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Le Brésil à l’heure de la récession et de l’austérité

Brésil économie international

Lien publiée le 30 mai 2015

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://www.anti-k.org/2015/05/30/le-bresil-a-lheure-de-la-recession-et-de-lausterite/

(Le Monde) Alors que le PIB a reculé de 0,2 % au premier trimestre, les mesures de rigueur font débat au sein de la majorité

Le constat est partagé par l’ensemble des spécialistes  : l’activité économique de la première puissance latino-américaine va mal et, pire, n’a pas encore touché  »  le fond du puits  « . La publication des résultats du produit intérieur brut (PIB) du premier trimestre 2015, vendredi 29  mai, confirme la panne de croissance qui frappe le Brésil pour la cinquième année consécutive.

Avec un PIB en recul de 0,2  % ces trois premiers mois, soit une chute de 1,6  % par rapport à la même période de janvier à mars  2014, le pays enregistre, en chiffres annuels comparés, son plus mauvais résultat depuis 2009. Même si cette baisse reste inférieure aux prévisions des marchés qui tablaient sur un repli de 0,5  %, elle jette une nouvelle ombre au tableau de la septième économie mondiale. De quoi réduire d’autant l’étroite marge de manœuvre du nouveau et très orthodoxe ministre des finances, Joaquim Levy, auteur la semaine dernière d’un vaste plan d’austérité de 69,7  milliards de reais et confronté, au sein même de la majorité, à une fronde inédite des tenants d’une ligne plus souple.

D’ores et déjà, le gouvernement de Dilma Rousseff a prévu pour cette année un recul de 1,2  % du PIB, supérieur même à la prévision du Fonds monétaire international (FMI) qui table sur une baisse de 1  %. Si un tel scénario se confirme, il s’agirait là du plus mauvais résultat jamais enregistré ces vingt-cinq dernières années.  »  Tout le monde espérait que le pire moment de l’activité serait au premier trimestre, explique l’économiste Paulo Gala, mais la confiance continue à se détériorer, le flux des transports routiers est en chute libre, tout comme la vente des voitures. La récession semble être en train de s’aggraver.  « 

Le secteur de la consommation des ménages, en net recul de 1,5  % en trois mois, affiche le plus mauvais résultat depuis 2008 et force l’économie brésilienne à la baisse. La diminution de la consommation d’énergie dans le secteur industriel et la réduction de la consommation d’eau ont également pesé sur ces mauvais chiffres. A cela s’ajoute le recul de 0,7  % des services par rapport aux trois derniers mois de l’année dernière et une baisse des investissements et dépenses du gouvernement de  1,3  %.

Des coupes sombres

A l’exception des exportations, qui ont grimpé de 5,7  %, et du secteur agricole et d’élevage, à + 4,7  %, le Brésil accumule ainsi une longue liste de données macroéconomiques négatives  : une inflation élevée de 8,17  % sur douze mois et de 8,26  % prévue pour 2015, alors que l’objectif fixé est de 4,5  % et le plafond de tolérance de 6,5  %  ; une baisse ininterrompue depuis près de deux ans de l’investissement productif  ; une chute de la production de véhicules, près de 20  % en moins depuis le début d’année.

Quant au chômage, s’il se maintenait à un taux très bas, il est désormais lui aussi touché avec 100  000 postes de travail perdus rien qu’en avril.

C’est dans ce cadre d’économie en berne que M. Levy est parvenu, jusqu’à présent et avec le soutien appuyé de la présidente, à imposer sa politique de redressement des comptes publics avant de relancer la croissance. A peine nommé, il s’était d’ailleurs ouvertement engagé à porter le solde budgétaire primaire annuel à 1,2  % en  2015 et à plus de 2  % en  2016. Des coupes sombres ont touché tous les portefeuilles, y compris ceux des projets et programmes sociaux, une première depuis l’arrivée du Parti des travailleurs (PT) de Luiz Inacio Lula da Silva à la présidence en  2003.

Dans son plan d’ajustement budgétaire, annoncé le 22  mai, le gouvernement a réduit certains des avantages des fonctionnaires retraités et de leurs ayants droit. Après d’âpres négociations au Congrès, il a obtenu un durcissement des conditions d’indemnisation du chômage, a supprimé les subventions aux entreprises d’électricité et annoncé des hausses de certaines taxes. Pour freiner les dépenses publiques, il a également décidé de limiter le versement de l’allocation chômage et de paralyser certains investissements publics. Le programme de financement des grands travaux d’infrastructure, le Programme d’accélération de la croissance (PAC), une des principales vitrines politiques du gouvernement, a vu son budget réduit de 25,7  milliards de reais.

Un trimestre de  » transition  »

Lors d’une intervention devant les médias, vendredi 29  mai à Rio, le ministre Levy s’est montré malgré tout optimiste, insistant sur le fait que  »  beaucoup de choses avaient changé  « depuis la formation du gouvernement en janvier. Selon lui, le deuxième trimestre sera de  »  transition  « , avec déjà de nombreux signes  »  différents  «  qui pourraient porter leurs fruits avant la fin de l’année. Et d’ajouter que cette chute du PIB reflète, à ses yeux, les  »  incertitudes  «  du début d’année. Une façon de rappeler les tensions et vents contraires qui agitent depuis des mois les membres de la majorité gouvernementale.

Membre d’un gouvernement fragile, dépendant d’un Congrès hostile et d’un secteur privé encore réticent à investir, Joaquim Levy a protesté contre les réticences du PT, qui n’a pas soutenu de manière inconditionnelle ses initiatives. Figure incontournable du gouvernement Dilma Rousseff, il s’est même plaint des pressions croissantes exercées par des proches de l’ex-président Lula, destinées à flexibiliser l’agenda fiscal.

Le sénateur Lindbergh Farias est un des membres du PT ayant voté contre le projet du ministre destiné à durcir le système des indemnités chômage. Connu pour être un proche de Lula, il a affirmé dans un entretien au quotidien Valor que  »  le gouvernement joue avec le feu  «  et devait changer sa stratégie qui pousse le pays vers la récession.  »  Une partie de nos acquis obtenus ces douze années (au pouvoir) est menacée, a-t-il insisté. J’aimerais croire à cette politique, mais je n’y arrive pas.   » Le rendez-vous est pris après la  »  transition  «  du deuxième trimestre.

Nicolas Bourcier