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Croissance en panne et déficit pour le Brésil

Brésil international

Lien publiée le 2 février 2015

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

L'Etat brésilien affiche un déficit budgétaire primaire (hors charge de la dette), une situation inédite depuis 2002. La première économie latino-américaine est à l'arrêt

La magie brésilienne n'opère plus. La septième économie mondiale a terminé l'année 2014 sur un déficit budgétaire primaire (hors charge de la dette) de 0,63  % du produit intérieur brut (PIB). Une première depuis 2002, a précisé la banque centrale du pays, vendredi 30  janvier, dans un communiqué.

Cette détérioration des finances publiques est la conséquence directe du ralentissement économique intervenu à partir de 2011 et dont le Brésil peine à sortir. Elle devrait conforter la présidente Dilma Rousseff, réélue le 26  octobre 2014, dans sa volonté de redresser les comptes publics avant de relancer la croissance.

La même stratégie avait été suivie en son temps par son prédécesseur, Lula, issu aussi de la gauche. Une équipe d'économistes orthodoxes, à l'image du ministre des finances Joaquim Levy, a été constituée. A peine nommé, M.  Levy s'est engagé à porter le solde budgétaire primaire annuel à 1,2  % en  2015 et à plus de 2  % en  2016. Il entendait rassurer les investisseurs sur sa politique macroéconomique et éviter une dégradation de la note souveraine du Brésil. Pour freiner les dépenses publiques, le ministre a réduit certains des avantages des fonctionnaires retraités et de leurs ayants droit. Il a durci les conditions d'indemnisation du chômage, supprimé les subventions aux entreprises d'électricité, réduit les subventions implicites accordées aux sociétés empruntant à la Banque de développement (BNDES), et annoncé des hausses de taxes.

A l'issue de la première réunion officielle de son gouvernement, le 27  janvier, Mme  Rousseff – dont le second mandat a débuté le 1er  janvier – a défendu l'austérité  : "  Les ajustements sont nécessaires pour maintenir le cap, tout en préservant les priorités sociales et économiques,a-t-elle fait valoir. Des comptes publics en ordre sont nécessaires pour le contrôle de l'inflation, la croissance et la garantie durable de l'emploi et des revenus.  " Les marchés ont salué à leur manière ce changement de cap.

Pressions inflationnistes

"  Le real, qui s'était beaucoup déprécié mais reste surévalué, est un peu remonté ces dernières semaines  ", analyse Jean-Louis Martin (Crédit agricole). Mais le doute persiste sur la capacité du Brésil à sortir de la stagnation en  2015.

Dans l'enquête hebdomadaire Focus, réalisée par la banque centrale auprès d'une centaine d'institutions financières, la prévision de croissance du PIB a été révisée à la baisse, lundi 26  janvier, de 0,38  % à 0,13  %, et celle d'inflation revue en hausse, de 6,67  % à 6,99  %, loin de l'objectif officiel de 4,5  % par an (avec une bande de fluctuation de 2 points).

Le 21  janvier, pour la troisième fois depuis octobre  2014, la banque centrale a relevé son taux directeur, le Selic, à 12,25  % – et donc le coût du crédit – en indiquant qu'il s'agit de freiner l'envolée des prix. Une quatrième hausse de même importance est attendue en février. Les pressions inflationnistes restent toutefois fortes, la banque centrale prévoyant une augmentation de 9,3  % des prix administrés en  2015.

Réussir, dans ces conditions, à ramener l'inflation annuelle de 6,41  % en  2014 à 4,5  % en  2015 serait un exploit. Or des prix élevés pèsent sur le pouvoir d'achat des ménages et leur consommation, donc sur la croissance. Arme anti-inflation, la hausse du Selic peut aussi fragiliser la timide reprise de l'investissement intervenue au troisième trimestre 2014 après quatre trimestres consécutifs de repli. Ce qui nuirait à la reprise.

Qu'elles paraissent loin les années 1990 (+ 1,9  % de croissance par an en moyenne) et les années 2000 (+ 3,4  %), qui permirent au Brésil d'augmenter de 60  % son PIB par habitant (12  200  dollars en  2013), de réduire les inégalités et de développer une classe moyenne de quelque 100  millions de personnes  !

Aujourd'hui, les économistes pointent tous les mêmes maux  : faiblesse de l'investissement productif, perte de compétitivité de l'industrie, infrastructures en piteux état, lourdeur de la bureaucratie, climat des affaires terni par des scandales de corruption, au premier rang desquels celui de Petrobras. Des réformes structurelles s'imposent, mais elles devront se faire dans un environnement international pas franchement porteur, entre le ralentissement chinois, la fin du super-cycle des matières premières et la méforme du commerce mondial.

Claire Guélaud