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Souvenons-nous des victimes du métro Charonne et de la violence policière

histoire

Lien publiée le 15 février 2015

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://www.ars-combat.fr/actualites/breve-181.html

« TOUS EN MASSE, ce soir à 18 h 30, place de la Bastille » « Les assassins de l’OAS ont redoublé d’activité. Plusieurs fois dans la journée de mercredi, l’OAS a attenté à la vie de personnalités politiques, syndicales, universitaires, de la presse et des lettres. Des blessés sont à déplorer ; l’écrivain Pozner est dans un état grave. Une fillette de 4 ans est très grièvement atteinte. Il faut en finir avec ces agissements des tueurs fascistes. Il faut imposer leur mise hors d’état de nuire. Les complicités et l’impunité dont ils bénéficient de la part du pouvoir, malgré les discours et déclarations officielles, encouragent les actes criminels de l’OAS. »

Voici le tract commun CGT, CFTC, UNEF, SGEN, FEN, et SNI, associés avec le PCF et la FSU afin d’appeler à une manifestation contre l’OAS et la guerre d’Algérie. Cette manifestation fut déclarée illégale par De Gaulle, qui avait décrété l’état d’urgence en avril 1961, suite au putsch d’Alger. Courageusement, les militants maintinrent la décision de la manifestation, réprimée violemment par la police de Papon, vichyste notoire, condamné plus tard pour complicité de crime contre l’humanité. A Bordeaux, Papon avait organisé l’arrestation de juifs entre 1942 et 1944. Ce même Papon décréta un couvre-feu pour les musulmans d’Algérie à Paris ; il fit massacrer plusieurs dizaines de ceux-ci qui avaient décidé de manifester pacifiquement contre ces mesures. Contre l’OAS, de Gaulle et Papon n’ont rien fait. Composée de militaires entrés en clandestinité suite à l’échec du putsch des généraux en 1961, elle était une association terroriste. Les manifestations contre cette organisation n’y changèrent rien. Au contraire, la police chargea contre 20 000 manifestants le 19 décembre 1961, manifestation contre l’OAS et pour la paix en Algérie. Le 4 janvier 1962, l’OAS mitraille un lieu de vie du PCF, blessant grièvement un militant. On le voit donc, comme toujours c’est le milieu ouvrier qui est le premier visé. Le PSU décide de créer des comités de résistances et d’action (les GAR : groupe Action Résistance), ce qui était la meilleure solution. Dans la foulée, les forces de gauche du capital constituent un comité d’action national pour tenter de peser sur la politique de De Gaulle. La police fut chargée de verrouiller Paris, ce qui n’empêcha pas l’OAS de plastiquer le domicile de professeurs de droit, de journalistes. La femme du sénateur communiste Guyot fut blessée, et une fillette de quatre ans défigurée.

Le pouvoir en place avait donc interdit la manifestation du 8 février 1962, alors qu’elle était parfaitement légitime. Il y eut entre 6000 et 15000 manifestants. La bourgeoisie aligna en place environ 2000 de ces policiers, qui eux sont légaux mais guère légitimes. Officiellement, ils avaient l’ordre de disperser la manifestation avec arrestations en cas de refus. Officieusement, chaque officier reçut l’ordre d’agir avec énergie : bâtons de défense et gaz lacrymogènes, sans négociation ni avertissement.

À peine la manifestation dispersée par les organisateurs, devant le carrefour Voltaire, elle fut chargée par une compagnie d’intervention. Les manifestants, pris en tenaille, fuirent là où ils pouvaient fuir : dans les immeubles, et dans le métro Charonne. Les flics les poursuivirent dans le métro, dans les couloirs, sur les quais ; la bousculade fit que nombre de personnes chutèrent, les corps s’entassèrent sur le sol, matraqués par les flics, assommés par des grilles d’arbres que les flics avaient descellées, et des grilles de bouche d’aération semble-t-il. Toutes les victimes de cette barbarie étaient membres du PCF et de la CGT. Il y eut huit morts et pour le moins des dizaines de blessés.

Voilà ce qu’il en est de la démocratie bourgeoise.

Quand des organisations terroristes passent à l’attaque, c’est le monde ouvrier qui en fait les frais. C’est lui qui paye les pots cassés, car c’est lui qui s’élève (ou devrait s’élever) le premier contre elles. Même lorsqu’il ne le fait pas, il est victime des dommages collatéraux. Les frères Kouachis, qui n’ont rien à envier à l’OAS, se sont réfugiés dans une imprimerie. Ce sont des salariés, des travailleurs, qui ont fait les frais de leurs agissements après l’attentat contre Charlie Hebdo. Depuis lors, il y a des militaires devant les mosquées et les synagogues, mais les militants ouvriers doivent se débrouiller. Et, lors des évènements du 8 février 1962, il n’était même pas question de révolution ; il s’agissait juste de peser sur la politique de De Gaulle. La bourgeoisie, gênée dans ses plans, préféra se faire l’alliée objective de l’OAS contre le mouvement ouvrier.

Il faut se souvenir des victimes des flics à Charonne. Tout comme il faut se souvenir de Malik Oussekine et de Rémy Fraisse. Il faut en tirer des leçons pour l’avenir. Il y a, dans l’histoire, nombre de faits similaires, qu’un marxiste doit prendre en compte pour élaborer stratégie et tactiques révolutionnaires.