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Krach des Bourses chinoises

Chine économie international

Lien publiée le 8 juillet 2015

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

(Le Monde) La place de Shanghaï a clôturé en baisse de 5,9 %, et la moitié des valeurs n'ont pas été cotées

Les autorités chinoises ont annoncé, mercredi 8  juillet, en urgence, une batterie de nouvelles initiatives pour tenter de stopper l'hémorragie à la Bourse chinoise, qui a commencé la séance de mercredi en forte baisse, de plus de 8  %, avant de clôturer sur une chute de 5,9  %. Si les très fortes variations en cours de séance sont habituelles depuis le dévissage des indices à Shanghaï et Shenzhen le 12  juin, l'instabilité persistante des deux marchés de capitaux chinois menace désormais les bourses régionales, comme Hongkong.

Près de 600 sociétés avaient hier déposé une demande de suspension de leur cotation aujourd'hui – au prétexte de "  projets en préparation  "  –, espérant échapper au désastre. Mercredi, elles étaient finalement 1  429 à le faire, à Shanghaï et Shenzhen, soit 51  % de tous les titres cotés. Ce gel, qui équivaut à 2  200  milliards de dollars (environ 1  998  milliards d'euros) de capitalisation, dépasse tout ce qu'ont connu les marchés boursiers dans l'histoire.

Cela a poussé les actionnaires à liquider les actions qui continuaient de s'échanger, de crainte qu'elles soient suspendues à leur tour – ou parce qu'ils doivent faire face à des obligations de paiement sur des opérations préalables. Ce matin, Deng Ge, le porte-parole des autorités de régulation boursière, la China Securities Regulatory Commission, n'a pas mâché ses mots  : "  Les marchés boursiers sont désormais en proie à la panique totale et le montant des - opérations de - liquidations irrationnelles s'est accru. Ceci a conduit à de très fortes liquidités sur les marchés  ", a-t-il déclaré. M.  Deng a expliqué que le défi était désormais de stabiliser les cours des grandes entreprises et d'accroître les achats de titres de PME.

Des mesures aux effets mitigés

Ces déclarations font suite à une série d'actions de la part des autorités de régulation aux effets pour le moins mitigés  : la banque centrale chinoise a d'abord réduit une nouvelle fois son taux directeur il y a une semaine et demi. Puis les introductions en Bourse ont été gelées – après avoir été encouragées dans un premier temps dans l'espoir de calmer la flambée du marché chinois. Samedi dernier, 21 sociétés de courtage ont été invitées à créer un pool de 120  milliards de yuans (environ 17  milliards d'euros) destiné à soutenir le cours des grosses sociétés publiques cotées sur le marché.

Le krach en cours s'est propagé par l'intermédiaire des petites capitalisations, des sociétés privées dont les cours avaient, pour certaines, atteint des niveaux astronomiques, sans lien avec leur valeur réelle. Le principal indice de la Bourse de Shanghaï avait affiché, jusqu'au pic du 12  juin, une hausse de 150  % depuis juillet dernier – pour se retrouver désormais à environ moins 30  %.

Autre mesure, les sociétés d'assurance chinoises ont été autorisées à investir davantage dans les marchés : jusqu'à 10  % de leurs actifs dans une seule valeur contre 5  % auparavant. Les marchés boursiers chinois se caractérisent par le faible poids relatif des investisseurs institutionnels  : ils sont dominés par des petits porteurs, au nombre d'environ 100  millions. Ceux-ci y investissent leurs économies et ont été autorisés depuis l'an dernier à se livrer à des opérations sur marge, c'est-à-dire à emprunter. Or, leurs comportements, parfois compulsifs, ont conduit à de très gros volumes de transactions ces derniers mois.

L'organisme de tutelle des marchés, la China Securities Finance Corporation, s'est vu assurer de plus amples liquidités par la banque centrale ce matin et s'est engagée à soutenir les courtiers. La Bourse, en décollant en  2014, a capté une partie des liquidités qui avaient gonflé le marché de l'immobilier, que les autorités ont contrôlé pour éviter une bulle. Si la Chine a connu plusieurs mini-krach boursiers dans les années 2000 –  dernièrement en  2007  –, les petits porteurs chinois sont restés convaincus qu'un gouvernement paternaliste et bienveillant, dont chacun est persuadé qu'il contrôle les marchés, interviendra en dernière instance pour éviter un carnage  : "  Le parti n'a aucun intérêt à ce que la Bourse s'effondre  " est un commentaire que l'on entend régulièrement dans les officines de courtage, où se pressent souvent des retraités désœuvrés. Nombre d'investisseurs plus jeunes et instruits interviennent, eux, en masse sur les marchés via des plates-formes en ligne. Ce revers boursier a pris par surprise un gouvernement chinois dont la maîtrise sur les rouages de l'économie est souvent surestimée. Il risque d'obérer le pouvoir d'achat de millions de petits porteurs et pourrait exposer le Parti communiste à l'ire de beaucoup d'entre eux  : à force de faire croire à sa toute-puissance, celui-ci pourrait bien avoir à payer les pots cassés en termes de crédibilité.

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(France Info) Mercredi noir sur les marchés asiatiques, on a l’impression que le spectre de la crise financière hante à nouveau les places boursières. Pourquoi y a-t-il tant de nervosité ?

 Alors qu’en Europe, nous étions obnubilés par cette crise grecque qui n’en finit plus, on découvre qu’il souffle comme un vent de panique sur les marchés asiatiques. Toutes les bourses ont dévissé à l’ouverture des marchés, dans la nuit de mardi à mercredi : -4% à Hong-Kong, -4% à Shanghai, -2% à Tokyo. 1.300 compagnies ont même suspendu leurs cotations, près de la moitié de la cote à Shanghai. Cette extrême nervosité a en fait commencé il y a quelques semaines : la bourse de Shanghai a ainsi perdu le quart de sa valeur depuis la mi-juin. Ca commence à ressembler à un krach.
Et ce qui inquiète plus encore, c’est que cette baisse continue en dépit d’une réplique au bazooka du gouvernement chinois, qui a décrété une suspension des introductions en bourse, multiplié les baisses de taux en quelques jours et mène une politique "ultra-commandante", comme disent les banquiers : la banque centrale chinoise injecte massivement de l’argent pour tenter de sauver les marchés d’action de Shanghai. La Chine a même mis en place un fonds souverain de stabilisation boursière, c’est dire si la menace de l’explosion d’une bulle est prise au sérieux. Il faut rappeler qu’on nage en plein irrationnel : la bourse de Shanghai avait progressé de 150% en un an.

Sur le fond, d’où vient ce vent de panique ?

Il vient des déséquilibres profonds et structurels de l’économie chinoise. La deuxième économie mondiale a carburé à folle allure pendant de longues années avec un taux de croissance autour de 10%, mais cette phase de fou rattrapage est terminée. Le grand tournant s’est effectué en 2012, et depuis la Chine tourne autour de 7% de croissance, elle ralentit donc brutalement et surtout, elle change de modèle de développement, désormais plus axé sur la consommation. Elle ne veut plus être seulement l’atelier du monde, mais s’affirmer comme le grand marché du monde. Cette ambition ne s’accomplira pas en un jour, ni sans soubresaut.
Les marchés anticipent un ralentissement plus fort qu’annoncé. Sous la pression de la hausse des salaires, la compétitivité s’est déjà dégradée. Certains secteurs se retournent clairement, comme la construction qui avait dopé l’activité pendant des années au point qu’une gigantesque bulle financière s’était développée, alimentée par une dette colossale avec des prêts très risqués. Cela ressemble un peu aux subprimes américains.

Ces déséquilibres en Chine peuvent-ils avoir un impact sur la croissance mondiale ?

Certainement, d’ailleurs c’est déjà fait. La contribution de la Chine au commerce mondial a déjà diminué, et comme la demande est moins forte, les marchés de matières premières, très dépendants de l’appétit chinois décrochent également.
Est-ce-que tout ça peut déboucher sur une nouvelle crise financière mondiale ? La plupart des experts, bien qu’inquiets du niveau de la dette chinoise, s’accordent à penser que cet immense pays a encore assez de ressources pour piloter le ralentissement de son économie. Cependant, ça peut, ça va même tanguer sérieusement.