justice sociale et distributive, d’autre part. Pour cela, en luttant pour des politiques concrètes et urgentes qui répondent à la crise du logement; pour la défense et l’amélioration du système de santé publique, de l’école publique et des salaires et pensions; pour la lutte contre le racisme et toutes les formes d’exclusion et de discrimination fondées sur le genre ou l’orientation sexuelle. Un antifascisme qui s’oppose à la guerre et à la folie militariste [dépenses d’armement] qui la promeut et qui se prononce sans tiédeur dégradante contre le massacre génocidaire à Gaza et pour les droits du peuple palestinien.
Ce n’est certainement pas une voie facile dans la foulée d’un revers électoral difficile. Cela exige un dialogue et la conclusion d’accords entre les forces politiques, les mouvements sociaux et la citoyenneté. Mais la dispersion et la division ne sont certainement pas une réponse digne de notre engagement envers le passé et l’avenir. Malgré tout, avril mérite bien qu’on s’entende. Et la tête haute. (Article publié dans le journal Publico le 31 mai 2025 et publié le 1er juin sur le site du Bloco; traduction rédaction A l’Encontre)
Fernando Rosas est historien, professeur émérite de l’Université de Lisbonne, un des fondateurs du Bloco de Esquerda.
*****
«Le Bloco fera opposition aux nouvelles politiques de coupes sociales»
Lors de la conférence de presse marquant le début de l’année parlementaire, le Bloco de Esquerda (Bloc de gauche) a présenté ses premières initiatives pour la législature et a commenté la proposition de révision constitutionnelle que la droite libérale et l’extrême droite tentent de faire avancer.
A ce sujet, Mariana Mortágua note que le Premier ministre s’est contenté de dire «qu’il ne s’agirait pas d’un projet immédiat», laissant ainsi planer la «menace» d’une révision constitutionnelle à droite qui suscite des inquiétudes «pour l’Etat social et les libertés collectives et individuelles dans notre pays».
Mais le Bloco sait qu’au-delà de cela, «des risques se concrétiseront déjà dans le prochain budget de l’Etat» et qu’ils sont indépendants d’une modification constitutionnelle: même sans celle-ci, «il a été possible de privatiser des services publics, de privatiser d’importantes entreprises publiques», de «sabrer dans les retraites, les salaires» et d’«affaiblir l’Etat social». Le Bloco entend par là qu’il prévoit «de nouvelles politiques de coupes sociales» qui s’ajouteront aux engagements du gouvernement en matière de dépenses militaires.
La coordinatrice du Bloco a également présenté les trois projets déposés le premier jour de la nouvelle législature. Tout d’abord, le viol comme crime public, importante à un moment «où la violence contre les femmes et la violence sexuelle augmentent» et qui répond «au tollé et à la pétition qui a rassemblé plus de 100 000 personnes» en ce sens.
Deuxièmement, la reconnaissance de l’Etat palestinien à un moment où «le génocide à Gaza se poursuit» et où la crise humanitaire qui y règne est reconnue. Pour la députée, «il n’y a aucune raison pour que le gouvernement portugais et l’Etat portugais ne reconnaissent pas l’Etat palestinien», ce qui «est avant tout un acte de respect du droit international, mais aussi un acte symbolique qui déclare le soutien du Portugal au peuple palestinien et la solidarité portugaise avec ce peuple victime d’un génocide qui continue de bénéficier de la complicité des plus grands Etats du monde».
En troisième lieu, le Bloco insiste sur la réduction du temps de travail, considérant que «le Portugal est l’un des pays où l’on travaille le plus pour un salaire inférieur» [1]. En outre, on estime qu’«il y a eu quelques expériences réussies avec la semaine de quatre jours, un projet pilote qui a donné de bons résultats en termes de productivité et qui a été bien accueilli tant par les entreprises qui y ont participé que par les travailleurs et travailleuses, et que cette expérience doit donc se poursuivre». Cela n’implique aucune perte de salaire et les projets pilotes doivent se poursuivre dans le secteur privé, dans l’administration publique et dans le secteur public.
Concernant la position générale du Bloco vis-à-vis du gouvernement PSD/CDS, Mariana Mortágua a souligné le «rôle d’opposition», en rappelant ce qui s’est passé l’année dernière: «une politique gouvernementale qui a montré des signes d’incompétence, notamment dans le domaine de la santé» et le projet politique de la droite en matière de logement, de travail, de retraites, de sécurité sociale et de services publics, que le Bloco rejette. (Communiqué du Bloco publié sur son site le 30 mai; traduction rédaction A l’Encontre)
________
[1] La limite de la pauvreté au Portugal est située à un revenu effectif de 632 euros mensuels. En 2023, 1,7 millions de personnes disposaient d’un revenu effectif inférieur à 632 euros mensuels. Toutefois, dans une enquête publiée pour la région du Grand Lisbonne et de Setubal, un revenu de 746 euros, étant donné les différences régionales, aboutit à être statistiquement sur la ligne de passage dans la pauvreté. L’enquête (telle que rapportée par Publico le 4 juin 2025) démontre que dans le Grand Lisbonne le taux de pauvreté se situé à 19,2% de la population et à 20% dans la région de Setubal, si la référence est celle de 632 euros. De plus, les 10% des travailleurs les plus pauvres subissent des horaires de travail de plus de 45 heures hebdomadaires. (Réd. A l’Encontre)