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Le travail des femmes n’est toujours pas légitime en France
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
PARIS (Reuters) - Moins visible, moins reconnu et moins valorisé que celui des hommes, le travail des femmes n'a toujours pas acquis sa pleine légitimité en France près de 50 ans après l'octroi aux femmes du droit à exercer librement une activité, dit une étude du Conseil économique social et environnemental (CESE) publiée mardi.
Depuis la loi de 1965 qui leur a permis de travailler sans le consentement de leur mari, leur situation a certes évolué mais elles continuent de se heurter à des obstacles qui empêchent toute reconnaissance de leur travail, relève le CESE.
Si l'on s'en tient aux chiffres, la tendance relevée au cours des dernières décennies est positive : en 2011, 14,8 millions d’hommes et 13,5 millions de femmes sont recensés comme actifs, contre 13,2 millions d'hommes et 6,6 millions de femmes au début des années 1960.
Mais cette évolution ne doit pas pour autant masquer le chemin que les mentalités doivent encore parcourir en France pour que le travail des femmes soit reconnu à égalité avec celui des hommes, souligne le rapporteur de l'étude, Hélène Fauvel.
Dans une étude de l'Insee de 2011, une personne sur quatre pensait qu’en période de crise, les hommes devraient être prioritaires pour trouver un emploi, une proportion toutefois moins importante chez les 20-24 ans que chez les 75-79 ans.
L'accès à l'emploi reste plus difficile pour les jeunes femmes faiblement qualifiées que pour leurs homologues masculins et les femmes sont plus souvent recrutées en CDD.
SALAIRE D'APPOINT
"Le droit à l’autonomie économique des femmes grâce à leur travail n’est pas encore pleinement reconnu et la notion de salaire d’appoint reste encore très présente", écrit Hélène Fauvel.
"Les écarts de salaire qui ne se réduisent plus depuis les années 1990 restent importants et concernent tous les secteurs et toutes les catégories socioprofessionnelles, contribuent à renforcer l’idée d’une moindre légitimité du travail des femmes", ajoute-t-elle.
Selon les données 2009 de la DARES, la direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques, la rémunération annuelle des femmes est en moyenne inférieure de 27 % à celle des hommes.
Concernant l'éloignement des femmes du marché du travail, le CESE distingue trois grandes catégories de raisons invoquées par les mères pour expliquer leur retrait du marché du travail.
En premier lieu figure la conciliation entre vie familiale et vie professionnelle, "une expression qui ne s'applique qu'exclusivement aux femmes dans l’esprit des employeurs comme aux yeux de l’opinion publique", note le CESE.
Les femmes sont plus nombreuses que les hommes à s'arrêter de travailler pour prendre un congé parental, à réduire leur temps de travail ou à cesser toute activité lorsque la conciliation devient trop compliquée.
CONTRAINTES PRATIQUES
Or, selon une étude de la Caisse nationale des allocations familiales (Cnaf), 40% des mères qui ont arrêté de travailler après une naissance auraient préféré poursuivre leur activité.
Autres obstacles invoqués, les contraintes pratiques et financières liées aux modes de garde, soit indisponibles, soit trop chers, et les conditions de travail parmi lesquelles les horaires ont un poids déterminant.
Face à ces difficultés, "l’implication des employeurs reste encore timide, essentiellement sous forme d’aides financières et beaucoup moins en terme de souplesse horaire pourtant souhaitée", constate le CESE.
La délégation aux droits des femmes et à l'égalité du CESE préconise donc de développer et de diversifier les modes d'accueil des enfants, "condition sine qua non pour permettre aux femmes de travailler en élevant leurs enfants."
Elle appelle également les pouvoirs publics à encourager la gestion partagée des responsabilités familiales entre les deux parents, en incitant les pères à s'impliquer davantage.
La délégation prône la mise en place d'une préparation du retour à l'emploi des femmes en congé parental via une offre de formation et un accompagnement individualisé.
L'enjeu est de taille, souligne Hélène Fauvel. "Oeuvrer pour une meilleure insertion professionnelle des femmes, c’est tout à la fois conforter leur statut social et garantir leur autonomie financière et familiale".