[RSS] Twitter Youtube Page Facebook de la TC Articles traduits en castillan Articles traduits en anglais Articles traduits en allemand Articles traduits en portugais

Newsletter

Ailleurs sur le Web [RSS]

Lire plus...

Twitter

Ma chanson "Don’t Laïk" vilipendée: c’est pourtant du pur esprit Charlie !

Charlie

Lien publiée le 15 janvier 2015

Tweeter Facebook

Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

LE PLUS. Dans le contexte encore très tendu de l'après-attentat - tuerie des frères Kouachi à "Charlie Hebdo", assassinat d'une policière et prise d'otages meurtrière par Amedy Coulibaly - le débat autour de la liberté d'expression fait rage. Médine, rappeur du Havre, estime en faire les frais avec sa dernière chanson. Explications.

 

Capture d'écran tirée du clip "Don't Laïk" de Médine

Un mouvement de solidarité populaire est en marche et refuse la peur en France. Je m’associe à cette démarche en condamnant à nouveau radicalement la tuerie de "Charlie Hebdo" et Porte de Vincennes, en présentant toutes mes condoléances aux familles des victimes.

En tant qu’artiste, je dénonce toutes formes de violence, terrorisme et autres apologies immorales. J’ai choisi la voie de la non-violence comme la majorité de mes concitoyens à travers la musique pour exprimer mes désaccords avec ma société.

Parfois les drames ont l’avantage de rassembler les familles (politiques, philosophiques, religieuses). Mais il arrive que certains membres trahissent les défunts en brisant le pacte familial le jour même de ses funérailles et semblent les tuer deux fois.

Le droit à la caricature est-il privatisé ?

L’irresponsabilité de certains "intellectuels" n’a d’égale que la bêtise avec laquelle ils jugent l’œuvre satirique comme un pamphlet apologiste. Voilà 10 ans que je déconstruis préjugés, sémantiques galvaudées et autres symboles polluants le débat national en ma qualité d’artiste.

C’est donc dans ce contexte dramatique que les compteurs du bon sens et du burlesque sont remis à zéro par la nouvelle police de la pensée. Ai-je besoin de préciser moi, jeune rappeur du Havre, à ces académiciens, philosophes, essayistes que mon propos est l’incarnation même du combat de "Charlie Hebdo" ?

Je me demande de facto si Mr Vincent Cespedes, qui préfère rompre la période de deuil national au profit de son commerce idéologique, en se fendant d'une tribune pour démolir ma dernière chanson, pourrait appliquer à mon titre les mêmes considérations qu’il s’emploie à défendre quand il s’agit des caricatures de "Charlie Hebdo". Est-ce que le droit à la caricature est privatisé en France ?

Je m’interroge également, dans la foulée, sur la capacité de Caroline Fourest à défendre mon droit à la liberté d’expression, quand elle qualifie "d’intégriste" un texte qui la rend responsable du kidnapping de Marianne ? Alain Finkielkraut voyait-il dans la plume de Charb une volonté d’affirmation idéologique comme il prétend la voir dans la mienne ?

Mon morceau, une caricature tendue aux fondamentalismes

Aurai-je le droit de continuer d'être acerbe comme Charb, à nouveau, qui répondait à ses détracteurs que "la plume n'égorge pas" ?

Car effectivement messieurs dames, vous en déplaise, "Don’t Laïk" est précisément une caricature tendue aux fondamentalismes. Une caricature qui singe à la fois ceux qui font de la laïcité un outil d’exclusion, et à la fois ceux qui la subissent et l’expriment à travers une réaction d’hyper-identification de circonstance.

M’attribuer l’apologie des concepts derrière ces termes comme "islamo-racaille" est malhonnête et dangereux. Reprocheriez-vous à Brassens dans sa "Mauvaise Réputation" d’être apologiste de ce qu’il s’attribue lui-même à travers la bouche des autres ?

"Don’t Laïk" est aux fondamentalismes laïques ce que les caricatures de "Charlie Hebdo" sont aux fondamentalismes religieux. Pourtant cette caricature est également tendue aux extrêmes que nous semblons combattre tous, mais que vous finissez par servir lorsque vous tentez de me globaliser avec des idéologies et individus dont je suis précisément l’ennemi. 

D’ailleurs les identitaires s’en donnent à cœur joie en détournant le slogan insidieusement en "Je suis Charlie Martel". Ces mêmes identitaires qui prévoient de défiler à Paris aux côtés de collectifs ultra-laïques contre "l’islamisation" de la France ce dimanche 18 janvier, tentant d’importer les mouvements anti-musulmans européens dangereusement grandissants.

Allez-vous donner à ceux-là un peu plus de grains à moudre ? Il est important de rappeler que l'escalade d'amalgame qui semble désormais à son apogée était déjà dénoncée dans mes morceaux en 2007 avec les titres "Don't Panik", "Ni violeur ni terroriste", "RER D", et plus récemment en 2013 avec "Blokkk identitaire" et "Double Audition".

Cultiver le sens critique, c'est ça être Charlie

En tentant de tuer le caractère caricatural et provoquant de mon morceau, vous ne faites ni plus ni moins la même chose de façon symbolique, que ces deux bourreaux ont fait aux auteurs de "Charlie Hebdo".

C’est dans ce sens qu’il faut être Charlie. Cultiver le sens critique de chacun à travers diatribe artistique et second degré, c’est ça être vraiment Charlie !

Être irrévérencieux avec ceux qui souhaitent nous enfermer dans leur vision extrême du monde, c’est ça être Charlie !

Continuer à être un pompier lorsque certains tentent de nous faire passer pour des pyromanes, c’est ça être Charlie ! I’M MC Don’t Panik, I’M Muslim Don’t Panik !

-----------------------------

Ecouter aussi