Contribution soumise au congrès parisien du NPA
Nous
publions ici la contribution soumise au congrès parisien du NPA,
qui a eu lieu le 6 décembre, présentée par 11 camarades de 7
comités et soutenue par la Tendance CLAIRE.
Un texte
similaire, adapté à la situation locale, a été présenté par
5 camarades au congrès de Seine-saint-Denis (93), qui s’est
tenu la semaine suivante, et un autre au congrès du NPA de
Drôme-Ardèche, signé par 2 camarades.
Notons
d’ailleurs qu’un comité parisien a choisi un camarade de la
Tendance CLAIRE pour le représenter à la coordination
départementale du 75, qui rassemble les délégués des comités,
et une militante CLAIRE a été élue par le congrès du 93 à la
coordination de ce département.
Le Congrès parisien est une
échéance importante pour tous les militants NPA de Paris, à
double titre. D’abord, nous pourrons discuter ensemble du bilan et
de nos objectifs de construction, en relation avec l’orientation
politique à mettre en œuvre à l’échelle parisienne dans la
prochaine période. Pour coordonner et impulser la mise en œuvre de
cette orientation, il sera également nécessaire de nous doter au
niveau départemental d’une direction politique et représentative.
Priorité à
la construction dans
la classe ouvrière
D’après le document
préparatoire « Proposition de statuts pour le Congrès NPA
75 », il y a à Paris 33 comités, dont 26 comités
d’arrondissement, 6 comités jeunes (Paris-VII, Paris I-Tolbiac,
Sorbonne, Paris-III, Jussieu, lycée Claude Monet) et un seul comité
sur un lieu de travail (comité des postiers du 15e). Cette
organisation essentiellement territoriale a comme conséquence que
notre activité est trop dispersée et manque d’efficacité pour
aider aux luttes.
La construction des comités de
boîte nous semble une tâche prioritaire à laquelle nous devons
nous atteler dans la prochaine période. Les statuts du NPA disent
en effet que “chaque
fois que c’est possible, la création d’un comité NPA
d’entreprise doit être envisagée”.
Cette implantation dans les entreprises est indispensable pour
contribuer à organiser les luttes de la classe ouvrière, car
ce sont les travailleurs comme tels qui peuvent mener les luttes
anticapitalistes les plus efficaces, par leur capacité à bloquer
l’économie, et qui pourront demain prendre en main la
réorganisation de la production pour révolutionner la société.
Or il existe des militants NPA
dans de nombreuses entreprises ou établissements à Paris, comme
les grandes gares, les centres postaux, les agences EDF, les
hôpitaux, les établissements scolaires... La priorité de ces
militants doit être de construire des comités dans leur
entreprise, et ils doivent pour cela bénéficier de toute l’aide
politique, logistique, financière nécessaire.
Parallèlement, les autres comités
doivent organiser leur activité en direction de la classe ouvrière.
Pour cela, il est essentiel qu’une commission d’intervention sur
les lieux de travail (CILT) soit mise en place dans chaque comité
d’arrondissement et au niveau du département.
Les diffusions régulières du
matériel NPA (tracts, journaux...) en direction des lieux de
travail doivent être multipliées. Il faut tendre, pour une
efficacité optimale, à la constitution des tandems comité
d’arrondissement/comité de boîte intervenant vers une entreprise
à la fois de l’extérieur et de l’intérieur de manière
coordonnée. Les diffusions sur les marchés ou les bouches de métro
sont généralement moins efficaces en raison de la disparité du
public et de la difficulté à cristalliser les contacts : elles
doivent donc être limitées aux quartiers populaires en relation
avec une activité de quartier concrète.
Les comités jeunes élaborent
leur orientation dans le cadre de l’autonomie du secteur jeune,
comme cela a été décidé au congrès. Mais il est clair qu’ils
peuvent eux aussi, s’ils en sont d’accord, lier leur
intervention aux luttes des travailleurs. Cela peut passer par le
soutien (financier, matériel, logistique) aux luttes des
travailleurs dans le voisinage des comités jeunes, par la recherche
systématique de convergences interprofessionnelles lors des
mouvements lycéens et étudiants ; enfin, par l’intervention
régulière en direction d’une entreprise voisine, les jeunes
peuvent tisser des liens concrets avec les travailleurs de
l’entreprise, favorisant ainsi de futures convergences. D’autre
part, en proposant à nos sympathisants étudiants et lycéens de
faire ce travail avec le comité, nous pourrons les sensibiliser,
par la pratique, à la cause prolétarienne.
Contre
l’électoralisme, pour donner la priorité aux luttes et
s’organiser en conséquence
Les tâches d’intervention dans
la lutte de classe sont prioritaires et exigent toute l’énergie
militante du NPA. Elles nécessitent donc d’en finir avec les
discussions électoralistes menées depuis des mois avec les partis
réformistes que sont le PCF, le PG, les Alternatifs, etc. En
raison des choix erronés de la direction du parti, trop de temps a
été perdu dans ces discussions stériles avec des organisations
qui ne remettent pas en cause le système capitaliste, qui le
cogèrent lorsqu’elles sont au pouvoir et avec qui il n’est même
pas possible, généralement, de mener des luttes sur une
orientation commune. Cela a empêché que le NPA mène une véritable
campagne contre les licenciements, malgré la décision prise en ce
sens lors du CPN de juin, et un travail central pour la convergence
des luttes ouvrières.
L’indépendance du NPA (qui
n’exclut pas la possibilité d’accord avec des organisations
anti-capitalistes, comme Lutte ouvrière) est indispensable non
seulement pour défendre un programme anticapitaliste cohérent et
conséquent aux élections, mais surtout pour intervenir
efficacement dans les luttes et aider les travailleurs combatifs à
en tirer politiquement les leçons. Or les dirigeants du PCF, du PG,
etc., sont les mêmes que ceux qui dirigent les organisations
syndicales, aux côtés de leurs alliés du PS. Malgré de très
importantes mobilisations des travailleurs et de la jeunesse ces
dernières années (manifestations massives et grève reconductible
en 2003 contre la réforme des retraite, en 2006 contre le CPE, en
2007 contre la réforme des régimes spéciaux de retraite et contre
la loi LRU, en 2009 contre la politique du patronat et du
gouvernement visant à faire payer la crise aux travailleurs, etc.),
la montée vers la grève générale a toujours été brisée par la
tactique des journées d’action dispersées et sans lendemain des
directions syndicales, menant presque toutes ces puissantes
mobilisations à des défaites.
À l’échelle parisienne comme
dans tout le pays, le NPA doit combattre cette orientation, œuvrer
systématiquement à la convergence des luttes et, lors des grands
mouvements, se battre résolulement pour la grève générale. Cela
passe par exemple par l’impulsion d’AG et de coordinations
inter-site lors d’un mouvement sectoriel (par exemple une AG
regroupant les délégués des différentes gares parisiennes lors
d’un mouvement de cheminots) ou par l’impulsion d’AG interpro
lors des mouvements d’ensemble. De telles AG sont parfois
convoquées à la Bourse du Travail à la fin des grandes journées
de manifestations et certains militants NPA y participent déjà.
L’enjeu pour nous sera de les rendre plus massives, plus
représentatives, afin d’en faire des organes d’auto-organisation
à même de contester la direction des mouvements aux bureaucraties
syndicales.
Plus généralement, le NPA
parisien souffre depuis le début de l’année d’un manque de
coordination des comités pour intervenir dans les luttes, en raison
de l’absence d’une direction politique départementale. Notre
congrès doit surmonter cette difficulté qui n’est pas seulement
organisationnelle, mais d’abord politique, si l’on est d’accord
pour considérer que le NPA doit être un instrument des luttes.
Enfin, les militants syndicaux du
NPA sont aujourd’hui largement isolsés les uns des autres, ce qui
empêche toute intervention commune dans les syndicats et même tout
échange sérieux. Nous devons coordonner l’activité syndicale
des militants NPA à Paris comme au niveau national, avec l’objectif
de construire un courant lutte de classe dans les différents
syndicats afin de s’opposer de manière organisée aux
bureaucraties et à leur politique. En particulier, il est crucial
de construire une opposition large et radicale à l’intérieur de
la CGT, en développant et renforçant le rassemblement qui s’est
constitué autour de la candidature politique de Jean-Pierre
Delannoy contre Bernard Thibault à l’occasion des préparatifs du
49e congrès
confédéral.
Trois
exemples concrets de luttes où le NPA Paris peut intervenir
efficacement,
sur une
ligne juste,
en étant
bien organisé
Lutte contre la
privatisation
de la poste et pour le soutien à la grève des postiers
La grève des postiers est un
événement déterminant de la lutte de classe en cet automne,
susceptible d’entraîner dans son sillage d’autres luttes
jusqu’à présent dispersées. Jusqu’à présent, le NPA s’est
embourbé dans un "collectif national” qui, du PCF jusqu’à
Dupont-Aignan en passant par le PS et l’asociation “Cap 21”
liée au MODEM, a axé toute sa campagne sur la vaine demande d’un
référendum à Sarkozy et l’envoi de “cartes postales” à
l’Élysée. Il faut en finir avec cette mascarade, tout mettre en
œuvre pour aider à construire la grève des postiers et la
mobilisation massive de la population opposée à la privatisation,
jusqu’au retrait du projet de loi. Pour
cela, il est juste que tous les militants du NPA se mettent au
service de la grève des postiers, soutiennent leurs piquets,
contribuent à la constitution de caisses de grève et préparent
avec le maximum de travailleurs, dans le cadre de comités se
prononçant clairement pour le retrait du projet de loi, la
manifestation nationale à Paris mi-décembre. Nous montrerons ainsi
aux postiers et aux autres travailleurs que notre parti est capable
d’être le meilleur contributeur aux luttes contre le
gouvernement.
Soutien aux luttes des sans-papiers
La lutte pour la régularisation
des sans-papiers est particulièrement importante en région
parisienne et notamment à Paris. C’est pourquoi une des tâches
centrales des comités NPA 75 est de participer activement à cette
lutte. Or, depuis le printemps 2008, on assiste à l’émergence
d’une nouvelle forme dans cette lutte, celle de la grève
coordonnée avec occupation des lieux de travail par des
travailleurs sans-papiers, dirigée le plus souvent par la CGT. Il
est important de faire le bilan de ces grèves afin d’envisager
les moyens les plus appropriés d’y intervenir.
Tout d’abord, s’il est évident
que plusieurs centaines de militants CGT ont combattu corps et âme
pour la régularisation des travailleurs sans-papiers par l’arme
de la grève, il est clair aussi que la décision politique de
réduire le combat à la régularisation au cas par cas dans le
cadre de la loi raciste d’Hortefeux ne pouvait aboutir qu’à des
résultats très limités. De fait, la direction de la CGT elle-même
reconnaît que les grèves qu’elle a organisées sur cet axe en
2008 n’ont permis de régulariser que 2000 travailleurs
sans-papiers, alors qu’on en compte plusieurs centaines de
milliers dans le pays. De plus, le titre de séjour de ceux qui ont
été régularisés n’a dans la plupart des cas qu’une durée de
quelques mois ou d’un an (certains arrivent donc déjà à
expiration). Enfin, la direction de la CGT a refusé d’aller
jusqu’au bout de sa propre orientation en stoppant de fait la
vague de grèves qu’elle avait lancée au printemps 2008, malgré
le soutien dont elle bénéficiait chez une grande partie des
travailleurs conscients de leurs intérêts de classe.
Cette logique a abouti à
l’ignoble évacuation des sans-papiers de la Bourse du Travail par
la direction de la CGT en juin 2009. En effet, les sans-papiers qui
occupaient la Bourse du travail demandaient que la CGT prenne en
charge leurs dossiers de régularisation, mais cela n’entrait pas
dans le cadre de l’action décidée par la CGT (travailleurs
isolés, sans-papiers sans travail, etc.).
Quant à l’actuelle deuxième
vague de grèves pour la régularisation, où sont engagés plus de
5000 travailleurs sans-papiers en Île-de-France, la CGT et les
autres organisations qui l’ont impulsée lui ont donné un cadre
politique inacceptable, consistant à demander une “meilleure”
circulaire d’application de la loi raciste d’Hortefeux.
Cependant, aucune lutte massive pour la régularisation des
sans-papiers ne peut se développer si l’on ne combat pas la loi
Hortefeux en tant que telle, car elle est contradictoire avec la
logique d’une régularisation massive : elle vise
exclusivement à stabiliser une petite partie de la main-d’œuvre
dans quelques secteurs, dans l’intérêt du patronat qui en
manque. Les discriminations et la méthode du « cas par cas »
sont donc inhérentes à l’application de cette loi. Refuser
l’arbitraire préfectoral ne peut consister qu’à refuser la loi
Hortefeux qui l’organise.
Les différents comités NPA ont
toujours soutenu la lutte des sans-papiers, que ce soit en 2008,
après l’évacuation de la Bourse de travail (le NPA a joué un
rôle important dans l’aide à l’occupation rue Baudelique par
les sans-papiers expulsés, même s’il n’a malheureusement pas
condamné clairement l’acte ignoble décidé par la direction de
la CGT) ou aujourd’hui même. Cependant, ce soutien doit être
coordonné et intensifié : les comités doivent mettre en place des
collectes d’argent, organiser une présence plus importante des
militants sur les lieux d’occupation, participer aux
manifestations et aux actions de blocage décidées par les
sans-papiers... Ce soutien doit aussi être politique : nous devons
par la discussion aider les sans-papiers à caractériser les
obstacles politiques à leur lutte, à s’auto-organiser afin de
déborder le cadre imposé par la CGT et les réformistes, à
développer la lutte jusqu’à la régularisation de tous les
sans-papiers et l’abrogation de la loi Hortefeux comme de toute
les autres lois racistes et anti-immigrés.
La question du logement
La question du logement est une
autre question particulièrement prégnante à Paris en raison du
nombre important de sans-logis ou de mal logés (familles démunies,
immigrés, jeunes travailleurs et étudiants, etc.). Ceux qui ont de
la chance d’avoir un logement sont, pour une bonne partie,
asphyxiés financièrement par le loyer. Beaucoup de ménages
populaires sont contraints de quitter Paris, dont la population
s’embourgeoise alors encore plus. En même temps, il y a un
certain nombre de luttes organisées par diverses associations (DAL,
Jeudi noir, etc.).
Nous devons participer à ces
luttes et à leur développement en avançant un programme qui
s’articule autour des revendications suivantes :
- Non aux expulsions !
- Réquisition sans
indemnités ni rachats des logements et bureaux vides pour les
répartir entre foyers sans-logis ou mal logés !
- Rénovation des logements
insalubres, construction de nouveaux logements à loyers modérés ;
- Contrôle des habitants sur
les loyers pour imposer et faire respecter des loyers modérés ;
Comme pour toutes les
revendications qui touchent à la propriété privée, il faut en
même temps expliquer politiquement que leur satisfaction pleine et
entière ne peut être réalisée par un gouvernement qui défend
les intérêts des grandes entreprises qui possèdent la plupart des
bureaux parisiens et des riches propriétaires, mais seulement par
un gouvernement des travailleurs.
Pour
l’élection d’une direction politique et représentative des
sensibilités du parti
Les tâches d’intervention et
d’organisation sont des tâches politiques.
C’est pourquoi leur mise en œuvre doit être impulsée et suivie
par des instances politiques (au niveau des comités et au niveau
départemental) sur la base de mandats clairement définis. Or,
jusqu’à présent, le NPA 75 a manqué d’une véritable
direction politique à même de structurer et de coordonner le
travail militant à l’échelle du département.
La direction politique doit être
élue par le congrès parisien. Il semble raisonnable qu’elle
regroupe environ 10% des militants et se réunisse au moins une fois
par mois. Elle élit en son sein un secrétariat exécutif d’une
quinzaine de personnes et se réunit toutes les semaines.
Conformément aux statuts adoptés
par le congrès de fondation de notre parti, il va de soi que la
constitution de ces mandats doit être faite à partir d’un vote
sur les différentes plates-formes politiques existantes dans le
département. La répartition des représentants aux instances de
direction doit ensuite être proportionnelle aux voix obtenues par
chaque plate-forme (par un suffrage proportionnel au plus fort
reste). On veillera enfin, autant que possible, à ce que tous les
comités soient représentés dans chaque instance.
Texte présenté par 11
militants de 7 comités et soutenu par la Tendance CLAIRE.
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