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Le recours à un référendum en Grèce fait son chemin

Grèce international

Lien publiée le 18 mai 2015

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://www.anti-k.org/2015/05/18/le-recours-a-un-referendum-en-grece-fait-son-chemin/

(Le Monde du 19 mai 2015) A Bruxelles, les plus  » durs  » estiment qu’un scrutin populaire mettrait Athènes devant ses responsabilités

L’urgence financière se précise à Athènes, alors que les discussions entre le gouvernement Tsipras et les créanciers pour toucher enfin les 7,2  milliards d’euros de prêts encore dus à la Grèce piétinent. Les caisses du pays sont vides et le défaut de paiement pourrait, en l’absence d’aide extérieure, intervenir dans les semaines qui viennent. Le ministre des finances Yanis Varoufakis avait estimé, le 11  mai, qu’il ne restait que deux semaines de liquidités à son pays. Selon le quotidien grec Kathimerini, Alexis Tsipras aurait même écrit à la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, pour l’avertir que son pays ne pourrait honorer son engagement si la Banque centrale européenne (BCE) ne l’autorisait pas à émettre des obligations à court terme.

Finalement, pour rembourser les 750  millions d’euros dus au FMI, Athènes a dû recourir le 12  mai à une procédure d’urgence et puiser dans la réserve dont la Grèce dispose auprès du Fonds. Dimanche 17  mai, Nikos Filis, porte-parole du groupe Syriza, le parti d’Alexis Tsipras au Parlement, a dit qu’ils espéraient un accord d’ici au vendredi 22  mai.

Pas impossible dans ce contexte que la petite phrase lâchée à l’Eurogroupe du 11  mai par le ministre allemand des finances, le conservateur Wolfgang Schaüble –  » Un référendum en Grèce ? Pourquoi pas  » – fasse son chemin… Dimanche 17  mai, le ministre allemand de l’économie, le SPD Sigmar Gabriel, a de nouveau évoqué ce scénario, dans une interview au journal Bild.

La dernière fois qu’un référendum sur les réformes imposées par les créanciers, et donc sur le maintien dans l’euro, avait été évoqué, remonte à 2011 et à une déclaration du premier ministre grec d’alors, le socialiste Georges Papandreou. Mais sa proposition avait été violemment écartée par les Européens qui l’avaient obligé à renoncer. Pas question de risquer de faire capoter le plan à près de 130  milliards d’euros qu’ils venaient de boucler dans la douleur.

Quatre ans plus tard, l’attitude d’une partie d’entre eux est tout autre. Certains disent n’avoir plus aussi peur d’un défaut grec : selon eux, le risque de contagion aux autres pays de la zone euro serait limité. C’est le gouvernement Tsipras qui a un besoin urgent des milliards d’euros que ses créanciers (le FMI, la BCE et l’Union européenne) doivent encore verser à Athènes dans le cadre du plan d’aide décidé pendant la crise. Et ces prêteurs ne sont pas prêts à lui signer un chèque en blanc.

Une partie d’entre eux – le FMI, mais aussi l’Allemagne, la Slovaquie (en tout, cinq pays sur les 19 de la zone euro, selon une source européenne) – réclament que le système des retraites grec, qu’ils jugent non soutenable, soit à nouveau réformé. Et ils ne semblent pas du tout disposés à céder.

Le premier ministre de la gauche radicale, Alexis Tsipras, est considéré comme pragmatique et pro-européen à Bruxelles. Mais il s’est fait élire sur un programme anti-austérité (fin des privatisations, réembauche d’une partie des fonctionnaires licenciés sous la pression des créanciers, etc.). Pour qu’il puisse signer l’accord  » réformes contre nouveau prêt « , il doit disposer d’un nouveau mandat populaire, pense-t-on.

 » Jeu dangereux  »

Ce sera l’occasion de mettre les Grecs devant leurs responsabilités, estiment les plus  » durs  » côté créanciers : s’ils veulent rester dans la zone euro, il faut qu’ils acceptent clairement encore un peu d’austérité, pensent-ils. Certains conservateurs européens évoquent ce scénario du référendum depuis des mois, espérant qu’il provoquera un changement de la coalition au pouvoir depuis fin janvier à Athènes – la gauche radicale avec la droite nationaliste.

Cette option du référendum, Alexis Tsipras l’a évoquée fin avril : il avait alors dit à la télévision grecque que si aucune solution n’était trouvée, il faudrait  » faire approuver par le peuple grec «  la nouvelle solution négociée. Mais depuis, et surtout après les commentaires de M. Schaüble, le sujet semble avoir été mis de côté. Yanis Varoufakis affirmait le 11  mai  » qu’un référendum – n’était –pas dans le radar « . De fait, les conséquences d’un recours à cette consultation populaire sont à double tranchant.

 » C’est un jeu dangereux, affirme une source à Syriza proche de la position pro-européenne d’Alexis Tsipras. Il faut entre douze et vingt jours pour l’organiser. Cela entraînerait de nouveau une panique sur les marchés, une spéculation sur une sortie possible de la zone euro du pays qui affaiblirait notre secteur bancaire déjà fragile.  » Un risque bien trop grand pour cet observateur, qui s’interroge aussi sur la question que pourrait bien poser le référendum.  » Impossible de la poser dans les termes suggérés par Schaüble, c’est-à-dire pour ou contre le maintien dans la zone euro, explique-t-il. Ce serait plutôt pour ou contre tel ou tel type de mesures et je ne sais pas s’il est judicieux de recourir à un référendum sur un sujet si technique. « 

A en croire les derniers sondages à Athènes (en date du 11  mai), les Grecs restent à 66  % en faveur d’un maintien dans la zone euro. En cas de nouvelles élections, Syriza arriverait toujours en tête devant le parti conservateur de la Nouvelle démocratie, avec une avance d’au moins 15 points. Mais les sondages sont les sondages et  » lors d’un référendum, on vote avec ses tripes, pas avec sa tête « , estime le Britannique Denis MacShane, ancien ministre de Tony Blair, osant un parallèle avec la future consultation britannique sur l’Europe.

Tout dépendra de la discipline parlementaire de Syriza. Si un accord est conclu avec Bruxelles, le gouvernement Tsipras devra le faire valider devant le Parlement. Si les 149  députés de Syriza et les 13  députés du partenaire de coalition Anel (droite nationaliste) votent comme un seul homme, le référendum semble exclu.

Mais ces derniers jours, les pressions internes sont montées d’un cran.  » Le mandat que nous avons reçu est d’appliquer notre programme. Et pas de nous maintenir quel qu’en soit le coût dans la zone euro « , affirmait le 15  mai le député Syriza Costas Lapavitsas sur la chaîne de télévision Star. Antonis Davanélou, le chef du petit groupe DEA – aile gauche de Syriza – affirme que la stratégie des créanciers est d’étrangler la Grèce pour l’obliger à signer un troisième plan d’aide revenant sur les promesses anti-austérité de Syriza, et n’exclut pas de nouvelles élections.

Le vrai problème pour Tsipras se poserait si le courant majoritaire de la plate-forme de gauche, mené par l’actuel ministre du redressement productif Panayiotis Lafazanis, décidait de rompre la solidarité gouvernementale. Le premier ministre n’aurait alors plus le choix que de demander son avis au citoyen grec…

Cécile Ducourtieux, et Adéa Guillot

UN PAYS FINANCIÈREMENT AUX ABOIS

40 milliards d’euros. C’est le montant des dépôts (20 % du stock) qui ont quitté la Grèce depuis décembre 2014, selon une évaluation interne du Fonds monétaire international (FMI), qui a  » fuité    » dimanche 17 mai. Le Fonds estime par ailleurs que la Grèce est retombée en récession au premier trimestre 2015, et qu’elle ne pourra pas rembourser en totalité les échéances d’un total de 11 milliards d’euros qu’elle doit à ses créanciers, à partir de juin, juillet et août. Des progrès dans les discussions ont été constatés, notamment sur une réforme de la TVA, mais Athènes refuse toujours une réforme des retraites, du marché du travail, et de l’administration, toujours selon le FMI, qui est l’un des principaux créanciers du pays, avec la Banque centrale européenne et l’Union européenne.