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Tsipras capitule et se met à genoux devant la Troika
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Déclaration de l'Eurogroupe (en anglais) :
http://www.consilium.europa.eu/en/press/press-releases/2015/02/150220-eurogroup-statement-greece/
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Le texte prévoit une extension de 4 mois du plan d'aides actuel à Athènes, qui a beaucoup cédé.
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Est-ce enfin la bonne? Un peu avant 21 heures, les ministres des Finances de la zone euro sont parvenus à un compromis sur le sauvetage de la Grèce . Enfermés depuis le début d’après-midi dans le Justus Lipsius, le siège du Conseil européen, les grands argentiers se sont entendus sur un texte d’accord sur la prolongation du plan d’aides à Athènes qui expire le 28 février prochain.
Ce texte serait très court selon les premières indiscrétions, moins de deux pages, et serait le résultat de conciliabules tenus avant même le début officiel de la réunion par Jeroen Dijsselbloem, le président de l’Eurogroupe (l’instance réunissant les ministres des Finances de la zone euro) avec les principaux acteurs du dossier (BCE, FMI, Allemagne, Grèce, France etc.) Le compromis encadrerait les conditions de l’extension de 4 mois du plan, mais laisserait encore au gouvernement grec le soin de préciser certains détails techniques et notamment la liste des réformes qu’il entend mener.
Les prémisses de la réunion ont résumé l’incroyable niveau de tension atteint entre partenaires européens. Lors de négociations difficiles, il est d’usage que les principaux protagonistes se retrouvent seuls dans une pièce isolée, avant la réunion entre les 19 ministres, pour rapprocher leurs points de vue. Une petite table, pas de témoins, et une discussion à bâtons rompus pour aplanir les difficultés. C’est ce qui passé vendredi avec Wolfgang Schäuble et Yanis Varoufakis… sauf que les deux ministres n’étaient même pas dans la même pièce.
Manœuvre abracadabrantesque
Jeroen Dijsselbloem, le président de l’eurogroupe, Pierre Moscovici, le commissaire en charge des affaires économiques et Christine Lagarde, la directrice générale du FMI, en étaient réduits à faire la navette entre les deux protagonistes, qui ne peuvent visiblement plus se souffrir. « Il ne faut plus que Schäuble et Varoufakis soient dans la même pièce, il faut sortir de ce psychodrame », avait prévenu un officiel européen de haut rang deux jours avant la réunion.
Le ministre allemand n’est toutefois pas le seul à peu goûter les méthodes du très médiatique dirigeant grec. En entrant dans le bâtiment du Conseil, Valdis Dombrovskis, le vice-président de la Commission, assénait sans langue de bois que « la rhétorique changeante des autorités grecques a sapé la confiance ». Il faut dire que le nouveau gouvernement Syriza a visiblement des manières assez déroutantes.
Devant le refus net provoqué côté allemand par sa lettre de demande d’extension envoyée jeudi, les Grecs ont songé vendredi à une manœuvre abracadabrantesque : prétendre que le courrier envoyé la veille n’était pas le bon, et renvoyer une nouvelle missive, bien plus conforme aux demandes allemandes, en assurant que celle-ci était la bonne depuis le début. Un subterfuge digne d’un collégien, auxquels les Grecs ont finalement renoncé, mais qui a malgré tout été ébruité par le quotidien allemand « Bild ».
Fastidieux tour de table
Yanis Varoufakis a démenti cette nouvelle sur twitter vendredi après-midi, mais le niveau de défiance avait atteint un point de non retour. Au point que ce dernier a quasiment été évincé au fil des discussions de vendredi. Jeroen Dijsselbloem a très vite appelé directement à Athènes Alexis Tsipras, le Premier ministre grec, pour régler les détails de l’accord, selon des sources européennes.
Celui-ci était élaboré en petit comité, avant d’être présenté à l’ensemble des ministres des finances de la zone euro dont la plupart attendaient la fumée blanche à l’écart. Quand ils entraient dans la salle de réunion, il leur fallait examiner ligne par ligne ce texte que les Européens tentent désespérément d’écrire depuis deux semaines. Après un fastidieux tour de table, cela semble proche d’être fait malgré les réticences de certains. De quoi laisser un nouveau répit à la Grèce avant de nouvelles négociations, cette fois pour un nouveau plan d’aides.
Les prochains mois promettent donc d’être encore difficiles pour Athènes, et la question de la sortie du pays de la zone euro devrait encore continuer à flotter quelque temps. « Je crois qu’on a atteint un point où [les pays les plus remontés] vont dire à la Grèce : « si vous voulez vraiment partir, et bien partez : » », avait averti avant la réunion Edward Scicluna, le ministre maltais des Finances.
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Finalement, c'est de la fumée blanche qui est sortie de l'Eurogroupe de la dernière chance sur la Grèce, vendredi 20 février au soir. C'était ce qu'espérait Yanis Varoufakis, le ministre des finances de la Grèce, quand il est arrivé à Bruxelles en début d'après midi. L'Eurogroupe a fini par se mettre d'accord sur un texte, permettant d'avancer dans la négociation de l'extension du plan d'aide financière à la Grèce.
Selon les termes de l'accord, l'Eurogroupe considère comme recevable la demande de la Grèce d'étendre le programme d'aide dont le pays bénéficie depuis 2012 et qui se termine théoriquement le 28 février, de quatre mois. D'ici lundi, Athènes devra envoyer une liste de réformes pour qu'elle soit mise en place.
VERS LA MISE EN PLACE D'UN TROISIÈME PLAN D'AIDE ?
Les « institutions », comme on dit maintenant à Bruxelles, c'est-à-dire la « troïka » des créanciers, composée du Fonds monétaire international (FMI), de la Banque centrale européenne (BCE) et de l'Union européenne (UE), procéderont à un premier examen de cette liste pour voir si elle respecte un certain nombre d'exigences des Européens (respect de la stabilité financière du pays, de son équilibre budgétaire, etc.).
La semaine prochaine, sur la base de ce premier compromis, les Parlements nationaux en Allemagne, Pays-Bas, Estonie ou Finlande pourront se prononcer sur l'extension, ou pas, de quatre mois, dans les temps. Pour toucher la tranche d'environ 7 milliards d'euros qui doit encore être versée, les Grecs devront avoir obtenu, dans les semaines qui viennent, le feu vert des autres Européens. Et dans le courant du mois d'avril, avec ses créanciers, Athènes devra commencer à travailler à la suite, probablement, à la mise en place d'un troisième plan d'aide, si, comme c'est le cas aujourd'hui, elle ne peut toujours pas se financer seule à des taux raisonnables, sur le marché.
Voir le visuel interactif : Six ans de tragédie grecque
« LA GRÈCE LAISSE LE MÉMORANDUM DERRIÈRE ELLE »
« La Grèce laisse le mémorandum derrière elle et devient coauteur des réformes et de sa destinée », s'est félicité Yanis Varoufakis pour qui cet accord est « une première étape ». « Cette soirée était un moment important dans le processus de négociation avec Athènes. Ce fut un moment important pour regagner la confiance. L'issue est vraiment positive », s'est félicité Jeroen Dijsselbloem, le président de l'Eurogroupe.
« Cet accord met fin à la période d'incertitude pour la Grèce. Un accord était possible si tout le monde avait une approche raisonnable. Il fallait faire preuve de logique, pas d'idéologie. L'accord trouvé est équilibré », a jugé Pierre Moscovici, commissaire européen à l'économie. « Créer la confiance, c'est ce qu'on essayait de faire ces trois dernières semaines, on commence à y arriver », a ajouté le commissaire. « Cela a été laborieux, mais constructif », a relevé Christine Lagarde, patrone du FMI.
Cet accord où tous les mots comptent, permet au moins d'éviter que les marchés financiers commencent à s'affoler dans les jours qui viennent, si aucun accord n'avait été trouvé. Mais beaucoup de travail demeure : les Européens vont devoir, dans les semaines qui viennent, négocier pied à pied toutes les nouvelles mesures avancées par les Grecs.
PSYCHODRAME DE QUINZE JOURS
Le psychodrame a duré quinze jours et frôlé le clash entre Allemands et Grecs ces dernières heures. Après que le ministre des finances de l'Allemagne a fait savoir qu'il trouvait insuffisante la demande, écrite, et très officielle, d'extension de l'actuel plan d'aide financière, envoyée par Athènes à Bruxelles. Une concession pourtant importante des Grecs, qui auraient préféré qu'on leur accorde un prêt-relais, de l'argent — dont ils ont besoin —, mais sans être obligés d'appliquer le reste des réformes pro-austérité exigées par la « troïka ».
Ils ont pourtant accepté, pour éviter le risque d'un défaut de paiement du pays, qui aurait besoin d'aide extérieure dès mars pour faire face à ses obligations, de parapher dans les grandes lignes les exigences de l'Eurogroupe. Ne pas prendre de décisions unilatérales, ne pas nuire à la stabilité financière de son système bancaire, préserver son équilibre.
Les Grecs avaient fait une énième concession, vendredi matin ; le premier ministre, Alexis Tsipras, annonçant qu'il renonçait momentanément à faire voter sa proposition de texte sur l'interdiction des expulsions pour les foyers insolvables. Un geste pour rassurer notamment les Allemands, qui avaient prévenu Athènes qu'ils n'accepteraient aucunes mesures unilatérales du nouveau pouvoir.
Le ballet diplomatique des dernières heures a beaucoup fait pour parvenir à cet accord. M. Tsipras avait passé près d'une heure au téléphone la veille au soir, avec Angela Merkel, jeudi. La chancelière a déjeuné avec François Hollande, à Paris, vendredi midi, alors que la France n'a pas non plus ménagé ses efforts pour trouver un compromis. Ni Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne. Tout le monde était conscient qu'en l'absence d'accord le risque de « Grexit » se matérialiserait…