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Réforme du collège : l’option latin de retour après la fronde
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Mais, sur un point au moins, la copie soumise aux syndicats a changé : l'option latin, initialement condamnée à disparaître dans sa forme actuelle – celle suivie par 20 % des élèves – au profit d'un module interdisciplinaire censé garantir le " latin pour tous ", dixit Mme Vallaud-Belkacem, revient sous une forme allégée. Sur une des fiches de travail soumises aux syndicats le 25 mars, et que Le Monde a pu consulter, un EPI " Langues et cultures de l'Antiquité " demeure d'actualité, mais un " enseignement de complément " en langues anciennes voit le jour.
Suffira-t-il à endiguer la mobilisation des enseignants de lettres classiques, qui ont crié leur indignation à coup de hashtags et de pétitions ? Pas sûr. Avec une heure hebdomadaire prévue en 5e, puis deux heures en 4e et en 3e – contre deux heures, puis deux fois trois heures actuellement –, cette option latin qui ne dit pas son nom ne satisfait pas pleinement les défenseurs de langues anciennes. Le risque d'un " saupoudrage ", d'une " dilution " reste pour eux élevé. Leurs associations comptent bien le rappeler au cabinet de la ministre, qui doit les recevoir mardi 31 mars.
Ce geste du ministère doit-il être pris comme un début de " détricotage " de la réforme - pourtant très attendue – du collège ? C'est au contraire pour ne pas la faire capoter, ou en sauver l'essentiel, que les lignes ont bougé, dit-on parmi les syndicalistes, en mettant en avant autant " les relais politiques et médiatiques " dont disposent les latinistes que le " précédent " encore frais des classes préparatoires.
" Inquiétudes " et doutes
Ce n'est pas la première fois que le ministère de l'éducation pense qu'un consensus apparent dans l'opinion peut, à lui seul (ou presque), justifier du " changement " érigé par la gauche en slogan. L'épisode des rythmes scolaires l'a bien montré. Dans le cas du collège aussi, le diagnostic semble partagé : " maillon faible " du système éducatif, selon la formule d'usage, il accroît les inégalités sociales et scolaires plus qu'il ne les résorbe. Et pourtant, alors qu'approche l'échéance du 10 avril, date à laquelle le détail de la réforme du collège doit être dévoilé, les lignes de fracture au sein de la communauté éducative s'aiguisent.
Du côté des syndicats réformistes, SE-UNSA et SGEN-CFDT, on continue de défendre l'approche interdisciplinaire, tout en reconnaissant " quelques inquiétudes " sur les horaires des langues notamment. Quelques doutes, aussi, sur le financement de la réforme alors que 4 000 emplois lui ont été dévolus. En revanche, celle-ci demeure " inacceptable " pour le SNES-FSU, résolument hostile à l'inflation de modules interdisciplinaires, une " usine à gaz " dont les effets, côté élèves, n'ont pas été démontrés. L'autonomie perçue comme un levier aux mains des chefs d'établissement, l'accompagnement personnalisé n'ont pas non plus le soutien de ce syndicat majoritaire dans le second degré.
Avec les organisations minoritaires FO, SUD et la CGT, le SNES-FSU a appelé à la mobilisation le 9 avril. Le précédent mot d'ordre, émanant du SNES francilien, n'avait eu qu'un écho relatif à Paris, le 18 mars. Ce nouvel appel aura valeur de test : c'est le lendemain que la réforme sera soumise au vote, purement consultatif il est vrai, du Conseil supérieur de l'éducation.