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Préparation du prochain congrès : Quelques propositions pour relancer le NPA
Cet article est diponible maquetté en format pdf. Il a été écrit pour diffuser nos propositions à l'université d'été du NPA.
Notre congrès doit être autre chose que la répétition de débats entre tendances sclérosées. Il doit permettre au NPA de faire de véritables choix. Tout d’abord sur le programme : avoir un profil « anticapitaliste » ne suffit pas. Nous devons travailler des réponses concrètes et précises afin de convaincre qu’une alternative communiste est possible, et qu’elle est la seule issue positive pour notre camp social à la crise du système capitaliste. Face aux attaques historiques pilotées par Macron, nous devons élaborer précisément sur la façon dont nous voulons construire le front unique pour mettre en échec le gouvernement. Au delà de la fausse alternative entre les « unitaires » (qui ne jureraient que par la construction de cadres unitaires) et les « sectaires » (qui ne voudraient pas discuter et agir avec les réformistes), il faut définir une politique d’intervention commune dans les luttes. Enfin, on ne peut pas se satisfaire de la façon dont fonctionne notre parti, si éloigné de la société que nous voulons construire, et sur ce terrain aussi le statu quo n’est plus possible.
Au-delà de l’anticapitalisme, la nécessité d’un programme communiste en positif
Alors que Mélenchon a présenté un programme antilibéral complet et chiffré, s’appuyant sur une analyse keynésienne de la crise, nous sommes incapables de rivaliser. Pour cela, il faudrait d’une part s’armer d’une analyse marxiste de la crise. Cela permettrait d’expliquer que les remèdes de Mélenchon ne feraient qu’aggraver la crise du système et conduiraient inéluctablement (faute de s’engager dans une rupture avec le capitalisme) à une politique d’austérité accrue. Toutes les expériences réformistes ont échoué : il faut être capable de le dire et de l’expliquer. D’autre part, il faudrait populariser un projet communiste actualisé. Répéter en boucle quelques mesures d’urgence sans les inscrire dans une cohérence politique nous rend inaudibles. Et cela nous cantonne soit dans un discours « luttiste » de résistance aux attaques (mais pour résister, il faut aussi croire qu’une issue est possible), soit à rejoindre les perspectives stratégiques des réformistes (quand nos porte-parole ont signé un texte programmatique « Les défis de la gauche dans la zone euro » avec Coquerel).
Notre parti voulait prendre « le meilleur des traditions du mouvement ouvrier » Nous aurions dû et devrions passer à l’acte et puiser dans les fondamentaux du mouvement ouvrier, pour passer de l’anticapitalisme au communisme du 21e siècle. Que devrait faire un gouvernement des travailleurs/euses ? L’axe central de notre propagande doit être le combat pour la défense de la propriété collective des grands moyens de production : il faut exproprier (sans indemnité pour les gros actionnaires) les grands groupes capitalistes. Il ne s’agit pas que l’État bourgeois joue le rôle de « capitaliste collectif » et se substitue aux capitalistes privés. Pour cela, il faut que les nationalisations se fassent en même temps que la mise en place d’un plan centralisé et de la transformation des rapports de production dans les entreprises, où l’autogestion des travailleur-se-s sera centrale. Il faudrait aussi instaurer un monopole étatique du commerce extérieur afin de ne pas mettre en concurrence la production de la nouvelle économie socialiste avec celles des économies capitalistes. Et bien évidemment rompre immédiatement avec l’UE et l’euro ! Après la triste expérience grecque, la majorité actuelle (mais pas que...) refuse toujours de clarifier notre message sur l’UE, préférant marteler qu’on est pour une « Europe des travailleurs » mais refusant d’être un minimum concret sur le chemin pour y arriver.
Au-delà des questions économiques, il faut définir un projet global qui prenne en compte toutes les dimensions du système capitaliste. La lutte contre les oppressions « spécifiques » (oppression des femmes, LGBTI, des étranger-e-s, des musulman-e-s ou présumé-e-s tel-le-s, etc.) ne doit pas être pour nous un supplément d’âme. D’une part parce que ces oppressions sont tout aussi importantes et scandaleuses que l’exploitation capitaliste. D’autre part parce que s’appuyer sur l’auto-organisation des opprimé-e-s est une condition pour aller aujourd’hui vers une véritable convergence de toutes les luttes et demain vers une révolution sociale qui bouleverse non seulement les rapports de production, mais l’ensemble des rapports sociaux. Il nous faut aussi rompre clairement avec un héritage productiviste qui plaçait au dessus de tout le développement des forces productives. Pour préserver notre écosystème, nous devons réorganiser l’économie sous la direction des travailleur-se-s et faire décroître sensiblement notre consommation d’énergie et de ressources naturelles.
Construire le Front unique contre le gouvernement
Alors que Macron veut faire passer une série de contre-réformes historiques, nous cherchons à construire une grève générale qui bloque l’économie et mette en échec le gouvernement. Nous devons tirer les leçons du mouvement social de 2010 où notre parti n’a pas été à la hauteur : il n’a pas su s’opposer à la politique de sabotage des bureaucraties syndicales. Pire, il a donné des gages à la direction de la CGT. Aujourd’hui, nous devons à la fois chercher à construire des cadres unitaires pour mobiliser et défendre sans concession notre politique face à celles des réformistes.
Le Front social doit être un outil pour construire ce front unique contre le gouvernement. Il n’est ni le substitut d’un syndicat, ni celui d’un parti. Il doit prendre des initiatives propres (matériel d’explication et d’agitation, actions, etc.) tout en faisant pression sur les directions syndicales pour qu’elles rompent le dialogue social et mettent en place un véritable plan de mobilisation. Il doit continuer d’intégrer un maximum de structures syndicales, ainsi que des collectifs de lutte divers (féministes, LGBTI, antiracistes, quartiers populaires, contre les violences policières, contre les grands projets inutiles...). Enfin, il doit avoir un fonctionnement démocratique, avec des AG décisionnelles et un collectif d’animation élu, mandaté, et révocable.
Rénover le parti à l’image de la société que nous voulons construire !
Nous devons modifier le fonctionnement de notre parti, pour qu’il puisse devenir un lieu d’émancipation en adéquation avec notre projet politique pour la société. Il faudrait surmonter deux coupures : celle entre les comités et la direction théorique (CPN), et celle entre le CPN et l’équipe dirigeante.
Le mode de fonctionnement du NPA ne permet pas à ses membres de se sentir partie prenante des orientations du CPN. Pour qu’il y ait une appropriation des débats par tou-te-s, il faudrait développer la formation aux acquis théoriques et historiques du marxisme, du mouvement ouvrier, enrichis plus récemment par ceux du féminisme, de l’écologie radicale, de l’anti-racisme politique etc. Il faudrait se rappeler que les comités sont les structures fondamentales du parti. Des comptes rendus et bilans des activités menées à la base devraient être regroupés et diffusés dans un BI permanent, ce qui permettrait d’avoir un CPN plus vivant et moins sclérosé, qui rendrait des comptes aux comités. Il faudrait également que les fonctions de délégué-e-s soient précisées afin qu’ils/elles puissent faire la navette entre le CPN et les comités.
Le CPN est théoriquement la direction du parti. Dans la réalité, il se réunit tous les deux mois pour voter une résolution qui n’a que très peu d’influence sur la politique du parti. Les résolutions du CPN devraient être précises et cadrer l’action du CE et des porte-paroles.
Nous défendrons donc au congrès une refondation programmatique, organisationnelle et fonctionnelle du parti ce qui implique une révision complète des statuts («provisoires» depuis 2015 !). C’est seulement si nous sommes porté-e-s par un projet enthousiasmant que nous pourrons faire sauter les blocages internes.