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    Le gouvernement privatise Arianespace

    économie

    Lien publiée le 10 juin 2015

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    Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

    (Le Monde du 11 juin 2015) Airbus Safran Launchers (ASL) détiendra 75 % du capital du leader mondial des lanceurs

    assage du public au privé intervient un an après l'annonce sur le perron de l'Elysée de la recomposition de l'industrie spatiale. Il conclut un processus mené au pas de course par les Européens pour contrer l'offensive de l'américain SpaceX.

    Tout a commencé en décembre  2013, quand la fusée américaine Falcon est parvenue à mettre en orbite un satellite de télécommunications. Ce succès résonna alors comme un coup de tonnerre dans le ciel spatial. Non seulement Elon Musk, le fondateur de SpaceX, avait réussi à ébranler le duopole européano-russe Ariane -  Proton en partant de rien. Mais il cassait les prix en proposant des tarifs de lancements 30  % moins chers que ses concurrents, les ramenant à 60  millions de dollars (52,7  millions d'euros). Son secret, une production unifiée sur un seul site où la tôle entre d'un côté pour sortir en fusée de l'autre. Son atout, la confiance de la Nasa qui n'hésite pas à lui passer des contrats de lancement et à les financer.

    En jouant sur les prix, le nouvel acteur américain a aussi bouleversé les règles du jeu. Plus question d'avancer la fiabilité des lancements d'Ariane pour défendre des tarifs élevés Désormais, les tirs doivent être peu chers et compétitifs. Il faut donc gagner en efficacité et rationaliser la filière industrielle très disséminée en Europe.

    Ce changement de paradigme provoqua alors des turbulences dans le monde spatial européen, révélant les différends entre chacun, comme si la perte de repères avait désarçonné tous les acteurs. Les agences française, européenne et allemande chargées de concevoir les fusées Ariane n'étaient pas forcément d'accord entre elles et les industriels ne se retrouvaient plus dans leurs propositions. Même les clients que sont les opérateurs de satellites s'en mêlaient pour évoquer leur préférence en matière de lanceur…

    Offre "  non sollicitée  "

    Dans ce brouhaha général, Airbus et Safran ont créé la surprise au printemps  2014. Ensemble, ils proposent un projet de fusée Ariane 6 "  non sollicité  " pour se substituer au lanceur décidé par l'agence spatiale européenne (ESA) et le CNES. Pour eux, la configuration voulue par ces agences pour le successeur d'Ariane  5 n'est pas adaptée à la nouvelle concurrence.

    Les deux industriels esquissent une nouvelle version moins chère et plus compétitive, capable de concurrencer les fusées de SpaceX. Ils accompagnent leurs demandes d'une réorganisation industrielle en profondeur, pour réduire les coûts. Ce changement de modèle économique est indissociable du projet de fusée. Il entraîne des transferts de compétence ou de participation du public vers le privé.

    Très rapidement, en juin  2014 l'Elysée approuve le principe de cette réorganisation  : aux industriels le contrôle de la filière et la prise de risque, au CNES la vision à long terme. Dans cette perspective, ASL prend en charge les maillons manquants  : la conception des lanceurs, une mission dévolue aux agences depuis le début de l'aventure spatiale et les lancements effectués par Arianespace, dont le premier actionnaire était jusqu'à présent le CNES. Depuis, Airbus et Safran ont commencé la fusion de leurs activités et harmonisé les statuts des 8  000 salariés concernés. L'objectif est d'aboutir cet automne. Pour que la parité soit respectée, chacun ayant 50  % de la filiale commune (ASL), Safran a apporté 800  millions d'euros.

    La prise de contrôle d'Arianespace ne devrait pas se traduire par une intégration. L'hypothèse de transformer cette société en division commerciale a été écartée. La société restera autonome, gardera son siège à Evry et conservera ses emplois. Arianespace poursuivra le plan de compétitivité engagé pour compenser les baisses de prix nécessaires face à SpaceX. Mais cela n'empêchera pas des réorganisations notamment sur le site de Kourou. A l'automne, la nouvelle entité ASL sera opérationnelle avec pour objectif un premier lancement d'Ariane  6 en  2020.

    Pendant ce temps, SpaceX pousse son avantage. Dernière avancée, son entrée sur le marché lucratif des lancements militaires américains jusqu'alors aux mains de Bœing et Lockheed.

    Dominique Gallois

    LES CHIFFRES

    1,4

    Le chiffre d'affaires d'Arianespace, en milliards d'euros, en 2014 (+ 41 %). L'entreprise a renoué avec les bénéfices en dégageant 3 millions d'euros.

    329

    Le nombre de salariés de la société, répartis principalement entre le siège social d'Evry et le Centre spatial guyanais de Kourou, d'où sont lancées les fusées Ariane 5, Soyouz et Vega.

    34 %

    C'est la participation du CNES dans le capital de l'entreprise, au côté d'Airbus Safran Launchers (41%), les 25 % restants étant répartis entre des industriels venant de dix Etats européens.