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Grèce : la réunion de l’Eurogroupe s’achève sans aucune décision
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
(Le Monde) C’est un nouvel échec qui rapproche un peu plus la Grèce d'un défaut de paiement à la fin du mois. La réunion de la zone euro consacrée à la situation économique d’Athènes s'est conclue dans la soirée de jeudi 18 juin sans accord, ni décision, après un peu moins d'une heure et demi de discussions.
Visiblement très remontée, la directrice du Fonds monétaire internationale (FMI), Christine Lagarde, s’est montrée plus cinglante, appelant de ses vœux un retour au dialogue « avec des adultes dans la salle ». Elle s’est toutefois dite toujours ouverte à la négociation, affirmant que « les équipes du FMI sont restées des semaines a Bruxelles a attendre, elles sont reparties mais elles peuvent revenir a tout moment et rester aussi longtemps que nécessaire. »
Réunion de la BCE vendredi
Le ministre de l’économie grec, Yanis Varoufakis, était pourtant venu au Luxembourg avec une proposition de 5 pages, selon les informations du Monde. Mais celles-ci étaient très générales et portaient sur la nécessité de renégocier la dette grecque. Une attitude qui a provoqué le dépit des autres participants, les créanciers affirmant à ce stade qu’ils n’envisageaient pas d’étendre le plan d’aide à la Grèce, ce qui précipiterait l’UE vers un « Grexit ».
Valdis Dombrovkis, le vice-président de la Commission européenne chargé de l'euro, a vu dans cette incapacité à trouver un accord un « signal fort envoyé à la Grèce de s'engager sérieusement dans les négociations. » Il a toutefois annoncé que « l'Eurogroupe reste prêt à se réunir à tout moment », laissant la porte ouverte à une reprise des négociations.
A la sortie de la réunion, le Commissaire européen Pierre Moscovici a lancé un appel au gouvernement grec « pour accepter de faire des compromis raisonnables pour éviter un sort catastrophique. On approche de la fin de partie, toutes nos équipes sont prêtés a travailler jour et nuit. Cet accord est toujours possible. » Un scénario qui pourrait avoir lieu lors du conseil de la zone euro, fixé au 22 juin.
Le conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE) va toutefois organiser vendredi une conférence téléphonique pour discuter de l'augmentation des liquidités d'urgence pour les banques grecques. Mercredi, la BCE avait déjà relevé de 1,1 milliard d'euros le plafond des liquidités d'urgence (ELA) que les banques grecques peuvent retirer auprès de leur banque centrale, ce qui a porté ce plafond à 84,1 milliards d'euros.
Conséquences en chaîne
Toute la journée, l’ambiance avait été pesante à Luxembourg, au début d’un Eurogroupe qualifié « de la dernière chance ». Alors que dans les étages du bâtiment du Conseil européen, les dix-neuf ministres des finances de la zone euro entamaient jeudi matin leur réunion par Chypre et la situation économique européenne (le sujet Grèce a été décalé pour la fin de la discussion), dans la salle de presse, les médias tournaient en boucle les « scénarios du pire ». Que se passera-t-il si aucun accord « réformes contre argent frais » n’était trouvé avant le 30 juin ? A cette date, Athènes doit rembourser 1,6 milliard d’euros au FMI alors que ses caisses sont vides.
Christine Lagarde, la directrice générale du Fonds, l’a dit sans détours, en arrivant à Luxembourg. Si la Grèce ne paie pas le FMI, le 30 juin, alors elle « sera en défaut, elle sera en situation d’arriérés vis-à-vis du FMI le 1er juillet, mais j’espère que ce ne sera pas le cas, je l’espère vraiment ».
En théorie, selon la procédure au sein du FMI, trente jours après l’incident de paiement initial, Mme Lagarde doit formellement informer le conseil d’administration de l’institution, représentant ses 188 Etats-membres, du montant des arriérés et, deux mois après, déposer une « plainte ».
Or, ce signalement au « board » du FMI, outre un signal extrêmement négatif aux marchés financiers et aux épargnants grecs – s’ils n’ont pas bougé avant – aurait des conséquences en chaîne. Le Fonds européen de stabilité financière (FESF), créé en catastrophe, en 2010, pour venir au secours de la Grèce, et qui a prêté en tout environ 131 milliards d’euros au pays, dispose, dans son règlement, d’une clause « de cross default ».
Dès lors que la direction du FMI informe son board du défaut d’un pays, cette information est considérée comme un « default event » par le FESF. Qui a alors trois options. Il peut demander le remboursement immédiat des sommes dues par la Grèce… Evidemment, insensé. Il peut aussi fermer les yeux. Il peut encore constater qu’un défaut de paiement, à son sens, a eu lieu, et se réserver le droit, ultérieurement, d’agir (en choisissant la première option du remboursement, ou celle de fermer les yeux).
La BCE, qui est aussi un des débiteurs d’Athènes, ne disposerait pas d’une telle clause, l’obligeant à prendre position sur un non-paiement de la Grèce au FMI. Mais l’institution de Francfort serait probablement obligée de bouger. Mercredi 17 juin au soir, l’institut de Francfort a décidé une nouvelle fois de relever le plafond de ses financements d’urgence aux banques grecques, la seule source de financement qui reste au gouvernement d’Athènes. « Tant que la solvabilité de ces banques n’est pas en question, il n’est pas question de bouger », explique une source européenne.
« Garder son sang-froid »
Une autre grande question agitait la salle de presse, jeudi, à Luxembourg. S’il devait y avoir introduction d’un contrôle des capitaux en Grèce, pour éviter aux banques hellènes la faillite en cas de panique des épargnants qui se précipiteraient tous aux guichets pour retirer leurs euros, qui en prendrait la décision ? C’est dire le pessimisme ambiant. Réponse : le gouvernement grec, apparemment, sur les conseils du gouverneur de la Banque de Grèce qui, mercredi, a lancé une forte alerte au gouvernement Tsipras, disant que, sans accord avec ses créanciers, le pays allait au « Grexit ».
Il faudrait aussi, selon des sources européennes, qui se sont renseignées sur la question ces derniers jours, qu’un texte soit approuvé au Parlement grec. Certains suggéraient, à Luxembourg, que la commission européenne devait être consultée, mais n’en étaient pas sûrs…
« En fait, on est encore sur des scénarios purement spéculatifs, on ne sait pas comment tout cela pourrait se passer, on n’y a jamais été confrontés », avouaient plusieurs sources européennes, jeudi. Les créanciers sont-ils en train de perdre les pédales ? Le commissaire à l’économie Pierre Moscovici l’a répété, en entrant à l’Eurogroupe, jeudi, pour trouver un accord, « il faut que chacun garde son sang-froid »…