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Annulation de la dette grecque : les banques à la manœuvre
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Les grandes banques sont en train de remettre complètement en cause les décisions européennes du 26-27 octobre dernier. On sait déjà qu’elles contournent les règles les forçant à augmenter leur capital (voir ICI). On s’aperçoit maintenant qu’elles veulent minimiser la contrainte qui leur est imposée d’annuler 50 % de leurs créances sur la Grèce.
Dans la nuit du 26-27 octobre dernier, les chefs d’Etat européens ont fini par virer leurs conseillers pour décider, entre eux, politiquement, de combien la dette grecque devait être annulée. Ils se sont entendus sur le montant de 50 %. Mais sans régler les détails techniques d’une telle annulation. Les négociations viennent ainsi de démarrer entre banquiers et autorités grecques pour déterminer les conditions précises des pertes des banques. Sans surprises, ces dernières essaient d’imposer des modalités qui leur soient très favorables, et tant pis si le coût en est élevé pour la Grèce.
Précisons de suite que l’annulation de 50 % ne revient pas à effacer la moitié de la dette grecque : le pays reçoit des aides du FMI et des pays européens en même temps que la Banque centrale européenne a racheté une partie de sa dette. Tous ces créanciers publics, qui représentent environ 30 % du total, ne sont pas touchés par l’annulation qui concerne donc uniquement 50 % des 70 % de la dette détenue par les créanciers privés (les banques au premier chef, les assureurs, des fonds d’investissement), soit 35 % de la dette totale.
Les banquiers ne se contentent pas de passer 50 % de pertes dans leurs comptes (et même 60 %, au cas où, ont annoncé quelques banques comme BNP Paribas). Ils demandent aux Grecs d’échanger leurs bons du Trésor actuel, que la Grèce est aujourd’hui incapable de rembourser et qui valent donc zéro, contre des nouveaux bons du Trésor à 20 ou 30 ans pour un montant équivalent à la moitié de ce qu’ils détiennent. Mais, puisqu’ils ont perdu sur le capital, ils se rattrapent sur les taux d’intérêt en réclamant une rémunération exorbitante de 8 % ! De plus, le remboursement de ces nouvelles dettes est garanti par un fonds dans lequel les pays européens vont mettre 30 milliards d’euros.
Ainsi, les banques veulent échanger 100 de créances qui ne valent rien contre 50 de créances au remboursement garanti et servant pendant 20 à 30 ans un taux d’intérêt très élevé. Une véritable rente sur le dos des Grecs ! Et comme si cela ne suffisait pas, ils réclament une clause de retour à meilleure fortune : au cas où l’économie grecque irait mieux dans les années qui viennent, il faudra que le gouvernement revienne en partie sur la baisse de 50 % et redonnent aux banquiers une partie de qui a été annulé !
L’accord politique du 26-27 octobre dernier, dans la lignée de celui du 21 juillet, reconnaissait politiquement que puisque les banquiers avaient fait des erreurs en prêtant trop et trop bon marché à la Grèce, ils devaient en payer le coût en acceptant de contribuer à aider la Grèce par l’annulation d’une partie de leurs créances. On voit qu’ils n’y sont pas du tout prêts, préférant continuer à tirer le maximum possible d’un pays destiné à connaître une longue période de récession et d’austérité, période qui sera d’autant plus longue que le coût du remboursement de leur dette sera élevé. Heureusement, la messe n’est pas dite : la Grèce fait des contre propositions qui visent à réduire le futur fardeau de leur dette. La bataille est lancée : il faudra en suivre le résultat de près.