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AG féministe à la fac du Mirail

Lien publiée le 2 décembre 2014

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://delphysyllepse.wordpress.com/2014/12/01/ag-feministe-a-luniversite-du-mirail-toulouse/

Compte-rendu de synthèse de l’assemblée générale féministe à l’UT2J organisée par les étudiantes du Master GEPS, 27/11/2014

Introduction
Plusieurs étudiantes du master GEPS (Genre Egalité Politiques Sociales), du département de sociologie, participant depuis désormais un mois au mouvement de mobilisation sur le Mirail, ont proposé une assemblée générale féministe. Cette initiative découle de discussions qui ont mis en évidence un constat commun, à savoir que ce mouvement manquait de réelles discussions de fond, tant sur les modes de fonctionnement et d’organisation des étudiantes et étudiants mobilisé-e-s, que sur nos revendications précises et nos analyses de l’austérité. Qui plus est, a été pointé le fait qu’aucune discussion sur les questions de genre n’avait eu lieu, alors même que la moitié des étudiants mobilisés… sont des étudiantes.
Dans le cadre de cette première AG féministe, il a été proposé de réfléchir sur deux points :
* Réfléchir et faire une analyse genrée, féministe de nos conditions d’études et de travail : alors que nous luttons contre le désengagement de l’Etat dans les universités, les conséquences ne sont pas les mêmes pour les étudiantes que pour les étudiants ainsi que pour les enseignantes et enseignants (sélection, suppression de filières, suppression de cours…) ;
* Réfléchir à la place des femmes dans le mouvement : comment construire ce mouvement sans que ne soient reproduits les rapports de domination et certaines formes d’oppression, afin que toutes les étudiantes puissent s’y sentir légitimes et y avoir leur place ?
Sans prétention d’exhaustivité, certaines pistes de réflexion ont été proposées afin d’engager une discussion collective.

Les conséquences genrées des coupes budgétaires

1° Les coupes budgétaires à l’université entrainent une menace de fermeture de certaines filières qui seraient considérées comme non « rentables ». Dans ce contexte, les premières filières menacées sont celles de sciences humaines et sociales. Or, ces filières sont majoritairement composées de femmes contrairement aux filières scientifiques et techniques.

2° Lors du prochain conseil d’administration de l’université, une discussion aura lieu sur le type de sélection éventuellement à mettre en place pour la rentrée prochaine puisque l’université ne peut accueillir plus d’étudiant-e-s avec moins de budget.
– On sait que les femmes candidatent moins que les hommes dans les filières sélectives parce qu’elles s’autocensurent du fait de leur socialisation
– Si les universités deviennent sélectives, les femmes risqueraient d’avoir plus de difficultés à accéder aux études supérieures.
– Si le choix du mode de sélection se porte sur des entretiens ou des oraux, les femmes risqueraient d’être désavantagées car elles sont traditionnellement moins à l’aise à l’oral.
− Autre conséquence de la socialisation genrée : les suppressions de postes et donc les amphis surchargés risquent d’avoir pour conséquence un décrochage plus important des femmes qui osent beaucoup moins prendre la parole en public.

3° Il existe également un risque réel de voir les frais d’inscription augmenter à l’université ce qui entrainerait une hausse de la précarité des étudiant-e-s alors que l’on sait déjà que les bourses du CROUS ne sont pas suffisamment élevées et que les critères d’attribution ne permettent pas de prendre en compte la réalité des situations individuelles. On sait aussi que 70% des étudiant-e-s du Mirail travaillent en plus de leurs études (contre 50% au niveau national).

Conséquences spécifiques pour les femmes :
– Elles sont particulièrement touchées par le travail précaire car le travail étudiant est genré : elles font notamment du babysitting et peuvent recourir à la prostitution (très peu de données là-dessus, les universités ne se saisissent pas du problème). Ce travail étudiant genré reproduit de plus des normes de genre.
– Discrimination à l’embauche (intersectionnalité) : les femmes ont plus de difficultés à trouver un emploi que les hommes et cette difficulté se renforce dès lors que l’on est une femme « racisée », perçue comme lesbienne, en situation de handicap, etc.
– Quid des étudiant-e-s qui ont des enfants (sachant qu’une femme réalise encore 80% des tâches domestiques), qui sont cheffes d’une famille monoparentale ? D’une part, l’obligation d’assiduité pour les boursier-ère-s ne prend pas en compte ces situations spécifiques. D’autre part, aucun aménagement n’est prévu en faveur de la conciliation des temps de vie (étude et vie familiale), comme par exemple des crèches à l’université.

4° Le problème du financement au rabais de la médecine préventive de l’Université.
Les coupes budgétaires soulèvent la question de l’accès aux soins des étudiantes et étudiants, et aux soins spécifiques aux étudiantes (consultations gynécologiques, consultations psy, notamment en cas de violences conjugales, sexistes, etc.).
Un exemple (bordelais) a été présenté.
Il y a maintenant deux ans, de graves problèmes de sexisme ont été mis au jour dans un établissement d’enseignement supérieur (mêlant un cas de harcèlement sexuel de la part d’un chercheur vis-à-vis d’étudiantes, et un phénomène de harcèlement et d’intimidation de la part d’étudiants sur les étudiantes, notamment les étudiantes féministes, ou du moins les étudiantes soucieuses d’avoir accès à des cours sur le genre). Dans ce contexte, s’était constitué un collectif féministe pour soutenir les étudiantes et jeunes enseignantes de l’établissement. Ces dernières ont alors souhaité mettre en place une cellule de veille permettant d’accueillir et accompagner les étudiantes, enseignantes, et personnel de l’Université, victimes de violences sexistes. Ce projet de cellule de veille a été porté pendant presque un an, au rythme de plusieurs réunions par mois, réunissant étudiantes, enseignantes, personnels BIATOSS, et membres de la médecine préventive. Le projet, porté par la volonté de la médecine préventive de le mettre en place, et soutenu par un chargé de mission égalité femmes-hommes, n’a pourtant pas pu voir le jour. En effet, à la rentrée universitaire suivante, la médecine préventive n’a pas obtenu les financements nécessaires à sa mise en place (locaux adaptés, personnes formées sur ces problématiques, médecins, psychologues, etc.).
Suite à cela, s’est constitué le C.L.E.F. (Collectif de Lutte des Etudiantes Féministes) qui, en plus de mener diverses actions, a décidé de mettre en place cette cellule de veille, ou permanence féministe, bénévolement. Les étudiantes ont suivi des journées de formation auprès du Planning familial afin d’être en mesure d’accueillir les étudiantes victimes de violences sexistes. Pour combler ce « vide » à l’université, le CLEF a ainsi créé une ligne téléphonique et se propose de se faire le relais en accompagnant les étudiantes vers les instances existantes (Planning familial, médecine préventive, COVA, etc.).
C’est donc à ce type de problématiques que nous nous confrontons également.

5° Le plafond de verre à l’université, et le harcèlement sexuel dans l’ESR.
Pour les étudiantes qui souhaitent faire carrière à l’université, c’est le parcours de la combattante.
Les filières qui sont majoritairement féminines (comme les sciences humaines et sociales) sont exemplaires du problème du plafond de verre, de cette sélection qui s’opère de manière insidieuse.
Quand les étudiantes sont majoritaires en licence et master, pourtant, à partir du doctorat et par la suite, les femmes sont moins nombreuses, désavantagées et moins visibles. Les hommes occupent 70% des postes de « Professeur d’Université », quand les femmes, lorsqu’elles trouvent un poste, sont majoritairement « Maîtresses de Conférence » (statut moins prestigieux, moins bien payé). Les postes de direction sont majoritairement occupés par des hommes. Les références bibliographiques, les auteurs cités, sont majoritairement des hommes, alors que, parait-il, il existe des enseignantes-chercheuses, qui publient tout autant des ouvrages et des articles…
Le harcèlement sexuel est un problème malheureusement récurrent et fréquent qui, en plus de la violence de telles pratiques, empêche clairement un nombre important de femmes à faire carrière à l’université, poussant bien souvent les étudiantes et jeunes chercheuses à abandonner.
Le monde universitaire est un monde masculin (dans ses postes les plus prestigieux et les plus hiérarchiquement élevés) et éminemment corporatif.
Les cas de harcèlement sexuel « se règlent » à l’université, ou plutôt ne se règlent pas ; les affaires sont étouffées ; on lave son linge sale en famille (il ne faut surtout pas que la réputation d’une université, d’un laboratoire de recherche, d’un master, d’un département, ne soit entachée, alors mesdames taisez-vous…). Les étudiantes et jeunes enseignantes, en situation de précarité, se retrouvent systématiquement face à une extrême difficulté (pour ne pas dire impossibilité) à se faire entendre. Très peu de recours sont possibles.
Cf. le CLACHES, Collectif de Lutte Antisexiste Contre le Harcèlement Sexuel dans l’Enseignement Supérieur

Le mouvement étudiant au prisme du genre
Alors que de très nombreuses étudiantes participent à la mobilisation, très peu interviennent dans le cadre des décisions aussi bien en Assemblée Générale où les décisions sont prises qu’en comité de mobilisation où l’on met en place les décisions votées. Face à cela, plusieurs points sont à questionner :
– L’heure et la très longue durée des réunions posent problème : les personnes qui n’ont pas forcément l’habitude des réunions politiques, les étudiantes qui ont des enfants et doivent s’en occuper et les étudiantes qui travaillent le soir ne peuvent pas participer à toutes les réunions ou rester jusqu’au moment des prises de décisions.
– La difficulté des femmes à prendre la parole : face à beaucoup de monde et face aux réactions lorsque l’on intervient, il est difficile pour les femmes de prendre la parole. Pour pallier à ces difficultés, plusieurs solutions sont possibles : mettre en place un deuxième tour de parole pour que les femmes parlent avant les hommes, ce qui éviterait qu’elles se désinscrivent sur la liste en pensant être redondantes, ouvrir la liste d’inscrit-es une fois le premier point fini ce qui éviterait qu’il y ait un trop grand nombre de personnes inscrites et qui donnerait le temps aux femmes qui hésitent de s’inscrire…

Interventions et réactions
Face à la présence de plusieurs étudiants, un certain nombre de mises au point ont été nécessaires : sur la socialisation différenciée des femmes et des hommes, sur les chiffres de la répartition des tâches domestiques, l’impact des violences sexistes sur la conduite des études et sur le fait que la misandrie n’existe pas.
Il a été nécessaire de rappeler le devoir des hommes féministes ou pro-féministes à l’autoréflexivité par rapport à leurs attitudes, comportements et discours. Nous n’avons pas besoin de leçons de leur part et nous n’avons pas besoin d’eux pour être légitimes. Plusieurs interventions ont fait ressortir la lassitude quand à la nécessité de faire de la pédagogie avec les hommes tout en reconnaissant leur capacité à réfléchir sur eux-mêmes.
Concernant la mobilisation étudiante, la violence des AG a été soulignée, empêchant l’engagement de certaines femmes dans le mouvement, mouvement qui prétend porter des idéaux d’égalité mais ne les applique pas en pratique. Une piste a ensuite été proposée : la sensibilisation des étudiant-e-s au sein du mouvement.
Plusieurs interventions ont porté sur des exemples de cas de violences sexistes au sein de l’université : harcèlement sexuel d’une thésarde, étudiantes ayant subi plusieurs expériences de violences qui arrêtent leurs études, réflexion sexiste d’un prof ; le sexisme qui existe au sein du corps enseignant et parmi le personnel non enseignant.
La question de l’engagement de l’université sur ces problématiques à été soulevée.
Plusieurs interventions ont porté sur l’intersectionnalité : il est nécessaire à faire attention à sa posture et à ses décisions lorsque l’on est une femme « blanche » et valide (l’organisation de l’AG n’a pas été pensée par rapport aux personnes handicapées ou invalides). De plus, tout le monde ne se définit pas de la même façon, l’expression de « femme racisée » pose problème à certaines et doit faire l’objet d’une réflexion entre nous. Et attention à ne pas oublier les femmes lesbiennes, les homos, les bisexuel-le-s, les personnes transgenres, intersexes et queers.
Par la suite, l’essentiel du débat a porté sur la question d’une organisation en mixité ou en non-mixité : il est difficile de parler de cas de violences devant des hommes, « on ne lutte pas contre l’oppression avec l’aide des oppresseurs », les hommes peuvent être des relais mais n’ont pas la légitimité de parler, débat sur le fait de savoir si les hommes peuvent être féministes ou non, la non-mixité permet de se réapproprier l’espace et de s’organiser, risque de la monopolisation de la parole par les hommes ≠ importance de sensibiliser les hommes, d’en faire des alliés, si les hommes veulent s’engager il serait contre-productif de les exclure, la non-mixité peut faire le jeu des stéréotypes, capacité des hommes à réfléchir sur leur propre posture.
Le débat n’a pas été tranché ici mais, malgré tout, la majorité des personnes présentes semblaient favorable à l’organisation de moments/groupes en non-mixité et de temps distincts en mixité et semblaient favorable au fait que les décisions seraient prises en non-mixité.

Propositions et points nécessitant une réflexion
Réflexion sur la mixité et la non-mixité
Réflexion sur les termes employés
Réflexion sur la création d’une crèche à l’université
Réfléchir aux moyens à allouer à la mission égalité de l’université
Fixer un cadre pour toutes les AG : présenter nos réflexions (à chaque début d’AG par exemple), sensibilisation au sein du mouvement étudiant, exiger la parité des interventions en AG ?
Exiger de l’université un engagement sur la question des violences et du harcèlement sexistes dans l’enseignement et la recherche
Proposition de créer des ateliers/groupes de parole pour discuter de nos conditions d’études, des violences sexistes subies, de la manière de s’organiser pour réagir aux situations/propos sexistes
Créer une liste d’urgence avec noms et numéros de téléphone de certaines étudiantes pour réagir en cas d’insultes, propos sexistes, situations de violences, etc.
Créer un info kiosque féministe
Créer un collectif étudiantes/enseignantes/membres du personnel
Inviter les hommes à se regrouper pour réfléchir sur leur conditionnement et leur déconditionnement