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Grèce: campagne électorale et déjà les tractations....
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(Le Monde) La Grèce est de nouveau en campagne électorale, après l’échec au Parlement, lundi 29 décembre, du candidat à la présidence de la République choisi par le gouvernement de coalition. Des élections législatives anticipées ont été annoncées dans la foulée par le premier ministre Antonis Samaras pour le 25 janvier, soit dans à peine quatre semaines. Et déjà, le ton monte entre les conservateurs de la Nouvelle Démocratie (ND) et le principal parti d’opposition, Syriza.
« Le peuple est déterminé à mettre fin à l’austérité et aux mémorandums. Le gouvernement Samaras appartient déjà au passé », a commenté Alexis Tsipras, le président de la coalition de gauche Syriza immédiatement après le vote.
« Je suis ici pour garantir la stabilité du pays », a répondu dans un message télévisé, quelques instants plus tard, le premier ministre en promettant de révélerdans la campagne à venir à quel point le pays était encore dans une situation fragile. Il a directement accusé Syriza de « populisme », de « chantage » à la démocratie, allant même jusqu’à utiliser le terme de « terrorisme ».
Pas de majorité absolue, beaucoup de négociations
Depuis plusieurs jours déjà, alors qu’il semblait de plus en plus certain que le candidat de M. Samaras pour la présidence ne réussirait pas à réunir les 180 voix nécessaires, le monde politique grec se mettait en ordre de bataille pour ces élections. Car quel que soit le vainqueur du scrutin à venir, aucun parti ne semble en mesure de gouverner seul.
Selon les derniers sondages, Syriza arriverait toujours en tête, avec une avance comprise entre 2 et 6 points sur le parti conservateur Nouvelle Démocratie (ND). Cela ne serait pas suffisant pour obtenir la majorité absolue, en dépit du bonus de 50 députés qui, dans le système grec, est accordé au parti arrivé en tête.
Syriza devra donc trouver des partenaires pour gouverner. Des négociations souterraines ont commencé depuis plusieurs semaines notamment avec Dimar, le petit parti de la Gauche démocratique de Fotis Kouvélis. Un accord de principe semble avoir été trouvé, avec l’inscription d’au moins quatre des dix députés actuels de Dimar sur les listes de Syriza pour les législatives. Mais cet accord reste à valider par les institutions des deux partis.
Toute collaboration avec les communistes du parti stalinien KKE étant exclue par le KKE lui-même, l’autre piste de coalition possible est avec le parti de droite populiste des Grecs indépendants (ANEL) de Panos Kaménos. De nombreux échanges ont eu lieu ces dernières semaines entre le bureau de Kaménos et celui de Tsipras.
Enfin, le dernier né des partis de centre gauche To Potami (la Rivière), crée par un journaliste star de la télévision avant les européennes, pourrait bien emporter plus de 3 % des voix lors des législatives et dépasser ainsi le seuil requis pour faireentrer ses députés au Parlement. Son président Stavros Théodorakis s’est déjà déclaré prêt à collaborer avec un gouvernement mené par Syriza.
Lire aussi : Les gauches radicales inquiètent Bruxelles
Le retour de Papandréou ?
Du côté de Nouvelle Démocratie, l’entourage immédiat du premier ministre semble convaincu qu’en jouant à nouveau sur la stabilité du pays et en posant M. Samaras comme un rempart contre le chaos que ne manquerait pas deprovoquer l’arrivée au pouvoir de Syriza, les conservateurs pourraient emporter le scrutin. Une assurance qui inquiète les cercles plus larges du parti.
« Samaras et son cabinet sont déconnectés de la réalité de la société grecque s’ils croient que l’on peut remporter ce scrutin seuls », confie une source au sein de la ND, très préoccupée par les positions de plus en plus tranchées du premier ministre. Depuis 2012, M. Samaras dirige un gouvernement de coalition avec comme partenaire les socialistes du Pasok, un parti dans lequel les équilibres changent aussi avant les élections du 25 janvier.
Un courant dissident mené par l’ex-premier ministre Georges Papandréou s’apprêterait à annoncer la création d’un nouveau parti. Une guerre intestine qui ne manquerait pas d’achever le Pasok, grand perdant politique de la crise, jugé principal responsable de la situation dans laquelle est plongé le pays depuis 2009.
Les créanciers redeviennent nerveux
Devant la multiplication des partis politiques et l’explosion des votes qui pourrait endécouler, la Grèce pourrait avoir du mal à former un gouvernement après le scrutin du 25 janvier et rester plusieurs semaines sans premier ministre.
De quoi rendre nerveux les marchés. L’indice Athex de la Bourse grecque s’est effondré jusqu’à atteindre les – 11 % à l’heure du vote avant de réduire ses pertes à 8,17 %. De quoi aussi inquiéter les créanciers du pays qui ont gelé l’ensemble des négociations de sortie du plan d’aide du pays, déjà repoussées de deux mois en décembre. Ils attendent désormais la formation du prochain gouvernement, quel que soit le parti qui le dirige, même si les positions anti-austérité et la volonté affichée par Alexis Tsipras d’obtenir une renégociation de la dette publique leur fontredouter une rechute du pays.
Après des mois de discours optimiste où la Grèce était présentée comme sortie d’affaire, Athènes est aujourd’hui au centre de tous les regards et le restera durant les prochaines semaines, le temps que le peuple décide de l’orientation politique, économique et démocratique qu’il souhaite prendre.