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Rappel: c’est la CIA qui est responsable de l’arrestation d’Ocalan en 1999

histoire Irak Syrie Turquie

Lien publiée le 6 avril 2015

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://www.liberation.fr/monde/1999/02/22/ocalan-sur-ecoutes-et-dans-les-filets-de-washington-les-americains-ont-teleguide-sa-traque-grace-aux_263682

Libération, 22 février 1999

Washington, de notre correspondant

Les Etats-Unis ont bel et bien dirigé la traque qui a abouti à la capture du dirigeant kurde Abdullah Öcalan, ont reconnu des responsables anonymes de l'administration Clinton cités ce week-end par la presse américaine. «Chaque fois que nous avons su où il était et où il comptait se réfugier, nous sommes intervenus pour empêcher qu'il lui soit donné l'asile ou un droit de passage», a expliqué l'un de ces responsables au Los Angeles Times. Mais les Etats-Unis sont allés bien au-delà de ce rôle de «geôlier» planétaire, en fermant l'une après l'autre toutes les issues de secours au nez d'Öcalan, pour finalement le coincer à Nairobi, où il a été livré par les Kenyans à un commando d'élite des forces spéciales turques. Si on en croit les confidences faites aux journaux américains, ce sont les services secrets américains qui ont informé les Turcs de la présence de leur ennemi public numéro 1 à l'ambassade de Grèce à Nairobi. Ce sont leurs écoutes électroniques qui ont permis de préparer l'opération Safari qui a abouti à sa capture. Et ce sont eux qui ont orchestré la coopération politique entre le Kenya, la Turquie et (peut-être) la Grèce, qui a permis que l'arrestation se déroule sans anicroches le 15 février.

Les services de renseignements américains ont suivi pas à pas tout au long de ses 129 jours de cavale le chef du PKK ­ organisation qui est placée sur la liste des «groupes terroristes» dangereux et devant être activement combattus par les Etats-Unis, publiée chaque année par le département d'Etat. L'arrivée à Moscou d'Öcalan, après son expulsion de Damas le 9 octobre, avait été immédiatement connue des agents américains, mais aussi israéliens, en poste en Russie. Il en a été de même de ses efforts successifs pour se réfugier à Rome (le 2 novembre), Saint-Pétersbourg (le 16 janvier), Athènes (le 30 janvier) et Nairobi (le 2 février). Dans les 48 heures suivant son arrivée dans la capitale kenyane, la Turquie était informée de sa cachette. La centaine d'agents du FBI (Bureau fédéral d'enquêtes) et de la CIA (Agence centrale de renseignements) qui sont depuis août à Nairobi, où ils enquêtent sur l'attentat qui y a détruit l'ambassade américaine, ont aussitôt mis sur écoutes les conversations téléphoniques qu'Öcalan menait imprudemment de son portable et surveillé 24 heures sur 24 les abords de l'ambassade de Grèce.

Le commando turc n'est arrivé à l'aéroport de Nairobi que le 12 février, à bord d'un jet privé appartenant à un industriel turc et maquillé en avion malaisien. Le délai s'explique par les négociations menées par les Etats-Unis pour convaincre le Kenya ­ mais aussi probablement la Grèce ­ de livrer Öcalan, décision prise personnellement par le président kenyan, Daniel Arap Moi. Techniquement, il est donc vrai que «les Etats-Unis n'ont participé directement ni à la capture ni au transfert (vers la Turquie) d'Öcalan», comme l'explique le porte-parole du département d'Etat, James Foley. Mais la vérité est que sans les informations et les pressions diplomatiques américaines le MIT (services secrets turcs) n'aurait pas eu la moindre chance de capturer Öcalan, dont le sort, explique-t-on à Washington, doit servir d'avertissement à un autre «superterroriste» que les Etats-Unis ont juré de traîner devant la justice ­ le Saoudien Oussama ben Laden, qui se terrerait en Afghanistan" Le «cadeau» fait à Ankara devrait assurer aux Américains la gratitude de la Turquie, pays qui est plus que jamais la clé de voûte de la stratégie américaine au Moyen-Orient, puisque c'est de la base aérienne turque d'Incirlik que les forces américaines surveillent et «contiennent» l'Irak à coups de frappes quotidiennes".

SABATIER Patrick