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Torture généralisée dans la Libye du CNT
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
"Plusieurs détenus sont morts sous la garde de milices armées dans et autour de Tripoli et Misrata dans des circonstances qui suggèrent la torture", a affirmé Amnesty International dans un communiqué.
L'organisation humanitaire Médecins sans frontières (MSF) a annoncé de son côté jeudi la suspension de ses activités dans les centres de détention de Misrata, à 215 km à l'est de Tripoli, en raison de "la torture sur les détenus et l'impossibilité de leur fournir des soins médicaux d'urgence".
Mercredi, les Nations unies se sont aussi dits préoccupés par les agissements des "brigades révolutionnaires" en Libye, accusées de détenir des milliers de personnes dans des prisons secrètes et de faire usage de la torture.
La Haut commissaire pour les droits de l'Homme Navi Pillay a souligné que le gouvernement libyen n'avait "pas encore établi de contrôle effectif" sur ces "brigades révolutionnaires" qui ont combattu les troupes de Mouammar Kadhafi mais n'ont pas été réintégrées dans l'armée régulière.
Elle s'est dit "très inquiète des conditions de détention des personnes détenues par les Brigades", dont "un grand nombre de ressortissants de l'Afrique subsaharienne" accusées d'avoir soutenu Kadhafi. Ses services ont reçu "des informations alarmantes de torture" dans ces centres de détention secrets.
"Tous les centres de détention doivent être mis sous le contrôle" du gouvernement de Tripoli, a-t-elle affirmé.
Interrogé par l'AFP, le ministre libyen de la Justice, Ali H'mida Achour, a affirmé que les autorités avaient formé un comité chargé de prendre le contrôle et de réhabiliter les prisons à travers le pays.
"Globalement, nous contrôlons une prison dans chaque ville, et nous travaillons pour que tout le système pénitencier soit sous notre contrôle", a-t-il précisé.
Le 16 janvier, "les thowars nous ont remis la prison de Jedayem, près de Zawiyah, à 40 km à l'ouest de Tripoli. Dans la capitale, nous contrôlons déjà les prisons de Jedaida et Ain Zara", a-t-il dit, reconnaissant néanmoins que plusieurs lieux de détention étaient "hors contrôle des autorités".
Le ministre n'a ni démenti ni confirmé les allégations de torture. "Si des plaintes parviennent au procureur général ou militaire, les procédures légales seront engagées", a-t-il dit, sans autre détail.
Amnesty International affirme avoir rencontré des détenus à Tripoli, Misrata et Gharyan (ouest), "qui présentaient des marques visibles de tortures infligées au cours de ces derniers jours et semaines".
"Ils avaient notamment des plaies à la tête, aux membres, au dos et sur d'autres parties du corps".
Selon Amnesty, "la torture est menée par des militaires reconnus officiellement et des organismes de sécurité ainsi que par plusieurs milices armées opérant en dehors de tout cadre légal".
Les autorités avaient promis de placer les centres de détention sous leur contrôle, "mais il est horrifiant de constater qu'il n'y a eu aucun progrès pour arrêter le recours à la torture", a regretté Amnesty, affirmant ne pas être au courant d'"aucune enquête sérieuse sur des cas de torture".
Outre les Libyens accusés d'avoir soutenu le régime kadhafiste, les milices armées des ex-rebelles détiennent aussi des ressortissants africains qualifiés de "mercenaires" accusés d'avoir combattu aux côtés des forces de l'ancien régime.
Certains ont affirmé à Amnesty International qu'ils avaient été suspendus et "battus pendant des heures avec des fouets, des câbles, des tuyaux en plastique, des chaînes, des barres de fer et des bâtons en bois, et avaient reçu des décharges électriques".
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BANI WALID (Libye), 27 jan 2012 (AFP) - Ancien fief du régime libyen déchu, la ville de Bani Walid ne s'est rendue aux rebelles qu'après une résistance acharnée. Aujourd'hui, de nombreux habitants disent s'être résignés au changement mais garder Mouammar Kadhafi "dans leur coeur".
"On s'adapte, on est bien obligés. A Bani Walid, 99% de la population aime toujours Mouammar", affirme à l'AFP Boubaker, un étudiant en droit de 24 ans.
Cette vaste oasis au relief accidenté, située à 170 km au sud-est de Tripoli, est revenue sur le devant de la scène cette semaine après des violences imputées à des pro-Kadhafi, qui ont fait sept morts et une dizaine de blessés.
Le ministre de l'Intérieur Faouzi Abdelali avait d'abord démenti que des partisans de l'ancien régime aient été impliqués, avant de reconnaître ne pas savoir ce qui s'était vraiment passé. Son collègue de la Défense Oussama Jouili s'est rendu sur place mercredi pour démêler le vrai du faux.
Autorités, responsables locaux, leaders tribaux et habitants affirment désormais qu'il s'agissait d'un problème "purement local", mais la réalité semble plus complexe.
Les violences ont effectivement eu lieu entre la brigade de "thowars" (révolutionnaires) du 28-Mai, des enfants du pays, et des habitants venus réclamer l'un de leurs proches, détenu par le groupe armé.
Mais selon des habitants, cet homme aurait combattu du côté des pro-Kadhafi sur le front et aurait été arrêté après que des membres de la brigade l'eurent reconnu.
Il n'y aurait donc pas eu de drapeaux verts --symbole de l'ancien régime-- agités pendant l'assaut contre la brigade du 28-Mai comme l'avaient assuré des responsables locaux, mais les violences portaient la trace du conflit qui a renversé le régime Kadhafi.
Aujourd'hui, beaucoup d'habitants de la ville laissent entendre qu'ils se sont ralliés aux nouvelles autorités parce qu'ils ne pouvaient faire autrement.
Devant les caméras, ils disent être "avec la révolution du 17 février" mais en privé, nombreux sont ceux à avouer franchement être nostalgiques de l'ancien régime.
"Notre maison, c'est Mouammar qui l'a donnée à mon père. Avec lui on ne manquait de rien, la sécurité régnait alors qu'aujourd'hui...", déplore Boubaker qui habite près de la base de la brigade du 28-Mai. Celle-ci porte les stigmates des combats de lundi: voitures calcinées, balles vides jonchant le sol.
"Mouammar est dans nos coeurs. Si quelqu'un ici vous dit le contraire, il ment", renchérit Salaheddine el-Werfelli, 19 ans. "Une révolution? Quelle révolution? Ils représentent peut-être (le président français Nicolas) Sarkozy ou des pays européens, mais pas la Libye", lance-t-il avec mépris.
Devant le marché aux légumes, dans le centre-ville, Abdelhamid al-Ghariani, 25 ans, dit sa "colère" contre les thowars qui ont pris la sécurité en main.
"J'ai été arrêté à un barrage, ils ont fouillé ma voiture et la mémoire de mon portable. Quand ils ont vu que j'avais des photos de Mouammar dessus, ils l'ont confisqué et m'ont frappé", dit-il en montrant une ecchymose bleuâtre et des égratignures sur sa jambe gauche, ainsi que la trace de menottes à son poignet droit.
"Ils parlent de liberté et de démocratie mais ce ne sont que des mots. Nous sommes avec la révolution du 17-février mais nous voulons la justice et des compensations pour nos maisons endommagées", renchérit un chaland.
Il reste aujourd'hui à mettre un point final aux violences de lundi.
Jeudi, une trentaine de représentants des différents clans composant la puissante tribu des Werfalla, la plus grande de Libye et dont le fief est à Bani Walid, se sont réunis pour discuter des conditions du retour des membres de la brigade du 28-Mai. Ces derniers sont accusés par la population de toutes sortes d'exactions, du vol aux arrestations arbitraires.
Ils devraient être autorisés à regagner la ville, mais sans leurs armes, et appelés à se mettre sous la tutelle du ministère de la Défense.