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La CGT recule dans la plupart de ses bastions
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
(Le Monde) Philippe Martinez n'était pas encore secrétaire général de la CGT qu'il relativisait l'érosion électorale de sa centrale. Le 14 janvier, lors de sa première rencontre avec la presse, il se bornait à affirmer que, dans les élections professionnelles, il y a " des hauts et des bas ".
Ancien technicien de Renault-Billancourt, M. Martinez, qui figure toujours dans les effectifs de cette entreprise, symbolise pourtant cette chute continue de représentativité depuis que, en 2010, la CFE-CGC, avec 29,67 %, est devenue la première organisation syndicale du groupe automobile devant la CGT (25,16 %). La forteresse ouvrière a sombré. Le recul historique de la CGT à Air France où, jeudi 12 mars, elle n'a obtenu que 14,26 % des suffrages (contre 18,14 % en 2011), se faisant, encore une fois, doubler par la CFE-CGC (18,11 %), s'inscrit dans une longue série noire électorale pour la centrale de Montreuil.
Cette hémorragie est particulièrement nette dans les entreprises publiques. Si elle est encore partout le premier syndicat, elle perd du terrain à chaque scrutin. A EDF, en novembre 2014, la CGT a réussi, avec 50,55 % des voix, à conserver son premier rang, malgré la condamnation de plusieurs de ses responsables pour "abus de confiance " dans la gestion de la Caisse centrale d'activités sociales (CCAS).
Mais ce sauvetage est dû principalement au vote des retraités (46 % des inscrits) qui ont voté à 58,28 % pour la CGT quand son score chez les salariés actifs tombait à 42,7 %. Mais, par rapport à 2009, la CGT a perdu 4,3 points. Même revers à la SNCF où, en mars 2014, avec 35,64 % des voix, la centrale est arrivée en tête mais avec une perte de 1,69 point par rapport à 2011.
A la RATP, en novembre 2014, la CGT a gardé la première place (30,4 %), loin devant l'UNSA (22,1 %), mais elle a enregistré une baisse de 3,5 points par rapport au scrutin de décembre 2010. Même sanction à La Poste, en décembre 2014, où la CGT arrive en tête avec 26,54 % mais abandonne du terrain par rapport aux élections de 2011 (29,33 %).
Maigres consolations
Sans surprise, cette mauvaise santé électorale dans les entreprises a eu une traduction dans les élections dans la fonction publique qui se sont déroulées le 4 décembre 2014, en pleine crise interne de la CGT autour de la mise en cause de son secrétaire général, Thierry Lepaon, dans des affaires ayant trait à son train de vie. Dans l'ensemble des trois fonctions publiques, la CGT a obtenu 23,1 % (– 2,3 points par rapport à 2011). Elle a reculé dans les trois branches : 13,4 % dans la fonction publique d'Etat (– 2,4) ; 29,5 % dans la fonction publique territoriale (– 3,5) et 32,1 % dans la fonction publique hospitalière (– 1,5).
Dans les entreprises privées, la mauvaise passe électorale de la CGT ne se dément pas. Chez Airbus Industrie, où Force ouvrière règne en maître, améliorant son score à chaque élection, la CGT a subi une humiliation dans le plus important établissement de l'entreprise, à Toulouse.
Le 5 décembre 2014, elle a chuté aux élections professionnelles à 6,7 % (contre 10,3 % en 2010), ce qui la prive de sa représentativité puisqu'elle est passée sous le seuil requis de 10 % pour pouvoir négocier un accord d'établissement. De son côté, FO a fait un bond de près de 12 points (de 45,6 % à 57,4 %). La CGT a sauvé, le même jour, sa représentativité dans l'établissement de Saint-Nazaire, avec 16,6 % des voix (en recul de 5 points). Chez Airbus à Nantes, la CGT, avec 20,8 %, avait reculé de 7 points au scrutin du 9 octobre 2014.
En 2014, c'est un autre symbole ouvrier de la CGT qui a vacillé à l'usine PSA de Sochaux. Avec 45,3 % dans le premier collège ouvrier du comité d'entreprise, la centrale chute de 4,6 points par rapport à 2010, les deux tiers de ses voix allant à la CFDT. Mais elle progresse de 6,2 points dans le troisième collège, celui des cadres, alors que la CFDT enregistre un sévère recul de 8,7 points. Les élections professionnelles chez Orange, en novembre 2014, ont également représenté une douche froide pour la CGT. Avec 19,56 % des voix, elle a chuté de 3,18 points (22,74 % en 2011), se faisant ravir la première place par la CFDT, qui est passée de 21,85 % à 24,12 % (+ 2,27 points).
La CGT a eu toutefois de maigres consolations. Dans l'usine Toyota de Valenciennes, aux élections au comité d'entreprise en octobre 2014, elle se situe toujours à la quatrième place, mais avec 24 % elle gagne du terrain par rapport à 2012. Chez Renault Douai, en juin 2014, la CGT est redevenue représentative, avec 12,25 % – " une victoire ", pour David Dubois, le secrétaire général du syndicat de l'établissement. En 2010, la CGT s'était fractionnée en deux listes, l'une " historique ", l'autre " confédérée ", ce qui avait conduit à son élimination.
Cette série noire électorale s'explique pour une bonne part par les changements dans la sociologie du salariat, avec une baisse des catégories ouvrières et une montée des cols blancs. Le cas de Renault est encore une fois symptomatique. Au début du siècle, la population ouvrière représentait encore plus de 44 % des salariés. Elle est tombée aujourd'hui entre 27 % et 29 %. Les cadres, qui étaient autour de 12 % début 2000, oscillent autour de 25 %. La CFE-CGC en bénéficie souvent. Plus généralement, ces élections accordent une prime aux syndicats réformistes comme la CFDT, sanctionnant la ligne plus contestataire de la CGT.
La crise de la CGT qui a conduit à la démission de M. Lepaon et à l'élection de M. Martinez a indéniablement nourri la défiance à l'égard de ce syndicat. En décembre 2014, selon un sondage de l'IFOP, 31 % des Français avaient une bonne image de la CGT, contre 45 % en mars 2013… Lors de la dernière mesure nationale de représentativité, en mai 2013, la CGT, avec 30,63 %, était talonnée par la CFDT (29,71 %). Si la tendance actuelle se poursuit, elle pourrait se voir ravir sa première place par la CFDT en 2017.
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LA CFE-CGC GAGNE DU TERRAIN |
A l'exception notable des trois fonctions publiques, où elle est inexistante, la CFE-CGC, favorisée par les changements dans la sociologie du salariat, est souvent bénéficiaire des reculs de la CGT. C'est particulièrement vrai dans le groupe Renault, où la centrale des cadres, avec 29,67 %, occupe la première place. Chez Air France, avec 18,11 % (contre 17,19 % en 2011), la CFE-CGC est devenue la première organisation syndicale. Chez EDF, elle a fait en 2014 un bond de 8 points par rapport à 2009, atteignant 17,41 %. A la RATP, dans le collège cadres, elle a réalisé une progression spectaculaire de 14,4 points (de 18,3 % en 2010 à 32,7 % en 2014). |