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L’Allemagne fait plier la Grèce, première capitulation pour Syriza
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Extraits d'un article de Mediapart
Les ministres des finances de la zone euro ont contraint le gouvernement grec, vendredi soir, à un compromis en forme de première capitulation. Mais les négociations vont encore durer de longs mois à Bruxelles et rien n'est réglé sur le fond. Les inquiétudes de plus en plus vives sur l'état de santé des banques grecques, et les retraits d'argent qui semblaient s'accélérer en fin de semaine dans le pays, ont sans doute pesé fortement dans le choix d'Athènes de lâcher du lest vendredi.
(...)
Certains électeurs de Syriza pourraient bien avoir du mal à comprendre pourquoi leurs représentants ont signé ce texte.
(...)
Au même moment, dans le même sous-sol du conseil européen, le ministre allemand des finances Wolfgang Schäuble — d'ordinaire peu bavard avec les journalistes à l'issue des réunions bruxelloises — se livrait lui aussi à une conférence de presse. Le grand vainqueur de la soirée se montrait nettement moins lyrique: « La réalité n'est souvent pas aussi belle que les rêves », a-t-il tranché, avant de lâcher: « Les Grecs auront sans doute du mal à expliquer l'accord à leurs électeurs ».
La Grèce a accepté vendredi de conclure la dernière phase du deuxième plan d'aide à la Grèce, celui mis en marche depuis 2012 par le gouvernement du conservateur Antonis Samaras. Cela devrait permettre de débloquer la dernière tranche du prêt, chiffrée à 7,2 milliards d'euros, en direction d'Athènes. Tsipras n'a cessé de répéter, depuis son élection, qu'il était hors de question de boucler ce programme et qu'il souhaitait d'emblée en négocier un nouveau. A l'inverse, Berlin n'a jamais voulu entendre parler d'autre chose que d'une« extension » du programme actuel, adossé aux trois créanciers traditionnels (BCE, FMI, commission européenne).
Sur ce point, le communiqué (en anglais) ne laisse aucun doute: le financement sera débloqué « sur la base des conditions fixées dans le programme actuel, en faisant le meilleur usage possible de la flexibilité, qui sera examinée, conjointement, par les autorités grecques et les institutions ». Les « institutions » renvoient désormais, de manière politiquement correcte pour les Grecs, aux créanciers de l'ex-« Troïka »: FMI, BCE et commission européenne. Tout dépend donc, désormais, du degré de « flexibilité » qui sera consenti aux Grecs.
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Dans l'accord, Athènes s'engage aussi à ne prendre aucune mesure de manière « unilatérale » - c'est-à-dire sans en parler, en amont, avec Bruxelles, la BCE et le FMI. A titre d'exemple, Varoufakis a reconnu, vendredi soir, qu'il n'était pas question de remonter le salaire minimum grec d'ici fin juin (et le terme du prêt de quatre mois), dans l'attente de la négociation d'un nouveau programme. « Les autorités grecques réitèrent leur engagement univoque à honorer leurs obligations financières, auprès de tous leurs créditeurs, dans leur totalité et dans le respect du calendrier prévu », lit-on également dans le texte, où l'on trouve même une référence explicite — Tsipras a dû grimacer — à l'accord de novembre 2012.
Les négociations de cet Eurogroupe — le troisième en dix jours — furent « intenses, parce qu'il s'agit de construire de la confiance entre nous », a déclaré Jeroen Dijsselbloem, le ministre des finances néerlandais. Ce social-démocrate, qui préside l'Eurogroupe, est l'un des principaux artisans de cet accord. « Ce soir marque une première étape, vers le rétablissement de la confiance. Et comme vous le savez, la confiance se crée plus difficilement qu'elle ne se perd ».
Mais une disposition du texte - sans doute l'une des plus dures à l'égard d'Athènes - montre à quel point la confiance est encore loin de régner autour de la table: les ministres des finances ont choisi de rapatrier un fonds grec dédié à la recapitalisation des banques du pays depuis le début de la crise (le HFSF, alimenté par des prêts européens). Ce fonds sera désormais géré directement par le Fonds européen de stabilité financière (FESF), c'est-à-dire par les Européens et non plus par les Grecs. Explication de Dijsselbloem: « Nous voulons nous assurer que cet argent reste disponible pour la recapitalisation des banques, pas pour le refinancement des politiques du gouvernement ».