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Radio France : Lâchage d’une mobilisation exceptionnelle
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
http://npa2009.org/actualite/radio-france-lachage-dune-mobilisation-exceptionnelle
Après près d’un mois de lutte, la plus longue grève des salariéEs de Radio France contre le plan du PDG Gallet s’est terminée dans une grande confusion...
Tout s’est joué lors de l’assemblée générale du mardi 14 avril, lorsque l’intersyndicale a abandonné la grève, cela contre l’avis largement majoritaire de l’AG.
Opérations de déminage
Le flottement avait commencé dès le week-end précédent avec la nomination de Chartier comme médiateur. L’exigence d’un médiateur répondait au refus de discuter avec un Mathieu Gallet discrédité autant par son plan de liquidation du service public que par son comportement. Elle était essentiellement portée par l’intersyndicale, dont plusieurs représentants ne cachaient pas leur volonté de faire rapidement cesser une grève qu’ils n’avaient pas vraiment voulue et ceci dès le départ.
Lundi 13 avril, l’assemblée générale avait déjà bruyamment « recadré » le représentant de l’UNSA qui, s’appuyant sur cette désignation, osa un bref instant proposer l’arrêt de la grève. Pour les grévistes, la motivation était simple et claire : les propositions du médiateur – à prendre ou à laisser, avec le préalable de cesser la grève – ne comportaient que de faibles avancées, et des engagements concrets encore plus faibles.
Sentant le risque de blocage du côté des grévistes et les possibilités de négociation du côté de l’intersyndicale, la ministre Fleur Pellerin consentait à se déplacer lundi soir sur le site à la rencontre de l’intersyndicale, à l’abri des pressions des grévistes. Elle se contentait d’affirmer son soutien absolu, et sans alternative, aux propositions du médiateur.
Lâchage
Mardi matin, l’intersyndicale se concertait pendant qu’un groupe de travail « actions » réfléchissait encore à la poursuite du mouvement. L’après-midi, l’intersyndicale ouvrait l’AG comme si rien n’était prévu, et laissait les grévistes envisager la suite. Jusqu’à ce que les représentants de Sud, de l’UNSA, de la CFDT et de FO, se succèdent pour annoncer leur décision d’arrêter la grève, en retirant les préavis de grève déposés depuis 27 jours. Et tout en affirmant être favorables à la poursuite de la grève, les représentantEs de la CGT annonçaient leur ralliement à l’intersyndicale !
C’est sous les cris « traîtres, lâcheurs, vendus » que les responsables syndicaux s’évertuaient à justifier leur lâchage, multipliant mensonges et calomnies. Mais le sommet de la crise est venu quand les syndicalistes ont annoncé qu’ils ne se plieraient pas à la décision de l’AG. Ce n’est qu’après le vote – archi majoritaire – pour la poursuite de la grève que la CGT décidait de rompre le consensus de l’intersyndicale et d’appeler à la grève... jusqu’au lendemain. Le « prétexte » était la tenue du conseil d’administration et des questions à l’Assemblée nationale, dont personne n’entendra jamais parler… Pour aller vers un arrêt prévisible de la grève, jeudi à 13 heures.
Maigre bilan
Le mouvement était parti sur quatre demandes : refus de la réduction des orchestres, de l’externalisation, notamment des services d’entretien et de gardiennage, du regroupement d’émissions des radios locales, et surtout le refus de la suppression des 330 postes répondant aux injonctions gouvernementales visant à instaurer – là comme ailleurs – sa politique d’austérité. Au total, il reste le texte du médiateur, de vagues promesses jamais quantifiées, et un seul engagement : engager un vrai dialogue social... pour la mise en œuvre du plan Gallet !
Lors de ces 28 jours de grève, la grande détermination des grévistes n’a pas suffi à masquer et à compenser des faiblesses dans l’organisation de la mobilisation. Le premier problème fut une faible participation des journalistes, produit d’un certain corporatisme et des manœuvres de division de la direction. De plus, le mouvement est trop peu sorti de la Maison ronde, ne s’adressant pas assez aux auditeurEs, aux salariéEs d’autres entreprises en lutte. Enfin le comportement frileux d’une intersyndicale aurait plus que jamais justifié une prise en main du mouvement par les grévistes eux/elles-mêmes, avec un comité de grève permettant de regrouper toutes les professions et d’affirmer la primauté des décisions de l’AG pour la construction du mouvement.
Il reste à espérer que le discrédit des organisations syndicales n’empêchera pas les indispensables mobilisations pour bloquer la mise en œuvre du plan d’un Gallet opportunément lavé par l’Inspection général des finances de toute mauvaise utilisation de l’argent public. Pas sûr que son crédit auprès des salariéEs de Radio France en sorte grandi.
Robert Pelletier